Article paru dans La Vérité, n° 323, 23 octobre au 5 novembre 1953.
L’odieux d’un petit ministre dénommé Martinaud-Déplat a interdit à Messali Hadj d’assister aux derniers moments de son épouse. Les provocations se sont poursuivies pour tenter d’interdire à Messali de participer aux obsèques. Il a fallu cependant que le Gouvernement recule, car l’opinion publique ouvrière et démocrate a été soulevée d’indignation par la mesquinerie et l’indigence des mesures qu’aurait voulu prendre ce ministre.
Notre parti a envoyé une délégation aux obsèques de Mme Messali. Le Parti Communiste Français et la CGT également. Regrettons que le Parti Socialiste qui, pourtant, a protesté contre l’attitude du ministre, ne se soit pas associé aux autres partis ouvriers. Plus de deux mille personnes ont suivi le cortège, dont la moitié d’Algériens. Au cimetière, Messali Hadj a rendu un suprême hommage à sa compagne de lutte. Avec simplicité, il a relaté ce qu’était Mme Messali, que les Algériens appelaient la « Mère du peuple algérien ».
« Par delà la tombe de celle qui fut mon épouse – a-t-il déclaré en terminant son hommage –, je m’adresse au peuple français et je lui dis : cette Française qui était lorraine m’écrivait dans les moments les plus difficiles, dans le noir et le secret des prisons : « Messali, tiens ! Tu es sur la bonne voie. Dans mon cœur de Française, je sens qu’il n’y a pas de frontière pour la liberté. »
« Par delà la tombe de celle qui fut mon épouse, je m’adresse au peuple algérien et je lui dis : vois, il y a des Français travailleurs et démocrates qui sont avec toi dans la lutte contre les oppresseurs. Par delà la tombe de celle qui fut mon épouse, je m’adresse au peuple algérien et je leur dis : ensemble, nous construirons une société plus humaine, plus juste, où la liberté ne sera pas un vain mot. »
Le Parti Communiste Internationaliste s’incline devant la dépouille de cette combattante, et adresse au révolutionnaire intransigeant qu’est Messali Hadj, l’expression de sa solidarité totale.