Article paru dans Travailleurs immigrés en lutte, organe de l’Organisation communiste révolutionnaire internationaliste d’Algérie, n° 62, février-mars 1985.
Depuis que les travailleurs luttent contre l’oppression capitaliste, il s’est toujours trouvé des courants politiques, des théoriciens pour tenter d’une manière plus ou moins déguisée de les décourager, de les désarmer, de cantonner leur combat dans le cadre du système.
A l’époque, Marx et Engels s’étaient opposés, entre autres, à Bakounine et aux anarchistes ; Lénine et la gauche de la Ilème Internationale à Bernstein et à Kaustky, etc. L’histoire du mouvement ouvrier est en partie l’histoire du combat qu’ont mené les communistes révolutionnaires contre les courants, les théoriciens, les idéologies qui sont franchement, ou de façon déguisée, contre-révolutionnaires.
Au nombre de ces idéologies réactionnaires, il en est qui prétendent que la classe ouvrière, de nos jours, n’est plus révolutionnaire, car elle serait achetée par les bourgeoisies capitalistes : elle aurait ainsi tendance à s’enrichir, donc à s’embourgeoiser, donc à disparaître en tant que classe ouvrière. Ce processus en outre se ferait, sur le dos et aux dépens des masses laborieuses les pays du « Tiers-monde », qui paieraient de leur sueur le prix de cette « émancipation ». Nous opposons ici les arguments de l’analyse marxiste à ces contre-vérités.
EST-IL VRAI QUE LA CLASSE OUVRIERE DES PAYS IMPERIALISTES AIT TENDANCE A S’ENRICHIR ?
L’idée serait que les travailleurs des pays impérialistes occidentaux n’ont plus : « rien à perdre, que leurs chaînes », comme disait Marx, mais au contraire bénéficient de la richesse globale de ces sociétés capitalistes. Ils auraient en fait tout à attendre du capitalisme, qui en se développant, distribuerait inéluctablement une part de ses surprofits aux plus défavorisés. Les ouvriers deviendraient en fait de nouveaux petits-bourgeois. Inutile de dire que si ce processus était possible pour les sociétés « avancées », on ne voit pas pourquoi il ne le serait pas non plus – à plus long terme, peut-être – pour les pays capitalistes du « Tiers-Monde » , le capitalisme renfermant sa propre tendance à réduire à zéro les inégalités (mais nous verrons ce point de vue plus loin).
La conséquence de cette idée, pour laquelle le monde s’achemine tranquillement vers des lendemains idylliques, est que les travailleurs auraient tort de vouloir détruire ce système et d’être révolutionnaires, alors qu’avec des réformes appropriées (plus d’égalité, des salaires meilleurs, etc.), on pourrait progressivement obliger les bourgeois à mieux répartir leurs biens.
Pour répondre à cette idée, il suffit de partir de cette constatation : il est manifeste que les ouvriers vivent mieux aujourd’hui qu’au début du capitalisme sauvage où les enfants commençaient à travailleur à six ans, où les travailleurs mouraient comme des mouches, travaillaient plus de seize heures par jour, n’avaient pas de vacances, etc.
Mais ce phénomène est principalement dû aux luttes qu’ils ont menées pour défendre leurs conditions de vie depuis maintenant deux siècles. La journée de 8h, les congés payés, la sécurité sociale, la médecine, les salaires plus décents sont des acquis des classes ouvrières occidentales chèrement conquis au prix de leur sang.
On peut aussi admettre que les démocraties bourgeoises ont cédé du terrain aux ouvriers, dans ce sens plus facilement que ne le ferait aujourd’hui une dictature capitaliste d’un pays « sous-développé » – qui ne peut se permettre le « luxe » d’acheter de larges couches-tampons réformistes (bureaucraties syndicales, etc.), ni de céder aux masses des miettes, même dérisoires. Cette deuxième raison vient surtout de la grande productivité du travail des classes ouvrières des pays « avancés » pour sauvegarder cette productivité, les bourgeoisies de ces pays ont intérêt à savoir lâcher du lest pour maintenir la paix sociale.
– Pourtant, nous ne pensons pas que les travailleurs aient tendance à « s’enrichir » sous la société capitaliste, même s’ils ont su se tailler un sort plus enviable qu’au début du capitalisme. Nous pensons même qu’ils ont tendance à s’appauvrir. Nous voulons parler de paupérisation relative :
a) Ainsi tout d’abord, la part qui revient aux ouvriers, comparée à la production totale des richesses de la société, est toujours plus faible (cette production de richesses étant toujours plus grande). D’une façon générale, les ouvriers n’ont que ce qu’il leur faut pour vivre – quand ils arrivent même à avoir le nécessaire, ce qui est loin d’être le cas de tous, alors que les bourgeois, eux, amassent de colossales fortunes, et que la société capitaliste elle-même est capable potentiellement de créer des richesses toujours plus grandes (qui pourraient permettre par exemple de faire vivre décemment les centaines de millions d’hommes qui crèvent de faim dans le monde).
b) Par ailleurs, il faut beaucoup de santé pour soutenir qu’un travailleur est riche parce qu’il a pu par exemple s’acheter une machine à laver ou une voiture. Comment peut-on en effet honnêtement à dire, que les ouvriers s’embourgeoisent quand on voit les cités-bidonvilles dans lesquelles ils s’entassent, le SMIG à 4100 Fr avec lequel il faut faire vivre une famille, etc. Quand bien même un ouvrier, après des années d’économies et de sacrifices, peut s’acheter une auto, en cas de grève, c’est la première chose qu’il revend (voir les mineurs anglais en lutte depuis onze mois).
D’autre part, cette aggravation avec la crise des conditions de vie des travailleurs des sociétés impérialistes va de pair avec la mise à la rue en dessous du « seuil absolu de pauvreté » de millions d’individus qui auparavant arrivaient à survivre. Le chômage massif qui se développe actuellement en est responsable, ainsi que la politique des gouvernements, et cela ne peut aller qu’en s’ aggravant… jusqu ‘à la prochaine guerre. Le Monde Diplomatique de fin 1984 montrait que le prétendu « boom » économique (qui en fait n’en est pas un) s’était soldé par le plus grand nombre de « pauvres absolus » jamais atteint depuis des dizaines d’années. Sans parler du corollaire au niveau mondial, qui est l’augmentation progressive des famines et de la misère pour les masses laborieuses des pays « sous-développés ».
Il faudrait être d’un optimiste béat ou se boucher sciemment les yeux pour ne pas comprendre que cette tendance à l’appauvrissement des classes exploitées de par le monde, sans exception, est bien réelle, … et à combattre !
c) Ensuite, l’idée que les salaires ne peuvent aller qu’en s’accroissant est parfaitement contraire à la nature du capitalisme, … et contraire à l’histoire que nous vivons depuis deux siècles. En effet, la baisse tendancielle du taux de profit (la logique du capitalisme étant qu’il a besoin de toujours plus de profits pour survivre et qu’il a toujours plus de mal à en trouver) pousse les bourgeoisies à rechercher toujours plus de plus-value. Or on le sait, la plus-value est cette part de travail non-payé extorqué à l’ouvrier en plus de la quantité de travail nécessaire pour reproduire sa force de travail (qui constitue littéralement son salaire).
Les patrons et Etats capitalistes ont donc intérêt à toujours plus exploiter leurs ouvriers, tout au moins dans les limites de la résistance de ceux-ci. On le voit tous les jours dans les usines avec l’augmentation drastique des cadences, les réductions d’effectifs qui donnant plus de travail à ceux qui restent, la baisse relative des salaires (par rapport à la hausse des prix et la baisse du pouvoir d’achat). Pourquoi les capitalistes iraient de bonté d’âme réduire cette part de profits (en payant mieux les ouvriers), alors que leur survie leur en demande toujours plus et qu’ils sont prêts à tout pour s’en procurer (guerres, crises, mises à la rue de millions d’ouvriers, pollutions mortelles pour produire à meilleur prix, etc. ) ? Seule une fiction la plus indéfendable, pourrait prétendre le contraire.
d) Enfin, en dernière analyse, le problème n’est même pas là. Nous ne sommes pas des mesureurs de misère. A cet égard, même les différences d’ « aisance » au sein des classes ouvrières, entre les diverses couches et catégories de travailleurs, ne sont pas significatives pour nous. Nous les retrouvons d’ailleurs partout : dans les classes ouvrières des pays « avancés » comme « sous-développés » . Et c’est d’ailleurs un fait que l’écart entre ces couches est plus grand dans les pays capitalistes « arriérés » qu’en Occident, dans les métropoles impérialistes. Nous ne sommes pas misérabilistes et nous ne pensons pas qu’ au-dessous de 4000 Fr/mois il faille lutter, et qu’au-dessus de 5000 Fr il ne faille rien faire. Le Capital est un rapport social, rapport d’exploitation, qui fait que l’ouvrier, quel que soit son salaire, – de toute façon misérable -, n’a pas d’autre alternative que d’aller vendre toute sa vie sa force de travail. Les deux seuls événements qu’il risque de vivre sinon, c’est soit se retrouver à la rue un jour, en période de crise, soit servir de chair à canon lors d’une prochaine guerre.
C’est ce rapport que nous combattons de toutes nos forces, et à cet égard, les discussions sur le niveau de salaire où un ouvrier doit ou non se sentir à l’aise, sont pour nous scolastiques et dangereuses ! Nous ne pensons pas que la plus ou moins grande misère ait un rapport mécanique avec le degré de conscience révolutionnaire. Les masses ayant un niveau de vie misérable ne sont pas forcément les plus prêtes à lutter (de même à l’inverse, les travailleurs gagnant mieux leur vie que la moyenne, ne sont pas inéluctablement « récupérés » par la société capitaliste). En dernier recours, c’est leur place dans la production, leur sort d’esclaves salariés à vie, qui déterminent les ouvriers à se battre contre le système en place, … et à s’organiser pour le détruire.
EST-IL VRAI QUE LA CLASSE OUVRIERE DES PAYS IMPERIALISTES VIT AUX DEPENS DE CELLE DES PAYS « ARRIERES » ?
L’internationalisme prolétarien serait illusoire car les ouvriers des pays « avancés » recevraient un pourcentage de l’exploitation du « Tiers-Monde » et en bénéficieraient matériellement. Cette thèse induit que la solution à ce problème serait dans un premier temps de mettre un terme à l’ « échange inégal », et d’établir de puissants capitalismes d’Etat locaux, nationalistes, qui se serviraient du contrôle qu’ils ont sur le marché pour relever les prix des marchandises et des salaires. Le sort des ouvriers du « Tiers-Monde » irait donc à l’encontre de celui des ouvriers des pays impérialistes.
Ce réformisme malheureusement ne résout pas la véritable cause de la misère du Tiers-Monde : les concentrations massives de richesses entre les mains de la classe capitaliste sur le plan international. A l’époque de la formidable imbrication des marchés mondiaux, il n’y a pas d’avenir séparé – pour aucun pays capitaliste. A fortiori pour une classe ouvrière locale.
D’abord il faudrait ne pas voir que les bourgeoisies « sous-développées » sont prêtes, pour s’enrichir, à l’accumulation du capital la plus féroce et donc à l’oppression la plus grande de leur classe ouvrière. (ex. : la Chine du Grand Bond en Avant, la Russie de Staline, etc.). Penser que ces bourgeoisies seront solidaires de leurs ouvriers – contre les ouvriers des pays capitalistes plus avancés, est particulièrement funeste. Tous les jours nous montrent que quand leurs intérêts sont menacés, les bourgeoisies se serrent momentanément les coudes (ex : les expulsions organisées par les Etats français et algérien). Et que les bourgeois d’Algérie, par exemple, sont prêts à tout pour faire se serrer davantage la ceinture aux ouvriers (cf. TIL depuis bientôt dix ans), – pour pouvoir rivaliser avec leurs confrères occidentaux. Ce serait faire preuve d’un nationalisme bourgeois à tout crin que ne pas voir cela.
Ensuite, cette théorie est fausse parce qu’il n’est pas vrai que les ouvriers occidentaux soient moins exploités que les ouvriers du « Tiers-Monde », – c’est même exactement le contraire. Ils sont plus exploités car la productivité de leur travail est plus grande (cadences plus fortes, etc.). Ils créent donc plus de plus-value. Ils ne sont donc pas considérablement privilégiés par rapport aux ouvriers des pays « arriérés ». Il est vrai, maintenant, que comparativement leur niveau de vie est relativement meilleur. Mais nous avons vu aussi qu’il était principalement dû à leurs luttes, plus qu’à tout autre chose, et qu’en plus ces différences-là, au sein d’une même classe ouvrière comme entre celles de différents pays, ne changeaient rien à leurs intérêts de classe. De même que les travailleurs plus qualifiés et mieux rétribues des pays « arriérés » n’ont pas moins objectivement les mêmes intérêts que les travailleurs du même pays moins payés.
Ce qui nous intéresse, nous révolutionnaires, c’est de mettre en avant les revendications susceptibles de regrouper le plus grand nombre possible d’ouvriers et de défendre leurs intérêts communs. Or ces intérêts sont et ne peuvent être qu’internationalistes !
EST-IL VRAI QUE LA CLASSE OUVRIERE DES PAYS IMPÉRIALISTES AIT TENDANCE A DISPARAITRE ?
Avec le développement des technologies, du machinisme, la classe ouvrière aurait tendance à disparaître. Les travailleurs, les producteurs ne seraient plus nécessaires à l’époque de l’automation (de la robotisation). Tout ou partie des tâches pénibles, aliénantes, seraient en voie d’être prises en charge par des robots… On aboutirait bientôt dans les pays développés économiquement au remplacement de la classe ouvrière par d’autres catégories sociales, des « couches moyennes » en plein essor ! Une des conséquences de cet état de fait serait l’inutilité de la lutte des classes dans les pays impérialistes, le déclin de la classe ouvrière rendant inutile toute perspective prolétarienne révolutionnaire.
Si ce point de vue était valide, il faudrait alors croire que le profit n’est plus le moteur de la société, ou qu’il ne provient pas de l’exploitation des travailleurs. Il faudrait admettre aussi que le mode de production capitaliste a pu procéder à son propre dépassement en évoluant en douceur ; en d’autres termes, il faudrait admettre que le mode de production capitaliste est un mode de production unique dans l’histoire de l’humanité, le seul qui sur la base d’une dynamique interne aurait réussi à résoudre naturellement ses propres contradictions. Pourquoi, comment en serait-on arrivé là ? A cela, nulle réponse. Il n’est par contre pas difficile de voir qui a intérêt à considérer que le capitalisme est un mode de production qui échapperait aux lois communes de l’histoire : ceux qui sont les tenants du système !
A priori, on pourrait penser qu’il existe un moyen simple de savoir incontestablement si le nombre des ouvriers s’accroît ou non, dans quelles proportions, à quel rythme, à quelles époques. Mais les chiffres à ce propos sont quasiment introuvables, ou alors sujets à caution. Pour les organismes de recensent bourgeois, la définition de la catégorie ouvrier semble des plus difficiles à définir. On parle de salariés en général. De plus, pour montrer que le prolétariat est en voie de disparition dans les pays avancés (à l’échelle mondiale même), les statistiques sont manipulées. On prend quelques exemples isolés, par exemple le cas de la stagnation de la proportion de salariés employés dans le secteur industriel en Grande-Bretagne de 1930 à 1960, pour la généraliser de façon abusive. Si en Grande-Bretagne, la situation est ainsi, donc… Ou encore le nombre d’ouvriers a diminué entre 1970 et I984 en Europe : donc la classe ouvrière est en voie de disparition ; on oubliera de parler de la crise, du développement du chômage et le tour est joué.
Autre procédé de manipulation : l’utilisation exclusive de pourcentages, sans
explication, sans lier les chiffres à l’ensemble de la situation sociale. C’est ainsi par exemple que le pourcentage de travailleurs dans la population entre 1910 et 1920 est de 55 % ; il chutera dans la période qui va de 1920 à 1930. Cette chute du pourcentage ne correspond pas du tout à une diminution du nombre de travailleurs, puisque ce nombre est de 21 millions (cf S. Rubak « La classe ouvrière en expansion permanente »). Par contre elle s’explique par une poussée de natalité qui augmente la population française d’un million et demi de nouvelles personnes.
Au niveau mondial, il est relativement aisé de citer des chiffres significatifs quant à l’expansion de la classe ouvrière, par contre. Le pourcentage des salariés du secteur industriel par rapport à la population active mondiale est en progression sur une période suffisamment longue pour être probante : 17,4 % en 1950 ; 19,4 % en 1960 ; 23 % en 1970 (Annuaire BIT I968/70).
Dans les pays économiquement avancés comme la France, l’Italie, le Japon, et les Etats-Unis, le nombre d’ouvriers a connu un pourcentage de progression dans la période allant de 1930 à 1965 respectivement de 34 %, 60 %, 210 %, et 71 % ! Ce pourcentage de progression sur 35 ans du nombre d’ouvriers comparé à l’évolution de la population active, montre que le prolétariat a crû par rapport aux autres classes sociales, par rapport même à l’ensemble de la population. Entre 1965 et 1985, le nombre d’ouvriers a certainement diminué à l’échelle mondiale. Mais les causes (crise conjoncturelle, chômage) en sont connues. Si l’on se réfère comme on vient de le faire aux chiffres, on peut voir que la tendance à l’échelle mondiale (comme dans les pays capitalistes avancés) lors du 20ème siècle (1900 à nos jours) est à l’augmentation du nombre de travailleurs dans l’absolu, comme par rapport à la population active. Toutefois, cette tendance ne s’exprime pas d’une manière linéaire. Des reflux conjoncturels peuvent avoir lieu (guerres, crises, etc.) et se manifestent de façon inégale en fonction des situations locales, – mais ne contredisent pas la tendance.
De toute façon, il apparaît que le développement du capitalisme s’accompagne nécessairement du développement du prolétariat. Cela n’a rien d’étonnant quand en sait que la source de l’accumulation capitaliste provient de l’exploitation des travailleurs.
Quand le capital est on crise, le nombre d’ouvriers diminue (chômage, qui représente un groupe de travailleurs potentiels). Certains, pour justifier une prétendue diminution historique (qu’ils confondent d’ailleurs avec la disparition) du prolétariat, invoquent l’automation, le remplacement des hommes par des machines. Or en tous temps, de nouvelles machines ont été inventées et introduites dans le procès de production. A chaque fois, le nombre de travailleurs s’est accru. La classe ouvrière s’est formée par et avec le machinisme. Dans le cas de l’automation, le travail humain pourrait être réduit ou supprimé totalement dans les entreprises où elle serait introduite. Mais elle donnerait du travail aux industries où le travail humain est requis : production, reproduction des machines elles-mêmes. Mais est-ce que l’automation est susceptible de se généraliser ?
Sûrement pas dans le régime actuel. Dans une période de crise comme la période actuelle, les capitalistes, pour faire face à leurs rivaux, sont obligés de « moderniser », d’augmenter la productivité dans leurs entreprises. Cette augmentation de la productivité ; ils l’obtiennent en ayant des moyens de production plus performants et surtout en faisant trimer davantage les travailleurs. Rien ne prouve plus l’origine des profits, de la richesse sociale, que la politique des bourgeois. De Reagan à Mitterrand, en passant par Tchernjenko, dans tous les pays les capitalistes mettent en œuvre la même, politique : blocage des salaires, augmentation des cadence, licenciements. Si les ouvriers n’étaient pas la source de la richesse sociale, les bourgeois n’auraient nul besoin de les pressurer encore et encore : ils n’auraient qu’à les remplacer par des robots. Les ouvriers, de par leurs salaires, sont les seuls producteurs de plus-value, donc de profits. Les machines, elles, ne sont pas salariées. Il faudra attendre une société non basée sur le profit pour que les machines puissent un jour relayer les hommes pour les travaux pénibles, et pour que la journée de travail diminue considérablement, – et soit répartie entre tous !
La généralisation de l’ automation n’est donc pas possible dans le système capitaliste parce qu’elle entraînerait la chutes des profits. Le capitaliste ne l’admet et ne Ia développe que dans la mesure où elle permet conjoncturellement d’augmenter les rendements des ouvriers.
Ne nous trompons donc pas : la révolution est toujours – plus que jamais – à l’ordre du jour. Il est toujours plus urgent pour nous de la préparer, avant que le capitalisme ne sombre dans une ultime guerre ou la barbarie.
Par ailleurs, les seuls qui n’ont rien ni jamais à gagner à ce système, ce sont les ouvriers du monde entier, qu’ils soient du Nord ou du Sud, d’Europe ou d’Asie. Et leur sort ne peut aller qu’en s’aggravant ! Ne nous trompons pas non plus d’ennemi : nationalisme et racisme ne sont que les deux mêmes tendances d’une même idéologie qui arrange les bourgeois, qu’ils soient impérialistes ou non : celle qui pousse les ouvriers à se dresser contre leurs frères de classe. Pendant ce temps, nos véritables ennemis tirent de nous leurs profits I
PROLETAIRES DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS !