J’ai accordé un entretien à la journaliste Hana Menasria pour le quotidien algérien Liberté suite à la parution dans Le Monde de ma dernière tribune corédigée avec l’historien Mohammed Harbi. L’interview a été publiée ce jour sous le titre suivant : « Il faut se libérer du poids des ancêtres et des martyrs ».
En voici les premières lignes :
Liberté : Qu’est-ce qui a inspiré la tribune que vous avez publiée avec M. Harbi dans les colonnes du journal Le Monde ?
Nedjib Sidi Moussa : Nous avons été inspirés tout d’abord par le contexte actuel marqué par la répression, le reflux du Hirak, ainsi que les débats relatifs au référendum du 1er novembre. Pour rappel, en mars 2019, nous avions publié un premier texte intitulé L’Algérie est au bord de l’éclosion, largement repris par des médias algériens ou étrangers et qui était le produit d’une discussion suscitée par le surgissement populaire. Après plus d’une année et demie, et au vu de l’évolution de la situation, il nous est apparu nécessaire de rédiger une tribune (dont le titre original est Algérie : rouvrir un avenir à la révolution) pour rappeler que nous n’étions pas seulement aux côtés du peuple algérien dans les bons moments et que notre solidarité avec ceux qui se battent pour leur dignité ne signifie pas notre abdication en tant qu’intellectuels critiques, donc libres. Enfin, à titre personnel, j’ai interpellé la gauche française et internationaliste sur le moment présent à travers une adresse parue en septembre dans Politis.
La suite est librement accessible via ce lien ou dans tous les bons kiosques d’Algérie.
4 réponses sur « Révolution algérienne : entretien avec Hana Menasria pour « Liberté » »
Cher monsieur Nedjib Sidi Moussa, vous suivant plus ou moins assidument depuis quelques temps via votre newsletter, je tiens à vous complimenter pour la teneur de cet entretien et notamment cette phrase percutante, enthousiasmante et entrainante du dernier paragraphe « passer du pensable au possible » qui devrait constituer l’axiome absolu de tout révolutionnaire, progressiste, réformateur et bien évidemment politique (quoique !). Je pense en faire utile usage quand il m’en sera donné l’occasion, sans omettre d’en citer l’origine. Encore toutes mes félicitations.
Je profite de l’occasion, si la réponse ne vous n’est pas trop difficile à obtenir, pour vous demander si vous connaissez précisément les dates du séjour de Messali Hadj lors de son internement à Belle-Île-en-Mer à partir du 29 mars 1956. Mes vagabondages dans le passé de l’Internationale lettriste m’amenant actuellement à m’interroger sur la présence de Guy Debord cette même année, attestée par une (très) belle photographie de Michèle Bernstein cette année-là due à Louis Charles Garans, un des nombreux membres de la bande de la rue de Four, je me demande si, outre les souvenirs des Gondi de Retz et du Cardinal lors de son exil attachés au lieu et ceux de la maison d’éducation surveillée pour mineurs célébrée par une fameuse chanson de Prévert, « la chasse aux enfants » où avait séjourné à cette même époque son ami peintre Fontade chez Moineau, la présence de ce résistant anticolonial réprimé avait pu suggérer, au moins en intention, une rencontre (mais certes pas au fond d’un bar !). Cette hypothèse serait bien sûr crédibilisée si Mohamed Dahou se trouvait être du voyage, ce dont je dois m’enquérir auprès de son fils afin qu’il sollicite la mémoire de sa mère sur ce point. Dans ce cas, je ne manquerais pas de vous en faire part.
Très cordialement.
Cher monsieur Pierre Vincent-Royol, je vous remercie de votre message. On doit sans doute trouver d’autres personnes, qui, bien avant moi, ont utilisé l’expression que vous mentionnez. Pour vous répondre, Messali Hadj est placé en résidence surveillée à Belle-Ile-en-Mer jusqu’au 13 janvier 1959. Si vous trouvez des indices de cette rencontre alors je serais ravi d’en savoir davantage. Il faudrait peut-être chercher du côté des correspondances des uns et des autres. Restons en contact dans tous les cas ! Très cordialement
Bonjour,
si vous êtes d’une famille de Messaliste vous devriez savoir que l’assemblée constituante était le but – et l’est toujours aujourd’hui- au lieu de défendre un vague concpet de révolution et d’auto-organisation qui n’a jamais marché nulle part et n’est pas du tout réclamé par le Hirak et qui était le discours de Benbella-Boumediene pour dynamiter l’assemblée de 1963. Nous algériens voulons vivre dans un État moderne de droit (État libéral) et non pas dans un laboratoire communiste. Merci.
Bonjour Kahina,
Merci de votre message.
Vous semblez mettre en doute mes connaissances au sujet du mot d’ordre porté par le mouvement messaliste dans lequel je ne me reconnais pas politiquement, et c’est tout à fait mon droit. J’ai grandi dans une famille de réfugiés messalistes, ce n’est ni une honte ni une fierté. Mais cela ne m’oblige en rien à rester fidèle à une tradition quelconque en raison de mes origines ou du sacrifice de mes aïeux. C’est dans cet esprit que j’ai effectué mes travaux de recherches, avec une certaine empathie, mais surtout avec la distance nécessaire pour analyser les faits aussi objectivement que possible, en rupture avec toutes les mythologies. Je vous invite à vous référer à mes travaux scientifiques et mes prises de position. En cas de question ou de critique, j’y répondrai bien volontiers, en homme libre.
Vous donnez le sentiment de vouloir parler au nom du hirak et des Algériens, ce qui me semble déplacé, en raison de l’hétérogénéité du mouvement populaire et de la diversité de la société algérienne. Exprimez-vous en votre nom propre, explicitez votre orientation politique et ce serait déjà une grande victoire sur l’unanimisme. Je crois néanmoins deviner votre hostilité au communisme, à la révolution, à l’auto-organisation (que vous cherchez à discréditer en les associant au couple Ben Bella-Boumedienne). Vous parlez de l’assemblée constituante (qui était en réalité un moyen, pas une fin) et de l’Etat de droit libéral. Or, je pourrais rétorquer, avec vos mots et votre ton, que ce « vague concept… n’a jamais marché nulle part » sauf pour préserver les privilèges des classes possédantes, au détriment des exploités.
Bien à vous