Texte paru dans L’Humanité, seizième année, n° 5455, 25 mars 1919, p. 3
Voici le texte de l’appel lancé par le conseil des commissaires du peuple de la République hongroise et des conseils de travailleurs et que nous avions signalé hier en dernière heure :
A tous,
Nous annonçons aux travailleurs du monde qu’en Hongrie, le parti social-démocratique et le parti communiste se sont réunis en parti socialiste, et au nom de tous les travailleurs, paysans et soldats, ont créé une dictature du prolétariat, qui a pris le pouvoir politique sans verser une seule goutte de sang.
Le pouvoir politique est exercé provisoirement par le conseil des commissaires du peuple, jusqu’à ce que le congrès des conseils des paysans, ouvriers et soldats ait fixé définitivement la Constitution de la République hongroise des conseils. Le prolétariat hongrois tout entier, avec une décision unanime, fait bloc pour la dictature du prolétariat sous le drapeau de la révolution socialiste et veut poursuivre jusqu’au bout la lutte contre l’impérialisme en commun avec la République russe des soviets.
La révolution prolétarienne hongroise a été le résultat de deux forces. L’une est la volonté des travailleurs, paysans et soldats de ne pas porter plus longtemps le joug du capital. A l’ultimatum de l’Entente, exigeant en faveur de l’oligarchie roumaine la reddition immédiate et définitive de la Hongrie, le peuple hongrois a répondu par la création de la dictature prolétarienne.
Les bourgeois et annexionnistes tchèques, slovaques et roumains veulent abattre par les armes la révolution des travailleurs de Hongrie. Nous en appelons aux soldats tchèques, slovaques et roumains. Refusez l’obéissance, soulevez-vous, tournez vos armes contre vos propres oppresseurs, et ne soyez pas les bourreaux de vos frères, travailleurs et soldats de Hongrie. Nous en appelons aux travailleurs et paysans tchèques et roumains, et leur demandons : Secouez le joug de vos oppresseurs, qui, pour remplir leurs poches, vous ont poussés à la guerre contre vos frères.
Nous sommes décides d’ailleurs à nous défendre jusqu’à la dernière goutte de notre sang contre toute attaque. Autant nous sommes décidés à défendre contre quiconque la République hongroise des conseils, autant c’est en même temps notre volonté de conclure autant que possible une paix qui assure des conditions d’existence aux classes travailleuses hongroises et leur rendre possible de vivre en paix avec tous les peuples du monde.
Bela KUN,
commissaire du peuple aux affaires extérieures.