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Alfred Rosmer : Russie. Les actes après les paroles

Extrait de la chronique d’Alfred Griot dit Alfred Rosmer parue dans La Révolution prolétarienne, n° 69 (370), février 1953, p. 10

Source : Moustique & La Libre

Et maintenant l’antisémitisme. La propagande éclate mais elle avait commencé bien avant le procès de Prague. Mais pourquoi et comment est-ce possible vont se demander ceux qui n’ont pas encore su mesurer le cynisme stalinien – le « réalisme », disent les thuriféraires (et on a vu, sitôt après le procès, des staliniens honteux se précipiter à l’aide de Staline, démontrant doctoralement que « antisionisme » n’est pas antisémitisme).

Pour deux raisons évidentes : d’abord gagner l’appui des Arabes, les exciter contre les juifs, contre les Anglais et les Américains. La position géographique des territoires qu’ils occupent est d’une grande importance : ils commandent les grandes routes maritimes ouest-est que Staline aurait alors la possibilité de bloquer, en même temps qu’il aurait, par eux, une ouverture sur la Méditerranée au moment où le barrage Belgrade-Athènes-Ankara lui ferme la voie.

Et gagner aussi les ultra-réactionnaires, les anciens nazis – dont beaucoup sont déjà incorporés dans l’appareil stalinien ; consolider les liens avec ceux des industriels de l’Allemagne de l’Ouest qui subventionnaient ouvertement la presse stalinienne par le moyen de la publicité. Dans tous les pays de l’Amérique latine, la conjonction réactionnaires-staliniens est réalisée, l’exemple le plus frappant étant l’Argentine où l’antiaméricanisme offre un prétexte commode aux staliniens pour soutenir Perón et son régime de basse démagogie.

On aurait pu penser qu’après Hitler il ne se trouverait aucun groupe ou parti pour reprendre à son compte l’antisémitisme, et que ceux des juifs qui avaient échappé à la politique d’extermination connaîtraient au moins un répit. Le « réalisme » de Staline se moque de ces sentiments ; pour lui, tout est bon contre l’Amérique.

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