Lettres publiées dans Informations Correspondance Ouvrières, n ° 27, mars 1964, p. 17-21.
ALGERIE :
A la suite des deux lettres publiées dans le N° 25 et d’une brève réponse figurant dans le N° 26, nous avons fait quelque mises au point et reçu d’autres réponses. C’est ce dossier que nous publions intégralement, malgré sa longueur. Si le débat s’élargissait, nous envisagerions une brochure centrée sur les comités de gestion.
Réponse à la lettre d’un camarade de Paris : (lettre citée dans le N° 26)
»Ces deux camarades ont sur nous l’avantage d’être sur place, et d’avoir ainsi connaissance de faits concrets qui, ou ne nous parviennent pas, ou ne nous parviennent qu’à travers la déformation des propagandes, des justifications, de l’idéologie de celui qui les transmet. Nous n’avons pas d’ailleurs la présomption de prétendre échapper (pas plus que nos correspondants) à ces déformations ; nous essayons de les limiter par la confrontation, la discussion critique.
« Tu nous dis lire « avec consternation » le passage incriminé et tu ajoutes qu’il est « contre-révolutionnaire ». Un fait est exact ou inexact, sa constatation ne nous paraît pas devoir être qualifiée de « révolutionnaire » ou de « contre-révolutionnaire ». Si des Algériens pensent ainsi actuellement, et le disent pourquoi le dissimuler? Il vaut mieux tenter de l’expliquer, c’ est ce qu’essayait de faire la lettre en question. Quant à l’exactitude de ces faits, nous n’en sommes pas juges ; nous avons envoyé ta lettre à notre correspondant qui y répondra sur ce point. Toutefois, nous pouvons te dire que nous avons reçu une lettre d’un autre correspondant dans une autre région, qui constate une situation semblable ; tu trouveras cette lettre avec la présente réponse dans le présent numéro d’ICO.
« Ta dernière phrase lapidaire « révolutionnaires en France, contre-révolutionnaires en Algérie. Comment comprendre? » nous surprend. Nous ne sommes pas plus révolutionnaires en France que nous pouvons l’être en Algérie. Cela n’a pas de sens pour nous. Ou bien les travailleurs sont révolutionnaires – et nous le sommes avec eux. Ou bien ils ne sont pas révolutionnaires, et nous ne pouvons l’être pour eux. Par rapport à l’Algérie, cela n’aurait de sens que si nous étions algériens ; nous ne pouvons qu’essayer de comprendre ce qui s’y passe.
« Reste l’essentiel, les comités de gestion. Nous n’avons aucun préjugé ni eu aucune indulgence pour ce que l’on essaie de faire en Algérie sous ce nom. Il y a déjà eu de par le monde tant de mystifications sous l’étiquette « conseils ouvriers » ou « gestion ouvrière » que nous gardons une tête froide et critique en regard de ce qui est en Algérie une construction du pouvoir d’État. Nous ne versons pas de pleurs sur les colons (pas plus que notre correspondant – relis bien toute sa lettre), mais nous ne pavoisons pas non plus parce que l’on sort le mot magique « comités de gestion ». Au contraire, à partir du moment où l’on nous en parle, nous nous posons les questions suivantes :
– ces comités sont-ils une création spontanée des travailleurs ou une création autoritaire du pouvoir d’État?
– leur existence (même venant d’en haut) pose le problème d’une dualité de pouvoir donc d’un conflit ouvert ou latent : ou bien les comités détiennent ou revendiquent une partie du pouvoir social (ou sa totalité sans en être d’ailleurs conscients, à travers des problèmes concrets de gestion) ce qui pose les termes d’un conflit, ou bien les comités sont totalement soumis au pouvoir central et alors de simples organes de gestion bureaucratiques. (nous pensons que la situation actuelle en Algérie ne tient pas dans l’un ou l’autre de ces termes, mais à travers des conflits entre la base et le sommet évolue vers le second terme).
– comment en Algérie s’expriment les revendications des deux classes distinctes : ouvriers d’une part, paysans de l’autre, soit directement soit à travers des organismes officiels (comités de gestion par exemple) revendication dirigée contre une classe dirigeante en formation (bureaucratie ou bourgeoisie). Les détenteurs actuels du pouvoir sont d’ailleurs contraints, pour garder leur place de dirigeants d’être réalistes tant à l’égard de la base (d’où l’aspect « révolutionnaire ») qu’à l’égard de la France qui reste la puissance capitaliste dominante.
Il est possible que les informations fragmentaires que nous pouvons posséder ne nous permettent pas de répondre par des faits précis aux questions que nous pouvons ainsi nous poser. Mais ils nous donnent tout de même le sens d’une réponse ».
Réponse de ce camarade :
« Je réponds brièvement à vos questions :
1) les comités de gestion ont été une création spontanée (cf. article de Rousset, dans le Figaro littéraire au printemps, et dans France-Observateur, fin novembre).
L’État s’est borné à les institutionnaliser par les décrets de mars 1963 (d’inspiration largement libertaire).
2) oui, il y a conflit latent, parfois ouvert entre la bureaucratie et l’autogestion (voir art. de Daniel Guérin dans France-Observateur du 19 décembre. « L’autogestion menacée? » Mais il n’est pas certain que la situation évolue vers la bureaucratisation de l’autogestion (2 victoires de l’autogestion : a) le congrès des fellahs de fin octobre 1963 ; b) l’arbitrage tout récent de Ben Bella en faveur d’une distribution de bénéfices en fin d’exercice aux autogestionnaires (contre les vœux de la bureaucratie et de son appendice l’UGTA).
3) les revendications des autogestionnaires s’expriment vigoureusement à travers des organismes non « officiels » : les assemblées générales des travailleurs, les comités de gestion, les congrès de l’autogestion. Il n’y a pas contradiction entre l’autogestion et les ménagements envers la France, les nationalisations étant irréversibles, le gouvernement français n’a aucune préférence pour telle ou telle forme de gestion. Il s’intéresse au pétrole, ce qui est un tout autre problème.
« Notre devoir est de soutenir l’autogestion et ses défenseurs (Harbi, de Révolution Africaine, journal à lire attentivement) contre ses torpilleurs bureaucratiques. »
Lettre d’un camarade de l’Est algérien :
« Les propos d’un camarade sur la Kabylie pourraient tout aussi bien être appliqués à l’est algérien. Un fait est à signaler : la population redoute les médecins bulgares, ceux-ci ne parlant ni français, ni arabe, les difficultés surgissent d’emblée. Beaucoup disent « qu’ils » n’y connaissent rien. Je ne m’aventurerai pas trop sur ce terrain. Toutefois la sœur d’un ami est morte pour… erreur de diagnostic. A Souk-Ahras, nous avons visité l’hôpital et en particulier la pièce de réception d’un médecin bulgare, la propreté était plutôt douteuse, de même pour le service maternité.
« Ici aussi les prix augmentent, depuis août, assez rapidement. Nous apprécions tout particulièrement la taxe de 30% sur le porc ! – l’alcool devient inabordable. Paradoxalement, des produits importés comme le beurre pasteurisé de Normandie (Bel, etc.) ne coûtent que 760 Frs le kilo. Une idée de « l’organisation » de leur socialisme : les bananes coûtent environ 250 Frs le kg. (le fruit le plus cher) pourquoi? Elles viennent de Marseille ! Le manque d’huile, de sucre, etc. ne s’est pas fait sentir dans la région. Seul, le café a manqué quelque temps. Lundi s’est ouvert à Constantine le procès des trafiquants, premier grand procès de l’Algérie socialiste. Les auteurs sont accusés de détournements de fonds (plusieurs centaines de millions) effectués sur des livraisons à l’hôpital. J’ai lu sur « An Nasr » journal gouvernemental, le compte-rendu d’audience de la première journée. J’en ai retenu que les accusés se plaignent d’avoir été torturés. La police nie ! Les accusés nient aussi leur forfait. La défense paraît « libre ». Un avocat a déclaré « nous connaissons les méthodes de votre police »… Je crois qu’il aurait dû dire : « nous connaissons la police ».
Lettre d’un camarade d’Alger :
« Vous venez d’ouvrir un dossier et un débat sur la réalité algérienne.
« Et c’est avec deux lettres qui, il faut le constater, contiennent déjà des contradictions. Cela veut dire pour moi que l’intégralité des lettres publiées doit servir aux lecteurs pour mieux juger l’ensemble.
« Ce sont des camarades de Métropole venus récemment en Algérie qui les écrivent. Il me semble qu’il y ait peu de camarades qui reçoivent votre publication en Algérie, pour qu’il soit un peu comme de mon devoir envers ICO et envers l’Algérie de vous écrire à mon tour en vous demandant de réserver la place qu’il faut pour publier ma lettre, sous réserve d’intégralité.
« Je suis un ancien déporté (par les français) pour intelligence avec le FLN. Résidant en Algérie depuis 1947, et ayant vécu effectivement avec les algériens, je crois devoir à la vérité des précisions qui permettront à d’autres camarades de voir la « réalité algérienne » sous un jour différent des apparences. Ni ma nationalité algérienne, ni mes fonctions ne m’influencent dans mes propos.
« Je voudrais trancher tout d’abord la question des divergences intérieures. Il faut noter parmi les séquelles du colonialisme le fait que les arabes berbères (kabyles), mozabites, etc. manifestent dans la vie de tous les jours les égards d’hostilité (diviser pour régner). Par contre le FLN a toujours fait de son mieux pour ne considérer que les « algériens » ! Tandis que la question « kabyle » elle peut se résoudre en considérant que lors de l’indépendance, et comme dans toute révolution des intérêts inavouables se greffent sur l’action avouée. Ainsi, certains ont « acheté » ou pris des biens soit en abusant des fonctions dont ils étaient titulaires, soit en jouant sur l’influence. Puis les « bourgeois » ont passé à l’action. Croyant prendre purement et simplement la place des « roumis » certains espéraient mener leurs semblables en esclaves. Jusqu’à la preuve du contraire, Ben Bella et ses ministres ont tout fait pour tirer les affaires d’état au clair. Le gouvernement ne peut pas être accusé de racisme parce qu’il y avait un certain nombre de kabyles ou autres parmi les leaders de « l’opposition »… bourgeoise. D’ailleurs, l’un de vos correspondants le dit bien « ils ont des commerces parfois importants… qu’ils ont acquis par débrouillardise… » C’est de cette « débrouillardise » que le gouvernement actuel ne veut pas entendre. En effet, il sera injuste que les veuves et les orphelins soient dépourvus, par ce que les roublards spéculent… Et puisque nous parlons d’affaires? Si le commerce extérieur passe dans les mains de l’état, nous libertaires, nous pouvons redire, mais les faits et exigences économiques existent, et disculpent Ben Bella pleinement. En fait comme nourrir dix millions d’âmes si par faiblesse, le gouvernement laisse champ libre aux spéculateurs? Monopoliser le commerce, certes, c’est jouer avec le feu ! Mais il faut vivre dans le pays pour juger que si le Gouvernement laissera les profiteurs à leur aise, la faim et la misère porteront des fruits pour ceux qui ne voyaient dans la lutte nationale que la source des richesses (pour eux !)
Nationalisation? Autogestion?
Évidemment, avec notre pensée d’occidentaux, et libertaires de surcroît, nous aurons notre mot à dire. Mais… (il y a encore des mais) qui fera mieux? Lors de l’indépendance, divers facteurs notamment l’OAS, ont provoqué une panique. Les postes-clé ont été donc pourvus par des éléments dépourvus de pratique. Il fallait remettre la vie en marche. L’Autogestion a permis de démarrer avec bien des ateliers, commerces, etc… Un. libertaire peut-il souhaiter voir crever de faim des ouvriers simplement parce que leur « patron » est foutu le camp? Naturellement, et le plus naturellement du monde, toutes les affaires en « autogestion » ne marchent pas, même aujourd’hui, toutes seules. Il faut des cadres, mais des cadre s honnêtement désintéressés et à la fois techniquement pourvus. Pourtant il y a des entreprises à signaler où ça va déjà mieux. Parallèlement avec les affaires en « autogestion » les affaires « nationalisées » présentent un aspect différent de ce que le premier venu voit. En effet, la question n’est pas principalement de « prendre de force » les biens des Européens, mais et surtout de STRUCTURER l’économie du pays. Autrefois il y avait un mouvement de matières dans le sens Sud-Nord et Nord-Sud, (export des matières premières et import des articles manufacturés). Renverser la vapeur et structurer une vie économique, ce n’est pas un jeu d’enfant. Et dites moi si on peut incriminer Ben Bella (franchement dire, avec les bagages qu’il a pu se·faire dans sa jeunesse), simplement parce qu’il n’est pas un « surhomme » et parce qu’il ne peut pas superviser à perfection les rouages dont il n’est que la tête? Mais par contre, il faut reconnaître que l’économie du pas, tout en subissant l’effet des changements, va encore trop bien, comparé à d’autres pays du monde. Je ne dirai pas que les dix millions d’algériens sont des milliardaires mais il faut être impartiaux dans nos jugements, et voir les choses comme elles sont.
Ayant nationalisé un Tamzali, n’a-t-il pas assuré avant tout le petit producteur kabyle, qui a pour le moins l’espoir de vendre son huile? Et les Grandes Compagnies de Transport ne sont pas un facteur vital pour qu’un gouvernement s’intéresse à l’état lamentable de leur parc – et c’est vrai je l’ai vu de mes yeux – leur matériel était de plus en plus détérioré.
Certes il est déplorable que certains de nos camarades soient « totalement à l’écart », de la population. Mais n’est-il pas compréhensible que leur adaptation (ou adoption) demande du temps? Ici, nous sommes dans un pays où les techniciens de la question algérienne, formés aux Hautes Études Orientales de Paris n’ont rien pigé pendent cent trente deux ans, comment voulez-vous que nos camarades puissent pénétrer l’âme d’un algérien sans posséder les fonds de l’Islam? Les algériens sont profondément marqués non seulement par les concepts de leur croyance, mais encore il faut reconnaitre qu’en traversant la méditerranée, un occidental, fut-il athée et libertaire, ne peut pas faire corps et âme avec le pays qu’après de longues années.
Votre correspondant dit également que « les diatribes violentes contre les spéculateurs avaient un succès fou auprès du peuple… » En effet, d’après mes amis algériens, je peux constater que Ben Bella n’est pas aussi impopulaire que l’on voudra le montrer !
Parlons de syndicat? Ici, certes le seul syndicat – l’UGTA – jouit de ses qualités de pilier du gouvernement. Mais… ailleurs… où la liberté de la classe prolétaire semble plus large, n’est-ce pas que les dirigeants syndicaux sont justement les premiers vendus? Par conséquent, il semble que « la réalité algérienne » est effectivement quelque chose d’intéressant à voir. Naturellement, nous autres, libertaires, nous avons déjà pu voir des cas, où l’excuse des besoins absolus ont fait finalement sombrer des espoirs. Mais à l’heure actuelle, en Algérie, nous sommes dans un cas, où juger hâtivement, c’est de mal faire vis à vis du peuple ! Quand on dit que l’ancien occupant a laissé tant de richesse, on oublie d’ajouter que ce pays est avant tout à faire. C’est tout un état qu’il faut structurer par crainte que la masse ne crève de faim. Et quand on jette un mot défiguré (Indépendance) dans la gueule de la masse, espérant encore mieux asservir ce pays sous le joug d’un néo-colonialisme économique, il est à comprendre que les responsables soient forcés d’agir avec force.
Il suffit de penser à certains hommes politiques d’ailleurs, pour ridiculiser le prétendu culte de la personnalité que l’on veut accuser Ben Bella, alors que lui-même a bien précisé : « dans ce pays, il y a dix millions de Ben Bella, s’identifiant avec la masse ». Il se peut qu’un jour se pays sombrera à son tour dans la dictature genre moscovite ou autre, mais à l’heure actuelle, ce sera trop beau de rêver d’un état « libertaire » sans économie ni ordre ! »
Réponse à cette lettre
Ta lettre soulève beaucoup de problèmes auxquels il est difficile de répondre dans une simple lettre ; je crois plutôt que c’est la discussion qui ouvrira la voie à l’étude plus large que nous désirerions faire sur le point particulier qui nous intéresse : les comités de gestion en Algérie.
Il ne s’agit pas pour nous de faire une censure, encore moins de donner des conseils, mais de comprendre, d’analyser une situation et en regard des comités de gestion de savoir s’il s’agit d’organismes de gestion réels, émanant de la base, ou au contraire d’organismes de gestion pour le compte de l’État algérien.
Il est évident qu’il y avait en 62, qu’il y a toujours une réalité algérienne très difficile ; en regard de cette réalité, il est tout aussi facile d’encenser ce qui est fait actuellement en se basant sur telle ou telle mesure particulière, que de critiquer en se servant de tel ou tel détail particulier. Au nom de cette même réalité, il est tout aussi facile de crier bravo pour le régime actuel qui a su éviter bien pire que de le ranger parmi les bureaucraties existantes rompues à l’usage de toute démagogie (nationalisme, religion, « socialisme ») et gardant pourtant des liens solides avec le capitalisme français notamment.
Tu parlas à différentes reprises de la nécessité de « structurer » l’État algérien : qu’entends-tu exactement par là?
D’une certaine manière, théoriquement, il y avait deux issues à la révolution paysanne algérienne :
– ou bien chercher à donner à chacun à manger, à se loger, à se vêtir en utilisant au maximum les solutions collectives réelles (communautés agricoles) ; cela impliquait une certaine rupture autant avec le capitalisme qu’avec le « socialisme » à la russe ou à la chinoise et des solutions algériennes originales. Était-ce possible dans le contexte du monde capitaliste et de la « présence française ».
– ou bien faire de l’Algérie un « État moderne » avec toute sa gloriole et toutes ses servitudes. Il semble que ce soit la voie choisie (ou imposée par le contexte). Bourgeoisie ou bureaucratie, Ben Bella ou Forces Socialistes, peu importe, il semble derrière leur démagogie propre, qu’ils créeront à travers des vicissitudes la même forme d’État. Qui se prévaudra toujours d’une certaine efficacité. Au prix de quoi?
Qu’il y ait des conflits de classes dans l’Algérie d’aujourd’hui, c’est certain. Que ces conflits se dissimulent derrière la mise en place d’institutions nouvelles correspondant à la situation algérienne, nous le pensons aussi. Par exemple que des conflits de pouvoir se dessinent dans les comités de gestion, cela apparaît évident. Nous ne prétendons pas dire : « il faudrait ci, il faudrait ça », nous essayons de nous renseigner, de comprendre, d’expliquer, pour que d’autres camarades puissent dépasser le cercle étroit de la réalité quotidienne. Le sort des algériens appartient aux algériens eux-mêmes. Et un paysan d’un domaine nationalisé qui a une idée bien précise de la gestion de son travail en sait bien plus dans les conflits qui peuvent l’opposer à l’État algérien que tous les conseils, mais il risque aussi d’être pris au piège de l’ambition, de la fonction… de participer aussi à la formation de la bureaucratie. En toute bonne foi d’ailleurs. Au nom d’une certaine efficacité ou d’intérêts supérieurs, décidés par ceux qui tiennent le pouvoir. La réalité algérienne nous paraît contenir tout cela, sous des formes parfois complexes. Peut-être nous trompons-nous. En tout cas, nous ne jugeons pas cela au nom d’une société socialiste ou libertaire idéale. Nous essayons seulement de saisir et d’expliquer une réalité, et au sein de cette réalité ce qu’on fait passer pour gestion ouvrière. »