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La femme algérienne sur le front du travail

Article de Yamina B., paru dans La Voix du travailleur algérien, avril 1958.

 

 

Bien des opinions, qui parfois diffèrent beaucoup les unes des autres, sont émises par les Algériens à propos du rôle de la femme algérienne au foyer, à l’usine, dans la cité. Des controverses s’établissent : les uns sont attachés au passé traditionnel, les autres imaginent l’avenir. Quel contenu à donner à ces mots qui désormais résonnent à toutes les oreilles : « EMANCIPATION DE LA FEMME ALGERIENNE » ?…

Nous nous bornerons aujourd’hui à rapporter quelques faits, quelques réalités vécues par des femmes algériennes militantes de l’U.S.T.A. ou femmes de militants. Ce sont des travailleuses du Nord de la France qui parlent.

_Celle-ci travaillait à la mine depuis un an, puis dans le peignage :

« Le travail était difficile et dangereux, dit-elle ; plus d’une fois, j’ai eu les doigts eraflés par les machines : j’ai dû faire beaucoup d’efforts pour parvenir à manoeuvrer les machines.

« Je travaillais 10 heures par jour pour ne toucher que 6.000 fr. par semaine, pas même 1.000 fr. par jour. Plus d’une fois aussi j’avais songé à cesser le travail, mais c’était une nécessité absolue pour moi de gagner ma vie.

« Malgré toutes les difficultés, malgré que, bien souvent, j’étais l’objet de moqueries parce que je ne sais pas parler français, j’avais continué. Malheureusement, au début du mois de février, j’ai reçu un avis de la direction qui me congédiait sous le prétexte que l’usine fermait ses portes. Lorsque j’ai demandé des explications, on m’a répondu ceci : « L’usine ne ferme pas ses portes, mais nous ne travaillons plus la laine, mais la soie, et il nous faut des ouvrières spécialisées ». Un camarade algérien qui travaillait là depuis 30 ans a été lui aussi licencié ; j’ai cherché sans succès une autre place, et maintenant j’attends une autorisation pour retourner en Algérie ».

_Et voici un autre témoignage :

« Je suis bobineuse chez K… Je suis obligée de travailler pour aider mon mari dont le maigre salaire ne suffit pas pour élever convenablement nos enfants ; ils vont tous en classe et ainsi je peux travailler.

« Le travail que je fais est très difficile, mais il ne faut aucune formation spéciale, car c’est l’usine qui forme ses ouvrières. Je gagne 8.000 fr par semaine ; je ne m’en plains pas, mais toujours, et c’est l’avis des camarades algériens, nous devons soutenir la classe ouvrière dans les luttes pour toutes ses revendications ».

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