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Barrer la route aux « frères musulmans » !

Article paru dans El-Oumami, n° 3, décembre 1982, p. 4-7


Dans la soirée du mardi 2 novembre, des affrontements ont eu lieu entre étudiants « Frères Musulmans » (FM) à la cité universitaire de Ben Aknoun (Alger). Ces affrontements ont fait sur le champ 1 mort et une dizaine de blessés. A la suite de ces affrontements, la police est intervenue soi-disant pour préserver « l’ordre et le calme » et a procédé à 29 arrestations, en mettant dans le même sac les FM qui voulaient empêcher par la violence les étudiants de désigner librement les membres de leur comité de cité et ceux qui se sont défendus courageusement contre cette bande de réactionnaires.

Le vendredi 5 novembre, les FM ont organisé une prière massive en plein centre d’Alger (du tunnel des Facultés à la Place Audin), prière qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes et qui a pris de fait le caractère d’une véritable manifestation politique. Les revendications avancées par les organisateurs de cette prière étaient les suivantes : la libération des intégristes musulmans arrêtés lors des affrontements de Ben Aknoun, l’abolition de la mixité à tous les degrés de l’enseignement (du primaire au supérieur), la lutte contre la corruption et la liberté d’expression pour le mouvement islamique (en fait ils réclament la liberté d’organisation puisqu’ils ont déjà la liberté d’expression dans les mosquées).

Les arrestations que le pouvoir a été obligé d’effectuer dans les rangs du mouvement intégriste pour jeter la poudre aux yeux et les critiques violentes adressées par les FM au gouvernement et au FLN ne doivent pas faire illusion. Le mouvement islamique n’aurait jamais réussi à accroître de façon aussi spectaculaire son audience ces dernières années s’il ne comptait pas sur l’impunité totale dont bénéficiaient ses groupuscules qui n’ont jamais pourtant caché qu’ils étaient décidés à « purifier » la société à coups de couteau et de barres de fer.


Dénonçons les imposteurs !

Certes, penser que les FM se sont développés uniquement en mettant à profit l’impunité dont ils étaient assurés et les sentiments religieux et moraux des masses populaires serait simpliste. Les FM ont également su jouer sur les problèmes sociaux auxquels sont quotidiennement confrontées les masses populaires. La dénonciation des injustices, de la corruption, du piston, de la prostitution et de la délinquance juvénile leur a valu une popularité certaine parmi de larges couches exploitées et opprimées.

Mais face aux problèmes sociaux inhérents à la nature capitaliste du système imposé aux masses populaires par les couches qui ont investi l’appareil d’Etat au lendemain de l’indépendance, les FM ne proposent pas des solutions révolutionnaires comme ils le prétendent. Prenons un exemple. Ce n’est pas un hasard si la prostitution s’est développée surtout dans les milieu populaires les plus démunis. La prostitution est le produit de la misère. Il est injuste de s’attaquer aux prostituées qui sont réduites à vendre leur corps pour subvenir aux besoins de leurs familles et de laisser bien tranquille ceux qui profitent de ce système à savoir les bourgeois et leurs protecteurs dans l’armée, l’administration, la police et la justice.

Or, que font les FM dans ce cas ? Ils s’attaquent lâchement aux prostituées (dans plusieurs villes, ils n’ont pas hésité à mettre le feu au bordel et à brûler vives les prostituées qui s’y trouvaient). Pire, en réclamant l’abolition de la mixité dans les écoles et l’interdiction aux femmes de s’habiller comme elles l’entendent, les FM insinuent que la femme en tant que telle est responsable du développement de la prostitution dans la société alors que la femme en est précisément la principale victime.

Cet exemple nous montre bien que même lorsqu’ils dénoncent un phénomène social négatif, les FM ne s’attaquent pas à ses causes. Pire, ils se retournent à la longue contre les principales victimes du phénomène social qu’ils ont auparavant dénoncé. Cela ne relève pas du hasard. Il en va ainsi de tout projet réactionnaire.

En effet, comme l’attestent les expériences de plusieurs pays dont la plus récente et la plus éloquente demeure l’expérience iranienne, les FM ne mettent pas en avant l’Islam par simple manie religieuse ou morale. Dans la réalité, ils s’en servent comme d’un paravent pour atteindre leurs objectifs politiques. Il s’agit de véritables imposteurs qui veulent abuser de l’attachement des masses populaires à certaines valeurs islamiques pour mieux réaliser leurs sinistres desseins réactionnaires.

Ce n’est pas un hasard si les FM ne s’attaquent pas aux véritables responsables de la délinquance juvénile, de la prostitution et des autres maux sociaux qu’ils dénoncent car ils sont organiquement liés à ces responsables par des liens de classe (1), à cette différence près que les FM voudraient pratiquement une société bourgeoise « propre » débarrassée de ses tares sociales les plus criantes. Pour cela, ils sont prêts à employer tous les moyens et s’il le faut prendre le pouvoir et instaurer la république de la terreur islamique.

Organisons notre auto-défense !

Les FM ont déjà assez montré durant ces dernières années qu’ils sont prêts à tout pour imposer leur alternative réactionnaire à la crise de la société bourgeoise : intimidation et agression des jeunes qui ne se laissent pas « convaincre » par leur propagande obscurantiste. Ce n’est pas une raison pour désarmer. Outre l’impunité dont ils bénéficient de la part des autorités, les FM ont profité de l’absence de toute autre alternative. Certes, dans certains quartiers des jeunes ont réussi à donner une raclée à des FM.

Mais de telles actions, si elles ne sont pas répercutées dans d’autres quartiers, si elles ne sont pas coordonnées avec d’autres actions de ce type et si elles ne donnent pas lieu à des structures permanentes organisées, elles seront à la longue incapables d’endiguer la montée du courant intégriste qui est, lui, bien organisé et bien structuré, ce qui signifie qu’il travaille selon un plan conçu d’avance.

Aux étudiants et aux jeunes conscients du danger que représentent les FM d’en tirer les conclusions qui s’imposent.

1/ Dans les quartiers, les instituts et les lycées où les FM ne sont pas forts, il faut à tout prix les démasquer et les empêcher par tous les moyens de faire leur propagande et leur prosélytisme : l’erreur serait de les sous-estimer et de les laisser agir librement ;

2/Dans les quartiers, les instituts et les lycées où les FM sont forts, il ne faut pas s’opposer à eux de front si on n’est pas nombreux : il faut regrouper clandestinement les éléments susceptibles de s’opposer à eux, repérer leurs dirigeants et leurs éléments les plus dangereux afin de les neutraliser le moment voulu.

Dans tous les cas il est nécessaire, premièrement, d’engager des activités sociales, culturelles et sportives à même de mobiliser étudiants, lycéens et jeunes du quartier sur leurs problèmes quotidiens indépendamment des structures officielles comme I’UNJA, etc., pour couper l’herbe sous les pieds des FM et, deuxièmement, d’assurer la coordination inter-quartiers des divers comités existants pour les rendre capables de s’opposer à une échelle plus large aux bandes de FM qui sont, elles, organisées de façon centralisée à l’échelle nationale (lors des affrontements du 19 mai 1981 à Annaba, des FM sont venus en cars de Constantine, Batna, etc…).

S’organiser en comités sur le quartier, l’institut et le lycée pour répondre au coup par coup aux agressions des FM est une nécessité vitale pour l’avenir du mouve-ment de masse en Algérie car il n’y a rien à attendre des autorités qui sont bien contentes de voir les FM intimider et embrigader la jeunesse. L’auto-défense contre les agressions des FM doit évidemment être liée à un travail de sensibilisation et de dénonciation des desseins réactionnaires inavoués des FM si on ne veut pas que les comités de lutte soient coupés de la masse des jeunes étudiants, lycéens et chômeurs.

Aucune trêve dans la lutte contre le pouvoir !

Le pouvoir bourgeois n’a pas hésité à exploiter cyniquement les affrontements de Ben Aknoun pour essayer de passer l’éponge sur sa complicité avec les FM durant ces dernières années et se faire passer pour… un arbitre au-dessus de toutes les tendances !

Dans son édition du 4/11/82, le quotidien gouvernemental El-Moudjahid a eu le culot d’écrire :

« La circulation des idées implique une certaine diversité de ces idées, voire même une certaine opposition qui ne peut être que génératrice d’une compétition féconde dès lorsque la règle de conduite permanente est la tolérance du point de vue d’autrui. La réflexion créatrice ne saurait, en effet, à aucun moment résulter d’une volonté d’imposer ses convictions personnelles sans respecter celles des autres. En tout état de cause, la défense des idées ne doit pas conduire à les faire triompher par la violence ».

Le porte-parole du pouvoir se livre là une véritable escroquerie politique. Il met en avant la violence des FM pour mieux faire oublier la violence officielle et légale que nous subissons depuis l’accession du pays à l’indépendance nationale. El-Moudjahid parle de « diversité des idées » et de « tolérance du point de vue d’autrui ». C’est bien beau tout cela. Mais les régimes qui se sont succédés à la tête de l’Etat depuis 1962 ont-ils respecté cette « règle de conduite » ? Depuis la reconduction de l’arsenal juridico-répressif de l’ancien Etat colonial par la loi n° 62157 du 31 décembre 1962, les masses populaires algériennes ne peuvent se mettre en mouvement pour leurs droits les plus élémentaires sans voir se dresser devant elles les corps répressifs de la république « démocratique et populaire ».

Depuis la promulgation du décret du 14/8/63 qui interdit purement et simplement « toutes les associations ou groupements politiques de fait ayant un but politique », le FLN est le seul parti autorisé sur la scène algérienne, ce qui signifie que tous ceux qui veulent mener une activité politique en dehors de ce cadre ont à choisir entre l’exil et la prison.

Depuis le coup d’Etat militaire du 19 juin 1965 qui porta le colonel Boumediène au pouvoir, la sinistre Sécurité Militaire déjà active bien avant l’accession du pays à l’indépendance est devenue la véritable colonne vertébrale d’un pouvoir occulte et expéditif : les autres institutions politiques (APC, APW, APN) n’était là que pour amuser la galerie.

Depuis la promulgation du code pénal de 1966, la grève est assimilée à un délit puni d’un emprisonnement de deux mois à deux ans et d’une amende de 500 à 20 000 DA. En 1969, à l’occasion de son 3ème Congrès, l’UGTA que le régime de Ben Bella avait auparavant tenté de mettre au pas, est transformée officiellement en une « organisation de masse du parti FLN », ce qui signifie qu’elle se prononce désormais contre « toute contestation » de nature à perturber la paix sociale et la liberté du travail salarié.

Le tableau déjà sombre serait incomplet si on ne rappelle pas les licenciements, les arrestations, les enlèvements, les tortures et les assassinats politiques qui ont toujours été le lot de ceux qui refusent le système en vigueur et décident de le combattre sérieusement.

Cela nous fait vraiment vomir de lire dans El-Moudjahid des mensonges aussi grossiers : « La défense des idées ne doit pas conduire à tenter de les faire triompher par la violence » ! Les milliardaires qui se comptent aujourd’hui par milliers (5 000 paraît-il) auraient-ils pu amasser aussi tranquillement leurs fortunes, les maquereaux et les spéculateurs de toutes espèces auraient-ils pu protéger aussi efficacement leurs affaires, les profiteurs et les corrompus qui monnayent leurs signatures auraient-ils pu faire passer aussi facilement leurs combines s’ils n’étaient pas tous protégée par des gens bien au chaud dans les hautes sphères du pouvoir ? Celui-ci aurait-il pu veiller au grain aussi efficacement s’il ne s’appuyait pas sur la violence systématique de ses appareils répressifs ?

Non, la propagande mensongère et démagogique du pouvoir ne doit pas nous abuser. Le pouvoir est vraiment mal placé pour parler de la violence des FM, lui qui n’a jamais hésité à abattre sa trique sur les masses populaires à chaque fois que celles-ci se sont mises en mouvement pour faire valoir leurs droits sociaux, politiques et culturels élémentaires : intervention violente des CNS contre le mouvement de revendications culturelles en Kabylie en 1980-81, intervention de plus en plus fréquentes du Darak-El-Watani contre les grèves ouvrières, etc.

La lutte contre les FM est inséparable de la lutte contre le pouvoir bourgeois. A aucun moment, la première ne doit nous faire oublier la seconde pour la raison simple qu’il ne s’agit dans la réalité que de deux volets d’une même lutte comme l’ont attesté certaines expériences où les FM et les flics ont travaillé la main dans la main.

En tout état de cause, même lorsque le pouvoir fait semblant de s’opposer aux FM nous ne lui devons aucune trêve. Concentrer notre lutte sur les FM dans les conditions actuelles en laissant de côté notre lutte renforcerait encore plus celui-ci. Or, renforcer le pouvoir c’est creuser nous-mêmes notre propre tombe pour demain.

Attention au piège du « Front anti-fasciste » !

Face à la montée du mouvement des FM, les pseudo-progressistes du Parti d’Avant-Garde Socialiste (PAGS) remettent sur le tapis leur vieille perspective du « Front uni anti-impérialiste ». Ils expliquent que la contradiction principale à l’étape actuelle en Algérie oppose l’impérialisme et la réaction interne d’une part, aux couches nationales progressistes d’autre part. Selon eux, le pouvoir serait travaillé de l’intérieur par des fractions opposées, les unes nationales et progressistes, les autres pro-impérialistes, compradores et réactionnaires.

La politique du PAGS est d’appeler les travailleurs, les étudiants et les jeunes à soutenir les fractions progressistes dans leur lutte contre les fractions réactionnaires. Les FM font partie bien évidemment des fractions réactionnaires. Devant la multiplication de leurs agressions, il est aisé aux Pagsistes d’en faire des boucs-émissaires du climat de répression qui règne en Algérie. En passant, ils ne se gênent pas pour dénoncer en même temps les « provocations » des groupuscules « gauchistes » (2). Ce faisant, les réformistes du PAGS contribuent à ajouter de l’eau au moulin du pouvoir bourgeois qui renvoie dos à dos les FM et les jeunes qui leur ripostent.

Nous ne nous serions pas attardés sur la position des Pagsistes qui n’ont pas hésité à soutenir presque inconditionnellement le pouvoir en place depuis 1971, même s’ils se sont permis quelques poses critiques depuis septembre 1981, s’il n’existait pas une tendance, parmi les étudiants organisés en dehors des structures officielles, qui appelle à constituer un « front anti-fasciste » avec l’UNJA et les Pagsistes contre les FM (3).

Un des principaux arguments mis en avant par les partisans du « front anti-fasciste » est que les Pagsistes et les militants de l’UNJA sont certes des agents de la collaboration de classes mais qu’ils ne sont pas pour autant partie intégrante du pouvoir. S’allier avec eux ne serait donc pas la même chose que de s’allier avec des fractions du pouvoir. Cette position est débile. En effet, quelle est la différence entre un front avec des fractions au pouvoir et un front avec des gens qui, par ailleurs, sont alliés avec des fractions au pouvoir ? Dans le premier cas, il s’agit de faire front directement avec des fractions au pouvoir et dans le deuxième cas il s’agit de faire front avec elles mais indirectement, c’est-à-dire par PAGS interposé. La belle différence !

Certains, dont les trotskystes du GCR, rétorqueront qu’il s’agit précisément de pousser les Pagsistes à rompre leur alliance avec les fractions bourgeoises lorsqu’on appelle à faire « front uni » avec eux contre les FM. Soit. Mais c’est agir finalement comme si l’alliance du PAGS avec les fractions bourgeoises « progressistes » était une politique dûe à des déviations conjoncturelles.

Dans la réalité, la politique du PAGS est objectivement déterminée par les intérêts matériels et moraux des couches sociales qu’il représente historiquement (ouvriers qualifiés, intellectuels, petits cadres, etc.). Et si le PAGS encadre et influence effectivement d’autres couches sociales exploitées et opprimées c’est seulement parce que celles-ci se placent aujourd’hui non pas du point de vue de leurs intérêts historiques mais du point de vue de ce qu’elles croient à tort être les conditions de leur émancipation sociale : édification nationale, indépendance économique, bataille de la production, etc.

Les étudiants et les jeunes qui écouteraient les partisans du « front anti-fasciste » le regretteront tôt ou tard car ils se lieraient les mains dès qu’ils se mettraient à travailler en commun avec les Pagsistes. Face à la violence réactionnaire des FM, les réformistes du PAGS et de l’UNJA demandent aux autorités d’intervenir pour assurer la « sécurité » dans les universités et les quartiers. En admettant que cela finit par affaiblir les FM, le pouvoir aura entre temps renforcé ses positions dans les universités et les quartiers. Accepterons-nous d’affaiblir les FM au prix de renforcer le pouvoir ? Le PAGS a toujours répondu oui à une telle question. Il est difficile pour ceux qui veulent s’allier avec lui de combattre les FM tout en se prononçant en même temps contre l’Etat fort.

Tout en refusant de faire un quelconque front avec une fraction bourgeoise aussi « progressiste » soit-elle contre une autre ou avec le PAGS contre la droite du FLN et les FM, nous appelons les étudiants qui désirent riposter effectivement aux bandes de FM à construire à la base des comités de masse unitaires, indépendants du pouvoir et des agents de la collaboration de classes (PAGS, UNJA), en s’appuyant sur les revendications sociales, politiques et culturelles légitimes des étudiants et en cherchant à faire la jonction avec les jeunes chômeurs dans les quartiers et les ouvriers des entreprises les plus combatives.

Le critère de l’unité c’est l’action. Mais ce n’est pas l’action pour n’importe quoi et en tous cas pas pour les objectifs bidons avancés par le PAGS et l’UNJA : défense des « acquis » mythiques, bataille de la production et de la productivité, application de la R.E.S., etc. L’action qui mérite nos efforts et nos peines c’est l’action autour de nos droits sociaux, politiques et culturels qui sont ignorés, piétinés lorsqu’ils ne sont pas folklorisés : restauration, logement, conditions d’études, transport, liberté d’expression, de réunion, d’affichage et d’organisation, reconnaissance des langues et des cultures populaires, etc.

Sur la base d’une telle action, nous sommes pour l’unité la plus large par-dessus les divergences politiques et idéologiques qui peuvent exister entre les étudiants désireux de se battre pour leurs revendications communes. Les FM tout comme le pouvoir, chercheront à briser toute action allant à l’encontre des intérêts qu’ils défendent. L’unité d’action doit donc se réaliser contre les FM et le pouvoir mais aussi contre les pseudo-progressistes qui soutiennent le pouvoir et qui n’ont pas hésité dans le passé à briser les grèves, à saboter les comités désignés librement par les étudiants et à calomnier ceux parmi ces derniers qui ont voulu leur tenir tête et démasquer leurs basses manœuvres (grève de Socio en décembre ’76, grève de Psycho en avril ’77, grèves de la rentrée 78-79, mouvements de grève de 1980, etc.).

Les erreurs qui ont été commises dans le mouvement étudiant durant les années 1980/81 doivent servir de leçons pour les mois qui viennent.

– Contre les tendances corporatistes qui s’imaginent échapper à la répression en se démarquant des revendications culturelles et politiques ;

– Contre les berbéristes qui veulent se cantonner dans le domaine culturel et délier la lutte pour la reconnaissance des langues populaires de la lutte politique pour les libertés démocratiques ;

– Contre les centristes qui ont voulu tirer le mouvement en arrière en appelant à faire un « front anti-fasciste » avec l’UNJA contre les FM.

Contre tous ceux-là, nous appelons les étudiants révolutionnaires à défendre les perspectives à même de sortir le mouvement étudiant de l’impasse où il se trouve afin de libérer les énergies qu’il renferme et de poser les jalons de la construction d’une force capable de s’opposer à la montée des FM et aux manœuvres du pouvoir, le but étant de faire converger cette force avec le jeune mouvement ouvrier algérien sur le terrain de la lutte de classe :

– Dénoncer les agissements des FM et leur collusion avec le pouvoir ;

– Politiser le mouvement pour les revendications sociales et culturelles ;

– Mettre en avant le mot d’ordre des libertés démocratiques ;

– Dénoncer les agents de la collaboration de classes et appeler les jeunes à s’organiser en dehors de leurs structures ;

– Regrouper et Organiser les étudiants et les jeunes qui sont d’accord avec ces perspectives et prêts à agir dans ce cens en noyaux clandestins, restreints et mobiles avant de se lancer dans un second temps dans un travail de masse.

Campagne de dénonciation des FM dans l’émigration

(1) Ce n’est un secret pour personne le fait que les cadres du mouvement intégriste proviennent généralement de la moyenne bourgeoisie commerçante et de certaines couches des professions libérales (avocats, médecins, etc.).

(2) A la suite des affrontements du 19 mai 1981 provoqués à Alger et à Annaba par des bandes « Baathistes » et de FM, le PAGS a osé déclarer dans un tract daté du 24/5/81 : « Les affrontements ont opposé des groupes très restreints d’étudiants, à l’initiative d’éléments liés à des groupuscules gauchistes d’une part, et des noyaux se réclamant du panarabisme baâthiste d’autre part ».

(3) En décembre 1980, à la suite de la multiplication des agressions des FM, la coordination universitaire autonome a accepté de faire un meeting commun avec l’UNJA sous le signe de l’union de toutes les forces « anti-fascistes ». Malgré l’opposition des étudiants membres de la coordination autonome, les militants de l’UNJA ont invité à ce même meeting le représentant… du commissariat du FLN. Voilà où mène le « front anti-fasciste ».

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