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Israël : Objection à l’armée du capital

Article paru dans Front libertaire des luttes de classes, n° 15, mars 1972, p. 8

Manifestation en soutien aux objecteurs

En août 1971, pour la première fois en Israël depuis la création de l’Etat, quatre jeunes Israéliens déclarent publiquement leur refus de s’engager dans l’armée. C’est ainsi qu’ils envoient une lettre au ministre de la défense, M. Dayan, dans laquelle ils déclarent notamment :

« Nous refusons de servir dans une armée d’occupation. Nous ne sommes pas nés pour devenir des oppresseurs. Nous refusons d’infliger à d’autres gens ce qui a été infligé à nos parents et grands-parents. Nous sommes conscients du fait que les mass-media en Israël sont sous le contrôle du gouvernement et que nous ne sommes que quatre qui refusons de recevoir les ordres d’un gouvernement qui, pour nous, ne représente rien. »

Les signataires :

REOWEN LASSMAN
DOV GUL
GIORA NEUMANN
IRIT YAAIDR (miss)

Cette lettre avait provoqué, dans la presse et le public, de nombreuses réactions, toutes négatives, à l’exception du groupe Matzpen (regroupant des trotskistes et des libertaires ; les deux parties ont scissionné dernièrement), dont deux des signataires sont membres. Ainsi, à titre d’exemple, le journal « Hadam Haze », d’Uri Aimery, représentant la seule opposition libérale au régime, à l’instar des autres journaux, les décrète comme des « peureux » et des « traîtres » et que le père de Dov Gul se sent gêné de traverser la rue, aujourd’hui, à cause des voisins, et qu’il considère cet acte comme une calamité plus grande que si son fils était mort. Il faut faire remarquer que la presse, dans sa totalité, a refusé de s’attacher à la signification politique de l’acte et s’est cantonné dans le domaine du dénigrement.

Depuis, les événements se sont succédé : Dov Gul, après de fortes pressions, fut incorporé dans l’armée, dans un unité non combattante.

Réowen Lassman fut arrêté secrètement le 5 septembre 1971 et, après un procès militaire, condamné à 35 jours de prison qu’il purgea. Puis, après cela, dans un état physique et psychique lamentable, il fut incorporé.

Giora Neumann, quant à lui, en est à sa deuxième peine de 35 jours, c’est-à-dire qu’il a déjà purgé 70 jours de prison, et il doit être jugé dans les deux jours à venir à l’expiration de cette date.

Il a déclaré qu’il continuerait sa lutte jusqu’à ce qu’on le juge sur des bases politiques et qu’on le libère de l’armée.

Irit Yaaidr, quant à elle, elle a été arrêtée, il y a deux semaines et condamnée à 15 jours de prison.

Depuis quelques mois déjà le groupe Matzpen – et lui seul – a soutenu leur action par des distributions de tracts, un meeting à l’Université de Tel Aviv, qui ne comptait que quelques participants, et trois manifestations, dont la dernière en date il y a vingt jours, devant la prison militaire où est emprisonné Giora Neumann avec des slogans tels que :

« LIBEREZ GIORA »
« A BAS LA REPRESSION »
« CELUI QUI REFUSE D’OPPRIMER
NE SERA PAS OPPRESSE »

Cette action a, malgré sa faible emprise sur les masses, donné des résultats indéniables.

Tout d’abord cela a permis d’apprendre qu’il existait dans les prisons militaires israéliennes des gens emprisonnés qui refusaient de servir l’armée, et dont les cas n’étaient pas connus du public.

De plus, cela a permis de poser, parmi la jeunesse israélienne, la question du rôle de l’armée comme instrument d’oppression au service du régime envers les Arabes et la classe ouvrière israélienne.

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