Ordre du jour paru dans La Vérité, organe du Groupe bolchevik-léniniste de la S.F.I.O., n° 227, 1er décembre 1934, p. 5
Les membres de l’Alliance antifasciste des travailleurs de Royan et des environs réunis en assemblée plénière le 3 novembre 1934, après discussion constatent :
Que depuis l’arrivée au pouvoir du Cabinet Doumergue et sous le couvert de la trêve des partis, les organisations fascistes n’ont cessé de se développer, de s’armer et de s’entraîner au maniement des armes, provoquant et à l’occasion assassinant les travailleurs anti-fascistes.
Les membres de l’Alliance concluent sur ce point que les dangers menaçant les travailleurs se précisent et s’aggravent.
Ils se félicitent qu’un accord soit intervenu entre les directions des partis socialiste et communiste, cet accord pouvant grandement faciliter l’action des travailleurs devant le fascisme.
Tenant compte de ce fait que les deux grands partis prolétariens portent l’énorme responsabilité historique de l’issue, en bien ou en mal, de la crise politique et sociale actuelle ils estiment que leur action commune est nettement insuffisante par son contenu.
Placée exclusivement sur le terrain électoral et parlementaire (vote de la représentation proportionnelle et dissolution de la Chambre) et sur celui de l’agitation (organisation de meetings communs) elle délaisse complètement la question de l’organisation antifasciste, question absolument primordiale en ce moment.
Les membres de l’Alliance antifasciste de Royan sont fermement convaincus par l’examen des événements actuels que la question du pouvoir politique est d’ores et déjà à l’ordre du jour dans le pays :
Ou les organisations fascistes prendront le pouvoir directement ou par personnes interposées établissant la dictature violente et insupportable du capitalisme, détruisant les libertés conquises dans le passé et les droits acquis par des luttes incessantes ;
Ou les travailleurs prendront le pouvoir pour défendre ces libertés et ces droits, les élargir et faire régner la démocratie en prenant vis-à-vis des capitalistes les mesures qui s’imposeront.
Volonté de ne pas subir la dictature du capitalisme.
Volonté d’imposer la leur aux féodaux modernes.
Les membres de l’Alliance demandent aux organisations centrales des partis socialiste et communiste, de la Ligue des Droits de l’Homme, des anciens combattants républicains, du parti radical Camille Pelletan, des deux C.G.T. et en général à toutes les organisations se réclamant de l’antifascisme de prendre l’initiative de la formation d’un Comité Central d’action antifasciste où pourraient participer toutes les organisations politiques, syndicales ou philosophiques professant l’antifascisme et hostiles à tout gouvernement pratiquant la politique des décrets-lois ou similaires, le comité central aurait pour mission :
1. d’organiser une campagne nationale pour former partout des Comités antifascistes (il s’en est formé 3.000 spontanément après le 6 février, que sont-ils devenus ?)
2. De préparer la convocation et la réunion des Etats généraux antifascistes composés des délégués de tous les Comités formés, ces délégués étant les véritables députés de la démocratie populaire qui devront opposer leur pouvoir et leur volonté à ceux du fascisme et du gouvernement de l’émeute.
3. D’étudier minutieusement et de réaliser rapidement l’organisation sur laquelle devront s’appuyer les Etats généraux antifascistes pour imposer leur volonté populaire, organisation qui devra les défendre ainsi que les délégués, les comités, parallèlement aux Bourses du travail, aux Maisons du peuple, aux locaux et journaux antifascistes et ceci en concordance des moyens employés par les fascistes.
Les membres de l’Alliance décident d’envoyer le présent ordre du jour pour insertion à la presse locale et régionale, à toutes les centrales des organisations adhérentes à l’Alliance et de faire en général la plus grande publicité autour.
Une réponse sur « Royan : L’Alliance antifasciste des travailleurs demande l’organisation du front unique pour le combat »
Aujourd’hui, l’antifascisme conséquent implique de lutter de front contre le fascisme d’en face et contre celui qui vérole la « gauche » officielle, généralement maquillé en « antiracisme », « féminisme », « décolonialisme ». Une « union populaire » derrière cette bande de traitres ne peut qu’amener de l’eau au moulin du fascisme d’en face. L’espoir ne peut naître que d’une rupture.