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Un congrès anticolonialiste

Articles parus dans Franc-Tireur, 29 mai 1948 ; 16 juin 1948 ; 18 juin 1948 ; 19 juin 1948 ; 20 juin 1948 ; 22 juin 1948 ; 23 juin 1948

Du 18 au 22 juin se tiendra à Puteaux un congrès des peuples d’Europe, d’Asie et d’Afrique. Il est convoqué par une commission préparatoire présidée par le leader travailliste Fenner Brockway, et dont le siège est à Paris, 82, boulevard des Batignolles.

Ce congrès donnera aux représentants des peuples d’Asie et d’Afrique qui, en grand nombre, ont déjà assuré une participation active, la possibilité de porter leur cas devant l’opinion mondiale. Les décisions en seront envoyées aux principaux mouvements démocratiques et ouvriers.

Du côté des organisations européennes, le parti socialiste a fortement conseillé la participation à ses membres, le Labour Party fera de même. Le rassemblement révolutionnaire (R.D.R.) lui donne également son adhésion.


Le congrès anticolonialiste

C’est samedi 15, à la mairie de Puteaux, que commence le Congrès mondial anticolonialiste des peuples d’Europe, d’Asie et d’Afrique.

Rappelons que la veille vendredi 18, salle Pleyel, à 20 h. 30, certains orateurs des mouvements nationalistes d’outre-mer et certains socialistes exposeront les buts du congrès.


Le « Congrès des Peuples » commence demain

Précédé d’un meeting qui aura lieu ce soir, salle Pleyel, le Congres des peuples d’Europe, d’Asie et d’Afrique commencera demain matin samedi, à la mairie de Puteaux.

On prévoit un rapport d’introduction aux travaux du Congrès de Jean Rous, puis la discussion générale sera ouverte et les divers mouvements anticolonialistes exposeront leur question nationale.

Le dimanche, la commission politique étudiera le rapport du leader travailliste de gauche Fenner Brockway et la commission économique étudiera le rapport de Gironella, du Mouvement des Etats-Unis socialistes.

Le lundi sera consacré aux conclusions et aux résolutions générales.

La plupart des grands mouvements nationaux, du Commonwealth et de l’Union française, participent à ce congrès dont Franc-Tireur rendra compte.


A PLEYEL, PRÉLUDE AU CONGRÈS DES PEUPLES

« Les peuples d’Asie et d’Afrique se dressent au nom des principes que l’Europe leur a donnés » ont déclaré les orateurs

Le meeting préparatoire du Congrès des peuples, qui doit commencer demain à la mairie de Puteaux, s’est tenu hier soir à la salle Pleyel.

Après que Marceau Pivert eut défini les buts du Congres, le leader travailliste anglais, Fenner Brockway, a déclaré que le temps est venu de s’expliquer franchement avec le peuple, et Lamine-Gueye a constaté que colonisés et colonisateurs sont aujourd’hui autour de la même table, Léon Blum montra qu’il s’agit de partir de l’Europe pour aller vers l’organisation universelle du monde et que l’Europe ne saurait avoir le monopole de la civilisation.

Suivirent des interventions remarquées des divers délégués des peuples d’outre-mer. Un délégué du parti socialiste indonésien vint clamer sa foi dans l’indépendance de son pays et dans la paix mondiale. Le délégué vietnamien déclara que le gouvernement du président Ho Chi Minh veut l’unité, l’indépendance et la paix avec la France. Lé délégué de Madagascar, le Dr Bratsimaga, montre que le nationalisme malgache n’est pas incompatible avec le fédéralisme et avec l’interdépendance des peuples. Quant à M. Bourdet, il expliqua que l’Europe est à son tour colonialisée.

Ferhat Hached, secrétaire de l’Union tunisienne, évoqua les problèmes de l’Afrique du Nord et dénonça les injustices du colonialisme.

On remarquait à la tribune Mezerna, député du P.P.A., Bouabid, délégué de l’Istiqlal du Maroc et Farres, du Destour tunisien.


Au congrès de Puteaux

LES PEUPLES OPPRIMÉS CONTRE L’IMPÉRIALISME

Le Congres des peuples d’Europe, d’Asie et d’Afrique s’est ouvert hier à Puteaux : 37 pays, 27 organisations, 325 participants. Ce qui frappe dans ces assises, c’est l’extraordinaire importance des délégations des peuples d’Asie et d’Afrique, qu’il s’agisse des territoires d’Union française ou du Commonweath.

Après l’élection du présidium, le discours du président Bob Edward, de l’Independant Labour Party, c’est le leader travailliste Fenner Broadway qui propose la procédure du Congrès et l’ordre du jour.

Puis Jean Rous présente le rapport d’introduction au Congrès. Il insiste sur le fait qu’il faudra aboutir à quatre conclusions positives :

1° accord sur les principes d’indépendance et de libre gestion des peuples, tout en tenant compte de l’interdépendance du monde.

2° action démocratique des peuples pour résoudre les conflits immédiats sur des points concrets (Viet Nam, Indonésie, Madagascar, Afrique du Nord).

3° plan économique pour les trois continents basé sur la libre coopération des peuples.

4° bâtir une organisation démocratique mondiale pour l’action.

Les représentants des « opprimés »

Lamine Gueye préside la séance de l’après-midi, au cours de laquelle interviennent des représentants de l’Istiqlal (Maroc), de la Fédération pan-africaine, du Viet Nam et des socialistes de l’Inde, des Malgaches et du P. P. A. (Algérie).

Alduy, président du groupe socialiste de l’Union française, souligne que la conception actuelle de l’Union française n’est pas malheureusement pas un Commonwealth base sur l’égalité et montre qu’il faut tirer tout ce qu’on peut de la constitution. Il faut, dit-il, conclure ce Congrès par une organisation mondiale solide.

Enfin, David Rousset (R. D. R.) montre que pour aboutir à un résultat il faut bâtir une organisation démocratique. Il définit la démocratie comme la participation à la gestion. Il souligne la nécessité d’adopter une attitude très positive pour résoudre des problèmes concrets : en Afrique du Nord, à Madagascar et au Viet Nam.

La première séance du Congrès est terminée. Le dimanche sera consacré aux séances de la commission politique et économique, et le lundi seront rapportées les conclusions du Congrès.


Le Congrès des Peuples a pris fin hier soir, à Puteaux, en adoptant d’importantes résolutions concernant le conflit indonésien, les grands conflits de l’Union française, les problèmes de l’Empire anglais et un rapport politique favorable à la lutte antiimperialiste et a l’indépendance des peuples.


LE CONGRÈS DES PEUPLES A MIS LE COLONIALISME AU PIED DU MUR

Le congrès des peuples d’Asie, d’Afrique et d’Europe, réuni à Puteaux depuis samedi, a terminé ses travaux dans la nuit de lundi à mardi.

Pour la première fois s’y trouvaient rassemblés, aux côtés de représentants de tous les autres territoires dépendants, les délégués de tous les mouvements populaires de l’empire français.

C’est dire l’importance que revêt la résolution finale qui a été adoptée par le congrès.

Après avoir réaffirmé le principe de l’auto-détermination et. de l’indépendance des peuples et souligné la nécessité de la lutte antiimpérialiste en Asie et en Afrique, le congrès a mis au point tout un plan d’action tendant à régler les conflits en cours sur un pied d’égalité au moyen de conférences de la Table ronde.

Viet Nam, Madagascar, Afrique du Nord

Mais c’est au sujet des litiges les plus brûlants que l’unanimité entre démocrates, socialistes, syndicalistes révolutionnaires européens et représentants authentiques du peuple prend un caractère significatif et, entre parenthèses, apporte une singulière confirmation à la politique poursuivie dans ce domaine par Franc-Tireur.

Le congrès a condamné une « Union française » imposant d’en haut les monopoles de la métropole ; il a demandé la paix avec Ho Chi Minh, une véritable indépendance pour le Viet Nam et le dessaisissement du tribunal de Madagascar au profit d’un tribunal de France. Il a exprimé son accord avec la revendication malgache d’un Etat associé dans les termes de la Constitution française ;

En ce qui concerne les pays de protectorat (Tunisie, Maroc), il s’est prononcé pour la fin de ces régimes et de nouveaux traités, ainsi que pour des régimes démocratiques institués par des Constituantes ;

Pour l’Algérie, le congrès a demandé la dissolution de l’Assemblée algérienne frauduleusement élue, l’octroi de libertés démocratiques pour préparer une Constituante élue au suffrage universel, dans le respect des éléments ethniques de la population et en vue de préparer une République algérienne qui déterminerait de nouveaux rapports avec la France ;

Pour l’Afrique Noire, le congrès a demandé la démocratie et l’acheminement vers l’auto-détermination.