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Camarades ! Prolétaires !

Manifeste de la Fédération allemande des anarchistes communistes paru dans Le Réveil communiste-anarchiste, année XIX, n° 505, 25 janvier 1919, p. 2

Un groupe de soldats brandissant le drapeau rouge, le 9 novembre à la porte de Brandebourg (Source)

Le manifeste suivant a été répandu en Allemagne :

Après cinquante et un mois de carnage, le prolétariat allemand a suivi l’exemple de ses frères russes ; aidé des travailleurs soldats, il a renversé ses bourreaux. Le militarisme allemand, formidable colonne de la réaction, ruiné dans notre pays comme dans le monde entier, est détruit.

L’écroulement aussi rapide d’un système basé sur la violence est unique dans l’histoire du monde, et a surpris aussi bien le prolétariat que la bourgeoisie.

Longtemps avant les dernières défaites infligées par l’Entente à notre pays, une petite minorité d’hommes de l’opposition avait lutté pour préparer la révolution. Le mouvement s’est étendu, l’armement du prolétariat fut préparé et une agitation fructueuse commença dans les casernes et les fabriques.

Et nous aussi, anarchistes, nous cherchâmes par tous les moyens à propager nos méthodes de combat : grève générale, antimilitarisme, armement du prolétariat, etc.

Jusqu’au dernier moment, même au matin du 9 novembre, les socialistes parlementaires et les chefs syndicalistes firent largement distribuer des manifestes dans le but d’empêcher l’action, vainement.

L’après-midi du 9 novembre, l’issue du combat fut décidée et la République socialiste proclamée ! Mais quelles en furent les conséquences :

Dans la première assemblée du Conseil d’O. et S., le 10 novembre, au Cirque Busch, le gouvernement provisoire fut nommé ; des hommes qui, comme Ebert, Scheidemann, Landsberg, avaient toujours lutté pour contenir les revendications populaires, en firent partie.

Ce coup était certainement préparé d’avance, car un grand nombre de personnes étrangères à ce mouvement avaient obtenu des cartes d’entrée de Wels et Eugène Ernst, et parlèrent jusqu’à ce que leur opinion prévalut. Ces gens, d’accord avec les bourgeois, demandaient une Constituante, pour frustrer le peuple du fruit de sa victoire et arriver finalement, par la Révolution, à la République bourgeoise.

La revendication du parti bourgeois concernant la Constituante ne devait absolument servir qu’à regagner la puissance perdue.

Si elle aboutissait, les préparatifs guerriers recommenceraient immédiatement, car les représentants de la clique bourgeoise, les industriels, les banques et les maisons de commerce, trouvent dans la guerre mondiale la satisfaction de leurs intérêts impérialistes.

Prolétaires ! Voulez-vous que s’abatte à nouveau sur vous le fléau d’une guerre mondiale ? Voulez-vous encore traîner la chaîne du salariat ? Voulez-vous encore porter sur vos épaules le fardeau des fautes que commettent des oppresseurs ? A ces questions, on ne peut répondre que par un rigoureux non.

Le but à poursuivre pour arriver au vrai socialisme est le suivant :

1. L’abolition de la propriété privée.

2. La suppression des entreprises capitalistes et la prise de possession des moyens de production, des fabriques et de la terre par le peuple. Pas de mainmise de l’État, ce qui constituerait une nouvelle forme de servitude.

3. La saisie de toutes les denrées alimentaires, afin de les répartir également entre tous.

4. L’abolition immédiate de la police et de la gendarmerie.

5. L’armement du prolétariat pour la bonne marche et la sauvegarde de la Révolution.

6. Entrée dans la ligue du prolétariat mondial, selon le projet des commissaires du peuple de Russie.

7. Nomination immédiate d’un Comité d’action, représentant le prolétariat révolutionnaire d’Allemagne dans la ligue ci-dessus mentionnée.

Notre but ne pourra être atteint que par la disparition complète du parlementarisme, dont l’action démoralisante a rendu possible l’effroyable catastrophe d’une guerre mondiale.

Camarades ! Prolétaires !

Regardez la grande tâche qui se présente, car vous êtes capables de l’accomplir ! Regardez, car vous êtes mûrs pour diriger vous-mêmes des destinées.

Soyez méfiants à l’égard des politiciens, comme Liebknecht l’a dit aux Conseils d’O. et S., car ils vous ont trompés depuis le commencement de la guerre.

Votre liberté est en jeu.

La lutte pour le socialisme commence.

Soyez prêts !!

Fédération allemande des anarchistes communistes.

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