Communiqué du MTLD paru dans L’Algérie libre, le 3 octobre 1953.
Mme MESSALI est décédée vendredi 2 octobre, à 11 heures à la clinique des Glycines. Dans le coma depuis le 24 septembre, et malgré les soins prodigués par les médecins, elle n’a pu reprendre connaissance. Elle a rendu le dernier soupir entre les bras de ses deux enfants.
Mme Messali, atteinte d’une hémiplégie à laquelle la déportation de son époux n’a pas peu contribué, a durant toute son existence, mené le même combat que celui de Messali Hadj. En même temps qu’elle fut une épouse et une mère modèle, elle a beaucoup donné d’elle-même à la cause algérienne.
Mme Messali a disparu sans avoir eu l’ultime bonheur de revoir une dernière fois le visage du compagnon de toute une vie. Le gouvernement française a en effet refusé à Messali Hadj l’autorisation de venir en Algérie rendre visite à sa femme mourante. Le gouvernement Laniel et son ministre de l’Intérieur Martinaud–Déplat ont voulu faire signer à Messali Hadj une déclaration selon laquelle son retour provisoire ne serait pas « exploité à des fins politiques ». Dignement et conformément aux traditions des grands libérateurs algériens, Messali Hadj a refusé d’apposer sa signature au bas d’une déclaration fabriquée par les services du ministère de l’Intérieur.
Saisissant ce prétexte, le ministère de l’Intérieur, après avoir simulé un accord de principe de notre Président, l’a retiré purement et simplement.
Le MTLD élève une solennelle protestation contre les prétentions du gouvernement français. Il prend une fois de plus acte de l’inhumanité en même temps que de la mesquinerie des hommes à courte vue qui déclarent malgré la volonté de tout un peuple régir les destinées de l’Algérie.
Madame Messali n’est plus. Messali Hadj, déporté arbitrairement à Niort, n’a pu saisir son dernier soupir.
Le MTLD s’incline pieusement devant la mémoire de celle qui a mené toute une vie au service de l’Algérie, morte, privée du réconfort moral de la présence de Messali Hadj, mais entourée de la chaude sympathie du peuple algérien.
Que le peuple algérien tire les enseignements de cette douloureuse disparition. Qu’il continue le bon combat pour le retour de Messali Hadj et la réalisation de ses aspirations nationales.
Le MTLD