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La République des soviets proclamée en Hongrie : proclamation du Parti socialiste

Appel paru dans L’Humanité, seizième année, n° 5454, 24 mars 1919, p. 3

Discours de Bela Kun en 1919 (source)

Bâle, 22 mars. — On mande de Budapest :

Le parti socialiste hongrois et le Conseil d’État révolutionnaire publient un appel à toute la population, ainsi conçu :

Le prolétariat de Hongrie a pris aujourd’hui en main tout le pouvoir. La classe ouvrière n’est pas disposée à se courber plus longtemps devant vous autres, grands capitalistes et grands propriétaires fonciers. Le pays ne peut être sauvé de l’anarchie et de l’effondrement que par l’institution du socialisme et du communisme.

En ce qui concerne la politique extérieure, la révolution hongroise est menacée d’une catastrophe complète. Par suite de la décision de la Conférence de Paris d’occuper militairement presque tout le territoire de la Hongrie, l’approvisionnement de la Hongrie révolutionnaire est complètement impossible. Dans cette situation, il ne restait au gouvernement hongrois d’autre moyens que la dictature du prolétariat.

La condition primordiale et définitive pour cela, réside dans une union absolue du prolétariat. Tout travailleur, homme ou femme, sera accepté dans le parti socialiste hongrois. Par ordre de ce parti, un conseil d’État révolutionnaire prend le pouvoir. Les pouvoirs législatif exécutif et judiciaire sont exercés par la dictature des conseils des ouvriers, paysans et soldats.

Le conseil d’État révolutionnaire commencera immédiatement l’œuvre de réalisation du socialisme et du communisme. La socialisation codifiée de la propriété foncière, des mines, exploitations industrielles, banques et entreprises de transports, ainsi que la réforme foncière, seront réalisées par la vie des syndicats de production socialistes.

Le conseil d’État organisera la puissante armée prolétarienne qui fera valoir la dictature de la classe ouvrière et paysanne vis-à-vis des capitalistes et propriétaires fonciers hongrois, ainsi que contre les boyards roumains et les bourgeois tchèques.

La proclamation affirme ensuite une solidarité complète avec le gouvernement russe des soviets et offre aux prolétaires russes de conclure une alliance armée.

Elle invite les ouvriers et paysans de Bohème, de Roumanie, de Serbie et de Croatie à conclure une alliance armée contre les boyards, les grands propriétaires fonciers et les dynasties.

Elle demande aux travailleurs de l’Autriche allemande et de l’Allemagne de suivre l’exemple du prolétariat de Hongrie ; de rompre définitivement avec Paris, de s’allier avec Moscou, de constituer une République des Conseils et de résister les armes à la main aux conquérants impérialistes.

Le Parti socialiste hongrois et le Conseil d’État révolutionnaire ont conscience, dit la proclamation, des difficultés et des sacrifices rencontreront en poursuivant dans cette voie, mais ils doivent faire la guerre pour la libération des produits alimentaires et des mines. Ils doivent combattre pour la liberté des prolétaires hongrois et pour leur existence. Ce n’est que par ce moyen que nous obtiendrons la victoire du socialisme. Nous invitons chaque ouvrier et chaque paysan à travailler et à produire ou à entrer dans l’armée prolétarienne et à se sacrifier pour le triomphe de l’idée. — (Havas).

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