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Le 1er mai a été troublé en province par quelques manifestations d’Algériens

Article paru dans le quotidien Le Monde, le 3 mai 1956

En fin de journée, hier, la préfecture de police indiquait dans un communiqué que deux mille cinq cents Algériens qui avaient répondu aux consignes des organisations clandestines et tentaient de se grouper place de Rennes, à Barbes et en d’autres points de la capitale, avaient été interpellés par le service d’ordre et soumis à des vérifications d’identité. La plupart d’entre eux – mille cinq cents – avaient été interpellés dans le secteur République-Bastille, à la sortie des stations de métro et aux points d’arrêt des autobus. Enfin quelque vingt-cinq jeunes gens qui scandaient des slogans contre  » la guerre en Algérie « , sur le boulevard de Sébastopol, ont été conduits au commissariat de police, où ils ont été interrogés.

Les manifestants nord-africains avaient en majorité obéi aux mots d’ordre du Mouvement national algérien (M.N.A.), comme l’attestent les emblèmes qu’ils arboraient et les portraits de Messali Hadj qu’ils pensaient brandir au-dessus de leur cortège.

Au cours de la soirée la presque totalité des manifestants étaient relâchés. Six arrestations ont toutefois été maintenues : deux pour port d’arme prohibée, deux pour interdiction de séjour et deux enfin pour reconstitution de ligue dissoute.

Brèves bagarres en province

C’est à Marseille et à Saint-Etienne que les manifestations d’Algériens déclenchèrent les plus sérieux incidents.

A Marseille, d’abord mêlés à leurs camarades européens dans leurs syndicats respectifs, les ouvriers nord-africains avaient afflué cours d’Estienne-d’Orves, où avait lieu le meeting organisé par la C.G.T. Dès que le premier orateur eut accédé à la tribune, des Algériens, pour la plupart des jeunes gens de dix-huit à vingt ans, quittèrent les formations syndicales dans lesquelles ils étaient répartis et se groupèrent sur l’une des allées latérales. L’un d’entre eux brandit alors un drapeau nationaliste vert et blanc, frappé du croissant et de l’étoile rouges. Une courte bagarre opposa alors les C.R.S. et les manifestants nord-africains. Quelques-uns de ceux-ci ont été légèrement blessés.

Après le départ des Algériens, qui se retirèrent en emmenant leur drapeau, le meeting de la C.G.T. se poursuivit dans le calme. Neuf arrestations, dont aucune n’a été maintenue, avaient été opérées.

A Saint-Etienne, cinq cents Nord-Africains rassemblés autour de la Bourse du travail, où des orateurs de la C.G.T. s’adressaient aux ouvriers, ont tenté de former un cortège. Ils se heurtèrent dans la Grand’Rue aux forces de police. Une femme âgée qui traversait à ce moment l’artère stéphanoise a été piétinée et a dû être hospitalisée. Une centaine d’Algériens ont été arrêtés. Quelque trente blessés légers ont dû recevoir des soins. Les dirigeants syndicaux avaient – notons-le – interdit l’entrée de la Bourse du travail aux Nord-Africains.

Cinq arrestations, dont une pour meurtre et incendie volontaire, en exécution d’un mandat d’arrêt lancé par le juge d’instruction de Philippeville, ont été opérées à Metz, où un drapeau nationaliste et une cinquantaine de gourdins ont été saisis.

A Lyon, une soixantaine de Nord-Africains qui se formaient en cortège place Morand ont été dispersés. Trente porteurs de couteaux ont été appréhendés.

Enfin à Nevers la police a séparé des Algériens et des disponibles rappelés qui en étaient venus aux mains. Il y eut quelques blessés et plusieurs arrestations de part et d’autre.

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