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Kurt Landau : Les effectifs actuels des partis allemands

Lettre de Kurt Landau alias Wolf Bertram parue dans La Révolution prolétarienne, 9e année, n° 160, 25 septembre 1933, p. 13

Nous avons reçu d’un camarade qui signe Wolf Bertram et qui appartient au groupe des trotskystes hétérodoxes la lettre que voici :

Dans le numéro du 10 août de la R. P. j’ai lu l’article d’ « un allemand » sur l’hitlérisme. Quelques allégations de cet article sont en contradiction complète avec les faits. Je crois utile dans l’intérêt d’une information sérieuse et objective du prolétariat français d’indiquer ces contradictions.

1) L’auteur dit que le parti communiste allemand a actuellement 25.000 membres et le parti socialiste ouvrier 14.000. Le lecteur est donc porté à croire que la force numérique du second n’est pas loin de celle du premier. En réalité les deux chiffres sont tendancieux. Donner des chiffres exacts sur la force d’un parti illégal ou de groupes illégaux en Allemagne est impossible dans la situation actuelle. On ne peut que faire des estimations. Après être passé dans l’illégalité, le parti communiste dispose d’un cadre de 40 mille membres, ne comprenant que les membres actifs. On ne peut pas comparer ce chiffre à celui de 350.000 du parti légal. A supposer même que le parti ait perdu, en conséquence de la défaite de mars, plus de la moitié de ses membres (qu’ils soient en partie passés au fascisme ou qu’ils soient tombés dans l’indifférentisme) il resterait un chiffre de 175.000 à peu près. Si le cadre actif ne comprend que 40.000 membres, le reste se compose de sympathisants actifs (autrefois membres passifs des cellules) et de prisonniers. La moitié des prisonniers politiques en Allemagne sont probablement des communistes.

Examinons à présent la force du parti socialiste ouvrier. Le chiffre de 14.000 membres provient de la conférence du parti à Dresde, c’est-à-dire du commencement de mars. Mais la terreur brutale ne commença que quelques semaines après, contre ce parti y compris. Depuis sa fondation en automne 1931 jusqu’à son congrès en mars 1933 il est descendu de 50.000 membres à 14.000 et il a perdu des électeurs à chaque élection. Aujourd’hui où les organisations illégales ne peuvent se composer que de cadres, le parti socialiste ouvrier ne possède qu’une petite partie des effectifs du congrès de Dresde, surtout où il a eu des positions fortes, comme à Breslau et en Saxe. La proportion de 14 mille à 25 mille que l’auteur de l’article indique ne correspond pas à la réalité.

2) En donnant un exposé de la situation en Allemagne et des causes plus profondes de la catastrophe allemande, l’auteur de l’article ne souffle pas mot du rôle que la défaite sans lutte de 1923 a joué au cours du regroupement des forces de classe pendant la crise politique et sociale des dernières années. Pourquoi ne montre-t-il pas que le national-bolchevisme de la centrale Thaelmann fut créé lors du front unique que la Centrale du parti communiste a offert en 1923 au fascisme ? Pourquoi ne dit-il pas que les chefs actuels du parti socialiste ouvrier, Walcher, Froëlich, etc., étaient en ce temps-là les chefs du parti communiste et furent entièrement responsables de la défaite de 1923 ?

La critique de la politique criminelle et néfaste du Stalinisme est un des devoirs principaux de tout révolutionnaire. Sans vaincre d’abord l’idéologie staliniste et ses méthodes un nouvel essor du mouvement ouvrier et du communisme est impossible. Mais seul a le droit de critiquer celui qui ne craint pas la vérité.

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