Article signé G. S. paru dans Force ouvrière, n° 119, 8 avril 1948, p. 14
Ce titre étrange reflète, à y regarder, un contenu d’une profondeur extraordinaire. En effet, nous avons lu, dernièrement, toute une série d’ouvrages qui nous ont dévoilé les dessous des sociétés totalitaires.
George Orwell, auteur anglais connu, brillant essayiste, vaillant combattant de la guerre d’Espagne, a entrepris la tâche, périlleuse et pleine de dangers, de traiter, sous une forme satirique, l’organisation et le fonctionnement d’une société totalitaire (1). Inutile d’insister, de demander des précisions : chaque lecteur s’apercevra par une lecture qu’il n’abandonnera qu’une fois la dernière page atteinte, de qui et de quoi il s’agit.
Les fables de La Fontaine recèlent, comme tout le monde sait, une critique profonde de la société.
Jonathan Swift, lui aussi, a fait œuvre révolutionnaire, tout en présentant son œuvre sous une forme satirique. Eh bien, disons tout de suite que cet auteur anglais, extrêmement doué, a réussi un exploit digne de ses prédécesseurs. De quoi s’agit-il ? Nous assistons à une révolte des animaux d’une ferme contre leur maître qui marche sur deux pieds. Cette révolte couronnée d’une réussite totale, pose tous les problèmes d’organisation d’une société nouvelle : la Société animale. A l’aide d’exemples particulièrement heureux et plaisants, Orwell démontre le mécanisme d’une société qui se détourne des principes démocratiques, fausse le passé historique pour le compte de parvenus qui exploitent la Révolution au lieu de la servir.
Nous ne donnerons pas plus d’amples détails. Voilà une satire pleinement réussie, parce qu’aidant à comprendre la réalité présente.
G. S.
George Orwell : Les animaux partout : Ed. Odile Pathé, 1 vol. 150 francs.