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Religion et mystification

Article paru dans Alarme, n° 7, janvier-février-mars 1980, p. 10-11


« Mère » Térésa vient d’obtenir le prix Nobel de la paix. La télé, les grands moyens d’information du capital nous ont cassé les oreilles avec cette mystique.

La critique que nous faisons de cet événement, nous révolutionnaires, ne se place pas sur le terrain de savoir si nous sommes pour ou contre le fait que cette mystique ait reçu le prix. Ça, c’est le problème du capital qui décerne ses récompenses, pas le nôtre.

Il s’agit pour nous de montrer que la religion en général, et cette femme en particulier, n’ont pas un rôle positif pour l’humanité, comme on nous le répète, mais au contraire un rôle entièrement négatif, nocif et réactionnaire.

Nous la dénonçons comme :

Chrétienne. Aujourd’hui, en cette fin de 20e siècle, en plein capitalisme décadent, alors que le monde devrait être en plein communisme, on veut nous faire croire à l’existence d’un Dieu ! D’un être surhumain, créateur universel et maître de nos destinées ; allons balivernes !

Ce que le prolétariat doit savoir, c’est que ce n’est pas un Dieu qui l’a créé, mais que c’est l’évolution historique qui l’a créé, et qui a créé le capital, et que si le capital est détruit, ce ne sera pas non plus par une invention mystique, mais par le prolétariat (ou par la bombe atomique).

« Ce n’est pas Dieu qui a créé les hommes, ce sont les hommes qui ont créé Dieu ». De telles inventions, de telles créations, ne peuvent persister que dans des sociétés inhumaines, où l’homme est esclave, serf, ou prolétaire qui vend sa force de travail. L’homme n’est plus considéré que par son aptitude à produire, produire toujours plus. L’homme est destiné à être une bête productrice, avec si possible dans son cerveau, pour qu’il ne soit pas complètement vide, l’image rassurante d’un être parfait, père spirituel d’un monde éternellement inhumain.

Lorsqu’un homme devient révolutionnaire, il ne peut que casser cette image ridicule, il lutte contre le capitalisme, il lutte donc contre la religion.

Lorsqu’un prolétaire n’a aucune perspective révolutionnaire, lorsqu’il n’est même pas révolté, le fait de croire en Dieu lui permet encore de conserver l’ultime espoir qu’après avoir passé sa vie comme mouton dans le troupeau des prolétaires résignés, il pourra enfin profiter de sa mort, doux rêve bien profitable au capital.

Les révolutionnaires ne croient ni en Dieu ni au paradis ; ils ne veulent pas attendre la mort pour pouvoir enfin vivre. Ils luttent pour le communisme, qui n’est pas le paradis, mais la première société humaine. Ils savent que le communisme est aujourd’hui réalisable très rapidement. En effet, les conditions objectives sont réunies, il ne manque plus que les conditions subjectives, c’est-il-dire le souffle de la révolte allié à la conscience claire de ce qu’un être humain ne peut ou ne devrait pas supporter.

L’invention d’un Dieu pour les esclaves résignés, ça permet de faire croire à un messie, un libérateur qui un jour bien lointain viendra les libérer de cette société inhumaine. Ils ne comprennent pas, ou ne veulent pas comprendre, que ce n’est qu’avec nos propres forces, au moyen de la révolution sociale, que nous nous libérerons de nos chaînes. Les révolutionnaires l’ont compris, et ne peuvent donc que combattre une invention qui a pour but aujourd’hui de maintenir le capital.

« Mère » Teresa aide, parait-il, les pauvres, les orphelins, la presse du capital nous dit que c’est très bien ; « mère » Térésa est parait-il une grande humaniste.

Non, c’est faux, « mère » Térésa n’est pas humaniste, car le genre humain se meurt sous la barbarie du capitalisme décadent, et elle, elle ne lutte pas contre le capitalisme, au contraire la religion lutte pour le capitalisme et contre le communisme (Cf. ALARME n°6, article sur les voyages du pape).

La seule positivité étant aujourd’hui dans le communisme et la révolution sociale qui l’amènera, les humanistes, s’il en reste ne peuvent se trouver que du coté révolutionnaire.

L’Eglise naît et se renforce sur la misère de l’homme dans les sociétés inhumaines. La force qu’elle acquiert, elle l’utilise pour agrandir notre pauvreté, et notre inculture, en voulant nous faire croire à une destinée créée par un Dieu : Des hommes seraient là pour se faire exploiter, d’autres pour exploiter. Son but est de maintenir les sociétés d’exploitation de l’homme par l’homme. De cette exploitation, elle tirait et tire encore sa richesse. Aujourd’hui le capital bande ses forces pour barrer la route au communisme, et parmi, ses forces nous trouvons donc la religion, que ce soit l’Eglise catholique, qui envoie son pape de pays en pays (un grand nombre de pays réclame encore sa visite), pour essayer de réduire les troubles sociaux (Jean-Paul II n’a-t-il pas dit lors de son voyage en Pologne : « Vous devez avoir des convictions bien arrêtées, profondes et sincères, qu’elles soient chrétiennes ou marxistes » — lire staliniennes), que ce soit l’Ayatollah Khomeiny, qui pour faire l’unité nationale, pour remettre le prolétariat Iranien au travail, veut focaliser toutes les énergies, toutes les attentions sur 50 otages, et une éventuelle intervention américaine.

Finalement toutes les tendances capitalistes, Syndicats, Eglise, P. « S »., P. « C »., extrême gauche, droite, ont le même objectif : barrer la route au communisme, lutter à mort contre ce dernier, et pour cela, on veut nous faire croire à un Dieu, on veut nous faire voter, on veut nous faire autogérer notre exploitation, on veut nous faire participer aux campagnes d’entraide avec les cambodgiens. Comme si la barbarie générale du capitalisme, qui au Cambodge apparaît avec encore plus d’acuité, pourrait se résoudre par un envoi de capitaux. Nous signalons ici les bonnes opérations publicitaires réussies par quelques grandes firmes capitalistes qui ont envoyé gratuitement au Cambodge des marchandises produites par les prolétaires qu’elles exploitent. Là encore, la seule entraide véritable serait la révolution sociale mondiale qui libérerait le monde de la barbarie. Le but de cette action « humanitaire » est d’envoyer dans une voie sans issue les gens affolés par la progression de la barbarie dans le monde, et qui ne voient pas les atrocités dans lesquelles nous vivons comme résultant du capitalisme mais comme atrocité particulière et localisée dans tel point du monde, atrocité due à la politique de tel ou tel « mauvais dirigeant ».

Ces fausses alternatives sont souvent utilisées par le capital : la pollution vous déplaît : devenez écologiste – la guerre vous horrifie : devenez antimilitariste – vous êtes femme et mal traitée : devenez féministe – votre cœur débordant d’amour ne supporte plus l’assassinat continuel de Cambodgiens en grande quantité mais supporte encore l’exploitation de l’homme ici car certainement pratiquée avec plus de douceur : devenez dès aujourd’hui « humaniste » c’est-à-dire envoyez de l’argent, toujours plus, vous n’en serez que plus « humaniste »… et plus pauvre ; vous remarquez à juste titre, qu’actuellement, les individus sont extrêmement isolés, c’est-à-dire qu’il n’existe que très peu de communauté, communauté signifiant ensemble d’hommes réunis solidairement, par exemple par un but commun (il existe ainsi la communauté révolutionnaire, aussi réduite soit-elle, quant à la communauté capitaliste, elle n’existe que face à un mouvement communiste, sinon les capitalistes se dévorent entre eux) ; cet isolement vous pèse : devenez « communautaire », c’est-à-dire réunissez dans un appartement six personnes isolées et écrivez sur la porte d’entrée, en grandes lettres bleues : C O M M U N A U T E E.

La conclusion de cet article est courte et simple. Aucune des atrocités de ce monde ne peut être considérée comme problème isolé et résoluble à l’intérieur du capitalisme. Face à la barbarie du capital, la seule solution est de détruire le salariat, c’est-à-dire de détruire l’échange de marchandises.

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