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Joseph Romero : L’antifascisme en Algérie

Article de Joseph Romero paru dans Le Combat syndicaliste, 27e année, Nouvelle série, n° 124, 10 septembre 1954, p. 4

Un groupe d’antifascistes français et étrangers assoiffés d’un idéal de justice, ont constitué, voici six mois, le Groupe des Amis de S.I.A. de Blida.

Quelques idéalistes ont adhéré dans le but d’apporter leur précieuse obole, morale et matérielle, à l’action exceptionnelle et philanthropique de S.I.A. Cependant, nous devons confesser que malgré le temps écoulé, il y a encore beaucoup d’antifascistes de notre localité qui, quoique cela paraisse invraisemblable, n’ont pas répondu à notre dernier appel de coopération fraternelle. Nous répétons qu’il nous paraît invraisemblable que depuis six mois de constitution, il existe encore à Blida, des hommes de conscience libre qui ne se soient pas joints à nous, profitant de l’occasion qui leur est offerte pour mettre en pratique la première des vertus humaines.

Au cas où cette abstention serait due à la méconnaissance de l’idée que nous défendons, voici une simple esquisse de ce que S.I.A. représente et poursuit :

Solidarité Internationale Antifasciste est une association constituée exclusivement dans des buts altruistes : pour prodiguer des conseils et stimuler, pour secourir et aider nos semblables, sans autre contrepartie que la satisfaction du bien réalisé.

Son essence fondamentale est la plus parfaite : le mutualisme, ce sentiment de fraternité qui se représente dans une famille comprenant tous les êtres affinitaires du monde, proportionnant mutuellement la gloire d’aimer et de se protéger comme des frères, concourant inconditionnellement à adoucir toutes ses douleurs et partager toutes ses peines.

Pour comprendre l’admirable activité de S.I.A., il faut s’imaginer un monde sans amour et sans pitié ; un monde dans lequel règnerait seulement la haine et l’égoïsme ; un monde de sauvages qui ne vaudrait pas la peine d’y avoir vécu et dans lequel on serait logiquement désireux de disparaître faute de relations et de mutuelle compréhension entre ses habitants.

Par bonheur, la solidarité est enencore enracinée dans beaucoup de cœurs, dans le sens moral de la première lettre de S.I.A., le monde est digne d’être vécu, parce que dans le malheur, dans la douleur, dans la maladie, dans l’enfance et dans la vieillesse, l’humanité trouve une multitude de frères qui veillent pour elle, comme si en réalité, nous étions fils d’une même mère. Pour cela elle mérite le nom d’internationale, et même si elle était dénommée Universelle, son titre ne serait pas trop ample proportionnellement à l’idéal qu’elle professe et à l’activité qu’elle réalise.

Notre organisme est antifasciste parce que c’est la condition indispensable dans le monde cordial et humain que S.I.A. préconise ; puisque le fascisme, loin de contribuer à l’union fraternelle, fait tout le contraire, réveille la haine personnelle et contribue à la prédominance d’un homme, d’une seule volonté, appelé dictateur, ou bien d’une stricte minorité de classe dénommée dictatoriale, privative et contraire aux organisations libres du peuple, dans lesquels prédominent les directives du cœur et du cerveau, soit les vertus et sentiments fondamentaux de la philanthropie et de l’amour fraternel, ce qui ne peut pas se produire sous la cloche pneumatique qu’est la dictature ou le totalitarisme, où, privés de liberté, ceux-ci succombent par asphyxie.

Ceci bien que S.I.A. qui remplit son rôle d’opposant au fascisme et de moralisation des forces dispersées ; sortant de l’embarras celui qui est contrarié, aidant celui qui vacille, n’ait pas d’autre moyen de subsistance que celui que les anti-autoritaires à outrance lui procurent.

Après ce sommaire exposé, nous avons confiance en tous ceux qui sentent battre dans leur poitrine les vrais sentiments altruistes ; ils comprendront notre raisonnement, en leur réservant une place dans le sein de notre famille solidaire.

Pour la délégation :
Les Amis de S.I.A. de Blida
Le Secrétaire : J. ROMERO.

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