Motion publiée dans Lutte palestinienne, n° 7, avril 1970, p. 21
Le Docteur Sadek el-Azm, professeur à l’Université de Amman, en Jordanie, en fut chassé pour avoir tenu des propos contraires aux conceptions du régime fantoche. Ayant trouvé ensuite un poste d’enseignement à l’Université américaine de Beyrouth, il en fut rapidement exclu pour des raisons semblables à celles invoquées lors de son exclusion de l’Université d’Amman.
Cependant, la chasse aux sorcières ne s’est pas arrêtée là. Dans son édition du mercredi 28 janvier, le journal bourgeois « L’Ouest » de Beyrouth, sous le titre : « Le Docteur el-Azm et son éditeur risquent un à trois ans de prison », nous apprenait qu’aux termes d’un acte d’accusation que M. Atef Fayçal, juge d’instruction, a fait paraître hier, le Docteur Sadek Jallal el-Azm sera poursuivi en justice en application de l’article 317 du code pénal pour avoir publié son livre Critique de la pensée religieuse.
L’article 317 stipule que « tout acte, tout écrit, tout discours dont le but ou l’effet est d’exciter l’esprit et de susciter des conflits entre communautés ou les différents éléments de la population sera passible d’un emprisonnement d’un à trois ans et d’une amende cinquante à quatre cent livres ».
Dans le livre en question Sadek Jallal el-Azm prend en effet à partie certains penseurs chrétiens et musulmans pour ce qu’ils appellent dialogue islamo-chrétien, et il analyse la personnalité dramatique du diable dans la religion musulmane en particulier, il critique la prétendue apparition de la Vierge au Caire après la guerre de juin 67, les écrits de certains penseurs d’Occident qui ont traité de la relation du Christianisme, de la science, de la culture scientifique et de la laïcité, enfin il traite de l’aspect matérialiste du monde.
En s’attaquant à Sadek Jallal el-Azm le but de la réaction est clair : il s’agit d’abord de s’attaquer aux points faibles de l’avant-garde révolutionnaire, les centres de diffusion et les auteurs indépendants. A la suite de ce coup d’essai, en cas de réussite, alors l’étape suivante sera l’attaque contre les organisations révolutionnaires elles-mêmes (O.S.L., U.C.L., F.P.D.L.) et au bout du chemin à la résistance palestinienne elle-même.
Les militants et organisations soussignés, solidaires de la résistance palestinienne dans sa lutte contre le sionisme, l’impérialisme et la réaction arabe pour une Palestine laïque, démocratique et socialiste,
– conscients de l’enjeu de l’épreuve de force engagée à l’heure actuelle par les Etats arabes contre la résistance palestinienne (crise libanaise, affaire Hussein, déclaration de Nasser),
– estiment que les attaques portées contre les militants révolutionnaires est partie flagrante des plans de liquidation de la résistance palestinienne,
– exigent la levée immédiate de toutes les poursuites engagées contre Sadek Jallal el-Azm et son éditeur,
– réaffirment leur soutien à tous les militants emprisonnés à l’heure actuelle dans différents Etats arabes pour leur soutien actif à la résistance palestinienne,
– alertent tous les militants contre les mesures qui pourraient être prises contre les organisations révolutionnaires telles que l’U.C.L., l’U.S.L., F.P.D.L.P., ou même des pays (agression saoudienne contre le sud-Yémen).
– Ligue Communiste.
– Amicale des Etudiants en Sciences.
– P.S.U.
– Association J.P.P.
– U.N.E.M.
– F.E.A.N.F.
– A.E.M.N.A.