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Frères Musulmans : Un mouvement au service du capitalisme

Article paru dans Travailleurs immigrés en lutte, mensuel de l’Organisation communiste révolutionnaire internationaliste d’Algérie, n° 44, octobre 1980, p. 3-4.

 

 

Depuis quelques années, on constate dans l’ensemble des pays arabes une recrudescence des activités des groupes se réclamant de l’Islam. La victoire de la « révolution islamique » en Iran a donné un véritable coup de fouet à l’intégrisme religieux.

En Algérie, les divers groupes intégristes ont marqué leur entrée sur la scène politique par des agressions répétées contre ceux qui ne sont pas des fervents des traditions islamiques réactionnaires. Lors des derniers mouvements de contestation sociale en Algérie, les bandes de « Frères Musulmans » se sont opposées de manière virulente et parfois violente aux grévistes ouvriers et étudiants.

Il est évident que, malgré leur opposition proclamée au régime, ces groupes font le jeu de la bourgeoisie, et cela sans parler de leurs liens avec certains hauts bureaucrates de l’Etat, de la police et de l’armée. Mais on ne peut écarter la possibilité que ces sectes religieuses et notamment la plus importante d’entre elles, celle des « Frères Musulmans » arrivent en l’absence d’un mouvement ouvrier organisé, et vu le mécontentement social dû à la dégradation des conditions de vie des masses laborieuses, à élargir leur audience au sein des couches les plus défavorisées de la population.

Itinéraire historique.

La secte des « Frères Musulmans » a été créée en Egypte vers 1928 par un instituteur, Hassan El Banna. Pour comprendre et analyser les conditions de naissance de la Fraternité Musulmane, il nous faut situer le contexte historique où elle a vu le jour. La société égyptienne sous l’occupation coloniale britannique et du fait de celle-ci -(l’Egypte jusqu’au coup d’Etat militaire de 1952 était « gouvernée » par la dynastie des descendants de Mehémet Ali, vice-roi d’Egypte au début du XXè siècle. En 1937 fut couronné le roi Farouk inféodé au colonialisme britannique qui exerçait sur le pays un « protectorat », contrôlant de ce fait le canal de Suez, veine jugulaire de l’empire coloriai britannique qui reliait les Indes à la métropole )- , renfermait une dualité. Deux formes économiques, politiques, sociales et culturelles cohabitaient de façon contradictoire : l’une capitaliste moderne, dûe à la domination de l’impérialisme britannique, l’autre féodale, précapitaliste.

C’est d’une réaction des milieux traditionnalistes de la classe possédante, – propriétaires fonciers, grands commerçants, dignitaires religieux -, face aux transformations, à « l’occidentalisation » des structures économiques, politiques, sociales et culturelles, qu’est née la Fraternité Musulmane.

Rivale du WAFD, parti bourgeois nationaliste libéral, la Fraternité acquit de 1938 à 1949 un grand poids politique. Malgré ses compromissions avec la monarchie de Farouk et l’occupant britannique, elle sut tirer profit des sentiments anti-colonialistes qui prévalaient au sein des différentes couches sociales et développer son audience jusqu’à organiser près d’un million d’individus.

Mais le putsch militaire de Nasser, et le régime nationaliste bourgeois auquel il donna lieu sonna le glas de la Fraternité Musulmane. La répression, le consensus social qu’arriva à réaliser le régime de Nasser, finirent par affaiblir politiquement et organisationnellement la Fraternité.

La base sociale.

La secte des « Frères Musulmans » a dès le début entretenu de bons rapports avec le palais. Le plus, parmi ses membres les plus influents, on trouvait des notables et de gros propriétaires fonciers. Son secrétaire général était un grand commerçant.

C’est les intérêts des fractions les plus réactionnaires de la bourgeoisie et de la petite-bourgeoisie que représente la secte en perpétuant l’obscurantisme religieux au sein des masses déshéritées

Au service du roi et du colonialisme.

Le soutien accordé par la monarchie de Farouk à la Fraternité n’est par conséquent pas dû au hasard. Ceci d’autant plus qu’El Banna voyait en Farouk « sa majesté royale musulmane, un espoir », à qui il fallait « soumettre nos foyers et notre obéissance, selon le Livre de Dieu et la Sunna de son prophète ».

L’un des objectifs constants de la politique du roi étant de limiter l’influence des nationalistes du WAFD, il trouva dans l’organisation d’El Banna. uns alliée. Celle-ci avec l’aval de la monarchie et des représentants de l’impérialisme britannique allait tenir le pavé contre les milices du WAFD, jouant un rôle qui n’est pas sans rappeler celui des « Chemises Noires » et autres sections d’assaut fascistes en Europe à la même époque.

(suite au prochain numéro).

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