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Le procès de Blida

Article paru dans Programme communiste, n° 84-85, octobre 1980-mars 1981, p. 6-8.

Solidarité avec les condamnés de Blida !

Après des aveux arrachés sous la torture et un simulacre de procès, cinq militants et contacts de notre organisation viennent d’être condamnés par le tribunal militaire de Blida à des peines de 3 à 10 ans de prison. Il s’agit de Mohamed Benssada, Rabah Benkhellat, Abdelmalek Kendour, Ali Akkache et Mohamed Naaman. Nous saluons ces jeunes révolutionnaires qui, malgré deux années de détention au secret entre les mains de la Sécurité militaire algérienne, n’ont pas hésité à revendiquer avec courage leurs idées face à ceux qui s’apprêtaient à les condamner.

Ce procès est un nouvel épisode de la répression qui frappe quotidiennement la classe ouvrière et les masses pauvres d’Algérie, cependant que la nouvelle classe dominante issue de l’indépendance s’engraisse cyniquement en accumulant richesse sur richesse. L’acharnement contre les condamnés de Blida montre à quel point la bourgeoisie algérienne craint la diffusion – en particulier au sein de l’armée, principal instrument de défense de sa domination et de ses privilèges contre la colère des masses – du marxisme révolutionnaire, qui démasque tous ses mensonges sur le soi-disant « socialisme » algérien et montre aux opprimés la voie de leur émancipation. Mais ni la répression, ni les mensonges bourgeois n’empêcheront le fossé de classe de se creuser chaque jour davantage, en Algérie comme ailleurs, et la classe ouvrière de s’emparer de l’arme du marxisme pour organiser à la tête des masses pauvres le combat contre le capitalisme.

Nous appelons tous les révolutionnaires, tous les militants de la cause de l’émancipation prolétarienne, à lutter avec nous pour la libération des condamnés de Blida et pour les arracher des mains de la Sécurité militaire. Quant aux bourgeois algériens, à leurs flics et à leurs tortionnaires, nous n’implorons de leur part ni « mesures de libéralisation », ni clémence. Nous n’avons qu’une chose à leur dire : le jour où la classe ouvrière procédera au règlement des comptes, le châtiment qu’ils subiront de la part des masses sera à la mesure des souffrances qu’ils leur auront infligées.

Parti Communiste International
1er janvier 1981.


Le procès de Blida

Les jeunes militaires et civils inculpés de « complot contre la sûreté de l’Etat » et accusés d’avoir constitué une cellule de notre organisation ont été jugés et condamnés en une journée, le 27 décembre 1980, par le Tribunal Militaire de Blida. A part les avocats algériens désignés par les inculpés et les militaires garnissant la salle, il n’y avait pour tout public à l’audience que deux avocats français qui ont pu se faire admettre in extremis ; mais pour être sûrs qu’ils ne pourraient suivre le procès, le président a décrété, contrairement à un usage constant devant ce tribunal, que les débats se dérouleraient en arabe, et leur a en outre interdit de plaider. C’est donc dans un véritable huis-clos de fait que les organes « légaux » de répression ont accompli leur besogne.

Ce huis-clos était bien nécessaire pour tenter de masquer la totale absence de preuves du prétendu « complot contre la sûreté de l’Etat » attribué à nos camarades et contacts, dont le seul véritable « crime », est d’avoir lu et diffusé notre presse.

La déclaration courageuse de notre camarade Benkhallat

Le huis-clos devait aussi servir à cacher le fait que tous les aveux des inculpés de Blida leur avaient été arrachés sous la torture après leur arrestation par la Sécurité militaire algérienne. Pour essayer d’éviter qu’on en fasse mention, le président a déclaré dès le début du procès que seuls les aveux faits devant le juge d’instruction (c’est-à-dire après le passage entre les mains des « spécialistes » de la S.M.) seraient pris en considération. Les bourreaux en uniforme ont parfois de ces scrupules juridiques ! … Cela n’a pas empêché notre camarade Rabah Benkhallat de dénoncer courageusement les tortures qu’il avait subies, malgré la présence de membres de la S.M. qui ont dû lui faire payer son audace après l’audience. Notre camarade a prononcé un véritable réquisitoire contre le faux « socialisme » algérien en dénonçant l’exploitation et la misère qui frappent les masses travailleuses d’Algérie alors que la bourgeoisie ne fait qu’accumuler cyniquement les richesses.

Des sentences dictées par la peur du communisme

Les sentences prononcées contre les accusés ont été lourdes, à la mesure de la frayeur qu’inspire aux capitalistes et à leurs valets le spectre du communisme :

Mohamed BENSSADA a été condamné par défaut à 10 ans de prison,
Rabah BENKHALLAT a été condamné à 6 ans de prison,
Abdelmalek KENDOUR a été condamné à 6 ans de prison,
Sid Ali AKKACHE a été condamné à 5 ans de prison,
Mohamed NAAMAN a été condamné à 3 ans de prison.

Les informations que nous avons réunies ci-dessus sont pratiquement les seules qui ont pu filtrer du procès.

Nous savons qu’après le verdict les condamnés de Blida restent entre les mains de la Sécurité militaire, et qu’ils risquent la déportation dans un bagne du Sud comme à l’époque du colonialisme français.

Nous appelons tous les révolutionnaires et tous les militants de la cause de l’émancipation prolétarienne à lutter avec nous pour empêcher cette déportation dans le Sud, pour obtenir le transfert des condamnés dans une prison civile avec un statut politique, et pour arracher leur libération totale.


Souscription pour la défense des condamnés de Blida

Nous appelons tous les militants, sympathisants, lecteurs, à manifester leur solidarité active avec nos camarades et contacts frappés par la répression bourgeoise en Algérie en versant une souscription destinée à financer leur défense et la campagne pour leur libération.

Envoyez vos dons en espèces, ou par chèque bancaire ou postal à l’ordre de SARO, avec la mention « Solidarité Algérie ».

Adressez les envois aux Editions Programme, 20, rue Jean-Bouton, 75012 Paris.


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2 réponses sur « Le procès de Blida »

On sait peut de choses sur ces militants dont l’histoire reste à écrire, tout comme celle des luttes dans l’Algérie indépendante. Concernant Rabah Benkhellat, il serait devenu par la suite chef des « patriotes » à Akbou et blessé en février 2015 lors d’un accrochage avec un groupe islamiste armé selon le journal Liberté.

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