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Un algérien raconte sa vie

Extraits d’un article paru dans Socialisme ou Barbarie, n° 28, Volume V (11e année), Juillet-Août 1959, p. 35-38


Fanatisme et superstition

Même pour le fanatisme, la superstition, j’ai vu que c’était autorisé, agréé par le gouvernement français en Algérie. J’ai vu, square Nelson, des femmes qui allaient là, soi-disant que c’était des sorciers – des conneries, quoi. Mais c’était agréé par le gouvernement. Il y avait des négresses là, qui tuaient des poulets, prenaient les entrailles et tout ce qui s’ensuit. Soi-disant que l’eau de mer de cet endroit était bénie par le sorcier et les femmes allaient se laver là-dedans. Il y avait donc des femmes qui se foutaient à poil pour se laver là et simplement il y avait une autre femme qui les cachait avec un petit bout de voile de rien du tout. Un jour j’étais avec les copains et j’avais vu ça. D’ailleurs les copains et moi on avait commencé à rouspéter parce qu’il y avait des pêcheurs, là. Ils donnaient des bons coups d’œil. Enfin, ils se régalaient. Alors nous, on a commencé à incendier cette femme et les femmes qui faisaient brûler de l’encens et tout le bataclan. Eh bien! mon vieux, il fallait qu’on courre, parce que les flics ils sont venus ; ils nous ont fait courir. C’était autorisé par le gouvernement.