Article de Boualem Khalfa paru dans Liberté, organe du Parti communiste algérien, 12e année, n° 586, 9 septembre 1954, p. 1 [fin manquante]
LE 4 juillet 1954, le comité central du Parti communiste algérien constatait déjà, dans l’appel qu’il lançait aux Algériens, le silence de « L’Algérie Libre » sur les problèmes de l’union, et en particulier sur la préparation du Congres national algérien proposé par la direction du M.T.L.D. 40 jours après l’appel de notre parti pour un Front national démocratique algérien. Malgré plusieurs rappels de notre part, dont le plus récent date de la semaine dernière, « L’Algérie Libre » n’a donné aucune réponse à nos questions. La crise interne que traverse le M.T.L.D. expliquerait-elle ce silence sur une question de cette importance qui intéresse l’ensemble du Mouvement National et au sujet de laquelle les patriotes demandent à être éclairés ?
Il semble en tout cas que de profondes divergences existent entre les dirigeants M.T.L.D., divergences mises en lumière ces derniers jours par l’évolution de la crise. Latente depuis des mois, cette crise vient d’éclater publiquement après la tenue d’un Congrès extraordinaire en Belgique et d’un autre Congrès extraordinaire, plus récent, à Alger, concernant une scission dans le M.T.L.D.
Désormais, ce n’est plus une question intérieure à un parti, mais un problème politique posé devant les patriotes algériens.
La publication de différents communiqués, des articles de la presse française ainsi que la parution de deux nouveaux organes, « La Nation Algérienne » et « Sawt ech Chaâb », laissent apparaître l’existence de deux tendances au sein du M.T.L.D. La première, groupée autour de Messali, Mezerna et Merbah, accuse, selon « l’Algérie Libre », la direction issue du 2me Congrès du M.T.L.D. d’attentisme, de déviation politique, de réformisme. La seconde tendance, qui groupe presque tout le Comité central du M.T.L.D., accuse Messali d’avoir « saboté » les décisions politiques prises lors du 2me Congrès M.T.L.D. et lui reproche « sa conception personnelle et dictatoriale de la direction du parti ».
Notre Parti communiste algérien ne peut pas ignorer pareille situation, qui ne manque pas d’avoir ses répercussions sur tout le mouvement national. Déjà, en juillet dernier, l’appel de notre Comité central, analysant la situation en Algérie, soulignait :
« … Chacun sent, en effet, qu’un certain attentisme caractérise une partie du mouvement national. Chacun sait que de graves difficultés politiques se manifestent dans les partis nationalistes, que de nombreux patriotes sont désorientés et plongés dans la confusion … »
Et plus loin, l’appel donnait notre appréciation sur cet état de fait :
« La situation actuelle dans le mouvement national résulte, il faut le dire, de l’échec incontestable de certaines positions politiques des formations nationalistes … »
Cette juste appréciation est aujourd’hui confirmée par le développement de la crise du M.T.L.D. et les documents publies depuis trois semaines par « L’Algérie Libre » et « La Nation algérienne ».
Ceci dit, l’intérêt national nécessite d’approfondir un peu plus un problème particulier d’importance vitale pour le peuple algérien, et qui semble être un des points les plus importants du désaccord politique qui sépare les deux tendances du M.T.L.D.
Boualem KHALFA
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