Article paru dans Alger républicain, 13 août 1946.
Il ne faut pas confondre le prolétariat français avec l’impérialisme français et les féodaux de chez nous
a déclaré le président du PPA.
PARIS (de notre correspondant particulier). – Dimanche à quatorze heures a eu lieu à Paris une manifestation en l’honneur de Messali, président du PPA, retour de déportation en Afrique équatoriale.
Les deux auditoires de la salle Wagram sont pleins à craquer. La foule s’écrase jusque dans la rue. On estime que la presque totalité des Algériens de Paris sont présents. La banderole centrale porte ces mots : « Honneur à Messali ! Pour une Constituante souveraine » Sur d’autres on lit : « A bas le racisme », « Pour une véritable démocratie en Algérie », etc.
Successivement M. Maiza au nom de la fédération parisienne du PPA ; Debabèche au nom du parti communiste algérien ; Benlara, pour les étudiants nord-africains de Paris, et divers autres orateurs, dont deux femmes musulmanes, Mme Chema et Melle Habiba, apportent à Messali le témoignage de leur sympathie. Un Marocain, un Tunisien, ainsi qu’un Vietnamien prennent aussi la parole, puis Messali se lève, salué par des chants et frénétiquement applaudi. Le président du PPA parle en arabe puis en français.
Il affirme que jusqu’à présent, il ne semble pas qu’il y ait eu le moindre changement dans l’esprit du colonialisme. Il fait part de sa volonté de voir un jour une Afrique du Nord libre et indépendante. Il dit que le jour de sa libération a été une joie pour ses camarades de parti et pour les Musulmans, mais aussi pour beaucoup de Français qui, aux heures sombres, ont été solidaires du peuple algérien. Avec beaucoup d’émotion, Messali dit qu’il a revu le matin même sa petite mansarde de Belleville où il habita longtemps. « Il ne faut pas confondre le peuple parisien et le prolétariat français avec l’impérialisme français et les féodaux de chez nous ! » Puis il ajoute :
« J’espère dans quelques temps aller en Algérie pour voir le parti, dont le siège est là-bas, ainsi que mes enfants et ma compagne, car je n’ai pas demandé à venir à Paris. Je me considère comme un homme libre et quand j’aurai terminé ma tâche ici, j’irai en Algérie! »
Messali lance en terminant un appel à l’union autour du PPA et à la conjugaison avec toutes les forces aujourd’hui éparpillées, pour faire un bloc compact contre l’impérialisme.