Textes parus dans Et-Thaoura, journal révolutionnaire marxiste d’Algérie, n° 7, juillet-août 1984, p. 21-22
Entre octobre et décembre 1983, le pouvoir bourgeois a déclenché une opération d’intimidation et de répression de grande envergure : contrôles policiers musclés dans les villes, les quartiers, aux frontières…
Cette offensive du pouvoir s’est soldée par l’arrestation de plus de 600 personnes soupçonnées d’avoir des liens avec l’opposition ou ayant participé aux luttes syndicales, de femmes…
Ces arrestations, au moment où on assiste à un recul du mouvement de masse, n’ont pas ou peu suscité de réaction.
D’abord en Algérie, une pétition a été signée par 2700 personnes, mais ne réclamant que la libération de Ali Yahia. A notre connaissance, ce « comité » n’a pas pris d’autres initiatives.
En France, où l’information circulait très peu, aucune initiative publique ne fut prise. Il fallu attendre le débat sur le Maghreb du CEDETIM, où la quasi-totalité des courants de l’opposition étaient présents, pour que s’ouvre enfin un débat sur les différentes forces sur la nécessité d’un travail contre la répression et pour les libertés démocratiques. Mais le PCI (internationaliste) et l’OST ont pris l’initiative de publier un appel sous forme de pétition pour la constitution d’un comité pour la libération des prisonniers politiques en Algérie.
Après la signature de cet appel, par plusieurs personnalités, une réunion s’est tenue le 9 février pour la constitution du dit comité. Plusieurs militants et organisations étaient présents : le MDA, le PRS, Et-thaoura…
Nous soutenons ce comité et toutes les actions allant dans le sens du développement de la mobilisation pour arracher les prisonniers des geôles du pouvoir. Même si pour nous, limiter l’action de ce comité à la seule lutte pour la libération des prisonniers politiques ne se justifie nullement. Quelle sera sa position face à la répression des grèves ouvrières, aux interpellations et intimidations dont sont victimes tous ceux et toutes celles qui luttent pour leurs revendications légitimes ?
Nous pensons qu’il y a nécessité aujourd’hui d’une structure démocratique pour mener le combat contre toutes les formes de répressions en Algérie. Et ce travail contre la répression est inséparable du combat pour les libertés démocratiques.
Ceci demande un travail de longue haleine et nécessite l’ouverture et l’élargissement de ce comité à tous ceux qui veulent se battre sur ce terrain, un fonctionnement démocratique et la volonté d’impulser là où c’est possible des comités locaux. C’est dans ce sens que nous travaillons.
Mais l’OST a tout fait pour ne pas élargir le champ d’action du comité. Ce qui ne l’empêchera pas d’ailleurs de nous sortir des mots d’ordre du style : « Pour la défense des libertés démocratiques en Algérie » comme si ces libertés existaient déjà et qu’il ne fallait se battre que pour leur défense.
KHALID MAHMOUD
Meeting du 16 mars
Plus de 3000 personnes ont asssité au meeting organisé par le comité pour la libération des emprisonnés politiques en Algérie, le 16 mars dernier à la Mutualité.
Si l’assistance était nombreuse, il convient de dire que c’était surtout des militants d’organisations politiques notamment ceux du PCI (internationaliste) et du MDA (Ben bellistes). Les travailleurs algériens étaient peu nombreux. C’est pour cela que nous pensons que ce meeting n’a pas été de ce côté-là, une réussite.
Par contre, un pas positif a été la présence ou les messages de soutien de beaucoup d’intellectuels français, notamment ceux qui ont soutenu le FLN pendant la guerre de Libération nationale.
En dehors du PRS, les courants qui se sont exprimés à la tribune (OST, MDA, Harbi) sont restés sur un discours « démocratouillard ».
Par ailleurs, nous signalons l’attitude inadmissible de la présidence du meeting qui a refusé de lire entièrement le message d’Et-thaoura, sous prétexte qu’il était long. Ceci montre encore une fois l’attitude sectaire du PCI qui a d’ailleurs tout fait pour monopoliser la parole à travers ses satellites.
C’était à se demander d’ailleurs si ce n’était pas un meeting du PCI, point.
CORRESPONDANT
Message d’Et-thaoura au meeting du Comité pour la libération des emprisonnés politiques en Algérie
Depuis le printemps 80, puis Annaba, Constantine et Alger en mai 81, l’Oranie et Skikda en mai 82, la répression est devenue systématique, massive et ouverte. C’était là la seule réponse du pouvoir face aux revendications des masses populaires.
Aujourd’hui, alors qu’on assiste à un reflux relatif des luttes, la bourgeoisie algérienne est à l’offensive : expulsions et déportations de milliers de familles sans aucune mesure de relogement, vague d’arrestations sur l’ensemble du territoire en octobre et décembre 83, intervention systématique des forces de police dans les usines en grève, contrôles policiers musclés dans les villes.
Face à cette situation pour les libertés démocratiques est une nécessité vitale. Aussi la première tâche des militants révolutionnaires consiste à reconstruire le potentiel de lutte sur les différents terrains par l’organisation d’un large courant de lutte contre la répression et pour les libertés démocratiques.
En France, pour mener une lutte conséquente, les organisations de l’opposition algérienne devraient s’unir pour créer un mouvement massif de lutte contre la répression et pour les libertés démocratiques.
Dans ce mouvement, on ne devrait pas dissocier les luttes qui se mènent en Algérie des luttes des travailleurs immigrés qui sont eux aussi victimes de la répression de la bourgeoisie, répression orchestrée par la collusion des polices françaises et algériennes.
Nous pensons de plus que le consensus possible entre les organisations sur la nécessité de lutter pour les libertés démocratiques doit s’exprimer clairement en se battant sur la mise sur pied d’un mouvement ouvert à tous : organisations et individus et aux algériens et aux autres nationalités. Nous ne devons pas nous lancer dans une organisation de cartel qui ne saurait dépasser le sectarisme politique au détriment d’une lutte vitale et centrale : la lutte pour les libertés démocratiques. Ce combat est une nécessité impérieuse pour les révolutionnaires et tous les démocrates.
Aussi face à la situation actuelle en Algérie, les militants d’ET-THAOURA soutiennent l’initiative du comité pour la libération des emprisonnés politiques (militants et militantes syndicalistes arrêtés en octobre et décembre 83), même si pour nous la lutte pour la libération des prisonniers politiques est inséparable de la lutte contre la répression et pour les libertés démocratiques qui nécessite un combat de longue haleine et la construction d’un large mouvement unitaire de soutien des luttes des travailleurs et des masses populaires en Algérie.
NON AUX INTERPELLATIONS, AUX ARRESTATIONS
LIBERATION DES EMPRISONNES POLITIQUES
NON AU CODE DE LA FAMILLE
POUR L’EGALITE DES DROITS ENTRE HOMMES ET FEMMES
HALTE A LA REPRESSION, POUR LES LIBERTES DEMOCRATIQUES
POUR LA REVOLUTION SOCIALISTE, LE POUVOIR AUX TRAVAILLEURS
Paris, le 16 mars 1984
ET-THAOURA
Journal révolutionnaire marxiste d’Algérie