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A propos des lettres d’Algérie

Textes parus dans Informations Correspondance Ouvrières, n° 26, février 1964, p. 15-16.

 

 

A la suite de la publication de deux lettres de camarades d’Algérie (ICO N° 25 – Janvier 64) nous avons reçu la lettre suivante d’un camarade de France :

« Je ne peux lire sans consternation le passage de la lettre d’Algérie page 14, où l’on dit que le « départ des français est plutôt une catastrophe… et les paysans préféreraient travailler pour des européens que pour des comités de gestion ! « 

« Cette affirmation est purement et simplement contre révolutionnaire et, si vous croyez devoir publier de telles lettres, vous devriez au moins prendre vos distances vis-à-vis des divagations de votre correspondant.

« Vous vous dites pour la gestion des entreprises par les travailleurs et vous admettez qu’on vous écrive en versant des larmes de crocodile sur le départ des bons exploiteurs français et leur remplacement par des comités de gestion.

« Révolutionnaires en France, contre-révolutionnaires en Algérie. Comment comprendre « .

Nous avons adressé cette lettre au camarade d’Algérie pour avoir sa réponse.

 

Au cours de la réunion inter-entreprise :

Discussion sur les comités de gestion en Algérie. Pour certains camarades, ces moyens apparaissent comme des instruments aux mains d’une bureaucratie en formation, exactement comme les Conseils Ouvriers en Yougoslavie. Pour d’autres au contraire, ces comités ont un contenu réel, et d’après les informations de différentes sources, il y a des conflits entre les travailleurs (qui ont une conception bien précise de la désignation, du fonctionnement, et du rôle du comité de gestion) et les dirigeants qui essaient de mettre à la tête de ces comités des hommes de l’appareil politique en se servant des moyens bureaucratiques traditionnels. Différentes questions nous intéressent relativement à ces comités de gestion :

– les ouvriers agricoles ou paysans essaient-ils, ou ont-ils essayé, ont-ils pu, donner un contenu réel d’organe de gestion communautaire.

– quels problèmes cette tentative a soulevé, tant à l’intérieur de cette communauté elle-même, que dans ses rapports avec le reste de la société.

– plus particulièrement se sont résolus les conflits inévitables entre un appareil dirigeant bureaucratique et des organes de gestion communautaire.

C’est une discussion à poursuivre après avoir réuni toute la documentation : ces problèmes sont ceux-là mêmes qui nous préoccupent à l’échelle de toute société agricole ou industrielle… Pour nous, toute tentative de gestion communautaire doit être examinée avec soin, même si elle a rapidement échoué, elle contient de multiples leçons ; toute mystification bureaucratique sur le thème comité de gestion doit être dénoncée. Il ne s’agit ni de trouver un nouveau drapeau, ni de juger de loin « révolutionnaires » ou « contrerévolutionnaires » des faits qui simplement existent mais de chercher à comprendre pourquoi ils existent et comment les soutenir ou les éviter, si jamais ils se présentent à nous.

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