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En Afrique du Nord, la guerre civile est commencée

Article paru dans La Vérité, n° 333, du 18 juin au 1er juillet 1954, p. 1 et 5

IL n’est plus possible aux hommes politiques de l’impérialisme français de cacher la vérité. Ni les Fellaghas tunisiens, ni les Algériens qui dans le Sud combattent en liaison avec eux, ni les « terroristes » marocains ne sont des bandits. C’est la « résistance », c’est l’avant-garde de « l’armée de libération nationale » qui s’organise. Les observateurs sérieux de la bourgeoisie française, tels les journalistes du monde sont obligés d’en convenir. Plus encore, la concentration massive des troupes de répression en Afrique du Nord, l’appui général de la population arabe aux éléments armés expriment de la façon la plus nette, le caractère de guerre civile que prend la lutte des peuples d’Afrique du Nord pour leur libération.

« Les fellaghas sont insaisissables, ils sont partout et nulle part », écrit « Le Monde », qui nous informe que le « fellagha » pris armé déclare :

« Nous nous soulevons pour que la France nous rende nos droits », et le colon :

« Cela a commencé ainsi en Indochine ».

Voilà qui est clair. Pour le travailleur français, le problème de celui qui commence est secondaire – l’impérialisme portant l’entière responsabilité de l’oppression nationale des peuples colonisés -. Il n’est cependant pas inutile de noter que c’est du côté « français » que sont partis l’assassinat de Ferhat Hached et de Hedi Chaker impunis à ce jour, la déposition du Sultan et les massacres des « grands Comers » à Casablanca. C’est en riposte à ces mesures que les peuples nord-africains ont commencé à se poser le problème de la résistance et que les éléments les plus décidés se sont armés.

Le général commandant des troupes françaises de Tunisie, entend casser « de l’Arabe ». De Castries et Navarre voulaient « casser du Viet ». Dien-Bien-Phu a sonné le glas de ces fanfaronnades. La montée révolutionnaire des masses arabes et ses échos immédiats en France même liquideront les espérances de l’impérialisme français quant à ses possibilités de maintenir « l’ordre » en Afrique du Nord.

Les provocations contre Bourguiba et Messali, les arrestations de militants MTLD, les discours de Léonard, Lacoste et Voizard, autant de démonstrations qui confirment le fait que l’unification des luttes à travers tout le Maghreb est à l’ordre du jour. Dans le combat libérateur, la victoire des masses est assurée. La rapidité plus ou moins grande de cette victoire dépend dans une mesure non négligeable de la solidarité active du peuple français et de la politique des organisations ouvrières françaises. Nul doute que la volonté de lutte qui mûrit parmi les masses ouvrières de ce pays apportera son aide aux mouvements d’indépendance nationale. Le sort en est jeté. L’impérialisme français s’effondrera en Afrique du Nord, comme il s’effondre en Indochine. Les peuples opprimés se libèreront de leurs chaînes.

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