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Mouvement National Algérien : Bulletin intérieur (Algérie, n° 1, janvier 1962)

Mouvement National Algérien, Bulletin intérieur, Algérie, n° 1, janvier 1962, 4 pages


… Nous ne voulons être les mercenaires d’aucun colonialisme quel que soit le nom sous lequel il se cache et le masque qu’il emprunte…

Messali Hadj

SOMMAIRE

– De la Résistance à la Révolution (I à 2)
– Le vrai visage de la femme algérienne (2 à 4)
– Appel à la jeunesse (4)


Militant ! Ce bulletin intérieur a été fait à ton intention par des militants.
Ses colonnes te sont réservées. Tes suggestions ou écrits seront insérés… et les bienvenus.


DE LA RESISTANCE A LA REVOLUTION

Partout dans le monde, aujourd’hui comme jamais, d’aucun n’ignore que l’Algérie vit jour par jour la plus dramatique révolution de son histoire. Nul ne doute aussi sur la lutte que mène le peuple algérien, qu’on le veuille ou pas, c’est le peuple algérien qui décidera de son avenir.

Dans la perspective d’une solution du problème algérien, les signes précurseurs de la naissance d’une République Algérienne (démocratique et sociale), s’annoncent à l’horizon comme prometteurs d’une Algérie déliée du joug colonial. Tel a été et tel est encore (depuis 1926) le programme d’affirmation auquel le M.N.A. n’a épargné ni effort continu, ni sacrifice matériel et moral.

A travers les péripéties de son histoire, des hauts et des bas qu’il a vécu, notre mouvement a été le seul parti nationaliste à arborer en Afrique du Nord la bannière de l’Indépendance. A partir de ce théorème, le pays était appelé de 1946 à 1951 à plébisciter le programme du parti, dont l’essentiel dominant les débats électoraux, était une Constituante Souveraine Algérienne élue au suffrage universel, sans distinction de race et de religion. Le fonds des discours, comme celui des conférences ainsi que la littérature (tracts, bulletins intérieurs, articles, etc…) attestent à quel point le M.N.A. est attaché aux principes démocratiques. L’indépendance – elle-même – pour laquelle tous les sacrifices inimaginables furent consentis, n’est qu’un vain mot, pour notre parti, si elle n’est pas le prélude d’un régime démocratique garantissant la liberté dans son sens le plus large.

Que l’on se reporte 40 ans en arrière et tout le long de ceux-ci pour voir – en pensée – l’aurore du nationalisme algérien et l’on constatera alors clairement que la tâche qu’avaient à assumer les apôtres de la liberté n’était pas des plus faciles, surtout quand ils avaient à réveiller la conscience nationale – déjà évanouie – d’un peuple victime d’une politique d’obscurantisme, de paupérisme et de terreur.

Quel exemple de courage et de témérité n’ont-ils pas donné les militants dans les chambres de tortures, dans les prisons… ? sans oublier ceux qui ont laissé leur vie dans les fournaises centrales de Berrouaghia et de Lambèse. Tout cela pour parvenir à réveiller l’atavisme révolutionnaire des jeunes algériens, les organiser résolument dans les rangs du parti et aussi leur faire prendre conscience de leur devoir et force.

Notre organisation, buttée de toutes parts, n’avait non seulement à faire face à la répression féroce du système policier, mais encore à subir en plus du calvaire des croisés, l’assaut impitoyable des mouvement réformistes (Ulémas et U.D.M.A.). Ces derniers ont poussé jusqu’à exploiter le sentiment religieux pour dissuader les croyants d’embrasser, ce qu’ils appellent, le danger du nationalisme utopiste ; Ces dernières tendances avaient pour ne pas avoir à braver l’épée menaçante de « Damoclès » usé de toute leur influence sur les masses, mis tout ce qui était en leur pouvoir pour ralentir l’adhésion populaire au mouvement libérateur. Sans se soucier de retarder par là-même la liquidation d’un régime inhumain et rétrograde, condamné par la loi de l’évolution.

En dépit de toutes les difficultés insurmontables, aujourd’hui plus que jamais, le M.N.A. est et demeure fidèle à ses principes qui restent inchangés depuis plus le 40 années. Etant représentatif de la majorité de l’opinion la mieux avertie, en sa qualité d’organisateur de la révolution et participant direct à celle-ci en Nov 1954, exige de prendre part au futures négociations, sur un cessez-le-feu ainsi que sur toutes les discussions intéressant directement le problème algérien. De ce processus démocratique, préconisé dès les débuts de la révolution par le président Messali Hadj, qui était et reste ; Une SOLUTION du PROBLEME ALGERIEN par UNE CONFERENCE DE LA TABLE RONDE, autour de laquelle auront à se réunir toutes les tendances représentatives de l’Algérie.

Ne pas associer le M.N.A. au dialogue, nous paraît illusoire de prétendre qu’à la fin des combats (ce qui est douteux) puisse s’instaurer une paix durable. En sa qualité de vieux parti, la participation du M.N.A. aux prochains pourparlers ne doit être qu’effective, indispensable même pour que l’élaboration d’un plan réaliste mène à la PAIX.

A défaut de ce « CONSENSUS » qui permet aux éléments ethniques de l’Algérie de vivre en frères dans une PATRIE COMMUNE, nous verrons le pays frustré de son idéal politique et le risque de sombrer dans la houle et le vent de l’aventure est inévitable.


LE VRAI VISAGE DE LA FEMME ALGERIENNE

La poudre parle. Les têtes tombent. Malgré ce constat, malgré l’incertitude qui plane – à partir de ce qui est malsain et ce qui marasme – l’évolution de l’histoire d’un peuple qui s’agrippe (bon an, mal an) à l’idée de se vouloir libre, continue de suivre sa destinée.

Les signes précurseurs en font foi et pour ne cite que l’un d’entre eux, nous voulons nommer le rôle de la femme, cas assez prépondérant dans l’Algérie de demain et qui mérite toute notre attention.

La femme, compagnon anonyme, cette fille d’Eve (Haoua) au long cours, sans consulter les derviches, ni les astres a décidé d’apporter sa contribution à la cause commune. Scindée de l’auréole révolutionnaire, elle compte à jamais régler son sort par elle-même et pour elle-même. A partir de ce principe, elle fait entendre sa voix sans porter entorse au chapitre loi coranique, ni déroger à son statut personnel.

Aux yeux de la masse, sa participation est acceptée sans rétrospection ; elle vient par là-même, se frayer un chemin digne de respect.

Sœur, épouse ou mère, elle a balayé tout un passé rempli de préjugés, de mesquineries, voire de bestialité. Elle reste malgré les tares de l’ancienne époque, le ferment, le levain et le ciment de l’édifice social.

Grâce à une nouvelle orientation, sa sagesse, son éducation n’a nullement souffert des vicissitudes de l’heure, au contraire, elle s’est effectuée dans le sens de la religion et des principes de la révolution.

A ce stade, elle devient le facteur « Sine qua non » d’une Algérie qui se veut épanouie et l’égale des civilisations.

En l’absence du mari (appelé par le devoir ou par la mort), elle s’est affranchie prouvant sa capacité et sa compétence. Sans coup férir, elle assume la charge familiale, la puissance paternelle ainsi que le mandat de gouvernante du foyer. De cette trinité découle et apparaît au grand jour l’avenir de la femme. Un avenir certain et solide dont elle n’a pas à rougir. Elle doit cette situation particulière – par rapport ses consœurs étrangères – à la religion… C’est pourquoi, son émancipation n’a pas donne lieu à incartade ou autres impairs.

Donc sa personnalité s’est dégagée d’un point de vue et est léguée et inculquée par les siens. Son éducation s’est avérée saine et appropriée à notre époque. Cet état de chose débouche normalement sur le foyer et rejaillit à travers toute la société. C’est pourquoi nous l’encourageons et l’incitons à garder cette ligne de conduite, tout en assimilant les bienfaits du progrès. Douée de ce savoir vivre elle devient la cheville ouvrière de l’entité commune, la grande famille Islamique.

Ange gardien des traditions – nous lui devons tout notre savoir. De sa bouche, tout nous a été enseigné ; qu’il s’agisse de péchés ou de bienfaits, rien n’a été négligé. Elle veille. Elle possède bon jugement et bon œil. Sa véritable mission commence au berceau pour ne s’achever qu’à a tombe.

A l’appel du devoir, elle est restée fidèle à sa conception. Se sentant mobilisée, elle est devenue un précieux auxiliaire du pays et pour son activité. A partir de ce moment, elle devient combattante. Possédant foi, courage et esprit de sacrifice, elle fait honneur à la confiance mise en elle. Bravant toutes les difficultés, elle s’est montrée à la hauteur de sa tâche.

A l’appui de ces épreuves et de ces références, nous soutenons « mordicus » son ascension au titre de CITOYENNE.

Le commun des mortels appréciera et conviendra avec nous qu’elle n’a pas flâné au cours de ces sept années de révolution. Elle s’est élevé au niveau des circonstances sans perdre de vue sa raison d’être, celle de maîtresse de maison avant tout.

Pivot de la cellule sociale, combattante et citoyenne, elle n’a pas fini de nous étonner.

Parée de cette gloriole, elle reste malgré tout FEMME.


APPEL à JEUNESSE

Au fil des événements, notre jeunesse doit savoir quels sont ses droits et ses devoirs. Sous une forme ou autre, nous n’avons pas à lui dicter sa raison d’être. Servir son pays est servir, soi-même, les siens et l’ensemble du peuple algérien.

C’est à juste titre de rappeler que la jeunesse algérienne (surtout les musulmans) a bénéficié de l’éducation civique au sein des partis politiques : le P.P.A., le M.T.L.D. et le M.N.A.

Au milieu de la grande famille M.N.A., la jeunesse a pris un essor considérable. Son recrutement et sa formation ont nécessité de gros efforts de la part des responsables. Une fois organisés, disciplinés, les militants sont devenus – tour-à-tour – initiateurs et éducateurs. Une doctrine rationnelle était à la base de l’enseignement et sous l’influence de ce travail s’est dessinée la charte de nos jeunes.

Bâtisseurs non pas d’empires, la plupart de nos éléments n’oublient pas que prétendre à des droits, implique auparavant des devoirs absolus. Leur seule préoccupation est servir le pays. C’est ainsi que se conçoit l’énoncé de nos principes fondamentaux.

Puisque le rêve de notre jeunesse s’appuie là-dessus, nous devons en préciser les grandes lignes et lui laisser le soin de s’atteler à la tâche. Elle hérite déjà d’un système social solidement établi. En l’adaptant et en lui laissant le soin de s’occuper de la masse, elle reste le trait d’union entre le social et l’organique. Son rôle principal l’affecte à diriger et à conseiller le fellah et le citadin ; quant aux syndicats, ils seront chargés de faire le reste, c’est-à-dire harmoniser et endoctriner le peuple à l’image d’un Etat démocratique.

Après quoi, nos jeunes ne doivent pas perdre de vue les principes suivants :  » Tu dois aimer non froidement ta patrie. Son histoire et son grand renom mérite ton amour et ton admiration. En tout lieu où la vie existe, tu peux te récrier avec emphase, Je suis Algérien. Honore ton drapeau et tes frères révolutionnaires. Sois fier de ta race et honore le sol qui t’a vu naître. N’oublie surtout pas la mission du peuple dont tu es issu, ni ton foyer, ni ton idéal. Garde ta hardiesse et ton courage pour le pays et pour les hommes que tu n’as pas trahis. Prends exemple car tous ceux dont le sang coula pour tes droits sacrés et non pour des chimères. Si tout cela ne te suffit pas et que tout ces hommes ne sont pas tes frères, désormais où serais-tu ? sur le pavé des grandes routes à tendre la main aux colonialistes …? ou à baiser le pan des burnous…?

Dis-toi bien que l’injustice n’a fait qu’agrandir ton âme libre et fière.

En homme, tu dois aimer dans le malheur et mourir pour tes couleurs.

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