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Tous au meeting du 15 octobre pour la libération de Messali Hadj

Deux tracts du Comité pour la libération de Messali Hadj suivis d’une réponse de la CGT de la Régie Renault « Pour la libération de Messali Hadj, contre la répression colonialiste », 14 octobre 1954

EN MAI 1952, UN HOMME EST ENLEVE PAR LES FORCES DE L’ORDRE.

Emmené en avion pour une destination inconnue, il est transporté à Niort (Deux-Sèvres). Interdit de séjour en vertu d’une condamnation qu’il subit SOUS VICHY, la France entière lui est interdite à l’exclusion de son département de « résidence ».

Condamné à 15 ans de travaux forcés, TOUJOURS PAR VICHY, déporté au cœur de l’Afrique Noire, CET HOMME N’A CONNU, EN 15 ANNEES, QUE QUELQUES MOIS DE LIBERTE !

Cet homme, C’EST MESSALI HADJ, dirigeant algérien, ennemi juré des colonialistes et de l’impérialisme qui, pour cela, le poursuivent d’une haine incessante.

Le gouvernement Mendès-France, sans doute pour être fidèle à la politique suivie par tous ses prédécesseurs sans exception depuis 1944, vient de prendre une nouvelle mesure, De Niort et, naturellement sans qu’on lui demande son avis, Messali Hadj a été transporté en Vendée.

Que laisse présager cette nouvelle mesure d’éloignement ?

Pourquoi frapper de nouveau un militant nationaliste auquel on ne peut reprocher que ses opinions alors, que par ailleurs, le gouvernement et sa presse ne cessent de se déclarer partisans d’une politique néo-libérale en Tunisie et au Maroc ?

La raison en est simple, pour le gouvernement Mendès-France, rien ne va pour le mieux. Après avoir vécu sur le bluff de la Paix en Indochine – Paix qui fut le fait des combattants Vietminh à Dien Rien Phu – Mendes France a été obligé d’avouer qu’il faudrait attendre 1956 pour envisager une diminution des crédits militaires. Ainsi la Paix est réalisée, MAIS LES TRAVAILLEURS CONTINUENT A PAYER.

Après avoir annoncé une ère libérale en Tunisie, les pourparlers traînent en longueur et les fellaghas, pas dupes des promesses – on leur en a tant fait – continuent leur action.

Après avoir repoussé la C.E.D., dans l’intérêt des capitalistes français, Mendès-France accepte la politique atlantique de guerre à la Conférence des 9 à Londres.

Après avoir donné aux travailleurs français le « Rendez-vous d’Octobre », Mendès-France commence à expliquer gue LES AUGMENTATIONS DE SALAIRES posent des problèmes délicats et qu’on ne peut envisager un relèvement général. Autant dire que le « Rendez-vous d’Octobre » sera riche en promesses mais que là s’arrêtera la politique gouvernementale.

Plus le temps passe et plus la politique du gouvernement apparaît, ce qu’elle n’a jamais cessé d’être : une POLITIQUE AU SERVICE DES GRANDS TRUSTS ET DES GRANDS CAPITALISTES.

ET LA MESURE PRISE A L’ENCONTRE DU DIRIGEANT DU M.T.L.D. VISE A LA FOIS LE PEUPLE ALGERIEN EN CE QU’ELLE PREPARE UN NOUVEAU COUP CONTRE LUI, MAIS AUSSI LE PEUPLE DE FRANCE EN CE QUE LA DOMINATION ABSOLUE DE LA METROPOLE SUR LES PEUPLES COLONISES FACILITE GRANDEMENT L’EXPLOITATION DES TRAVAILLEURS FRANCAIS.

Aucune justification juridique ne peut venir étayer la politique du Gouvernement prise contre Messali Hadi.

Aucun argument légal ne peut faire approuver les mesures prises contre Messali Hadj.

CETTE SITUATION DOIT CESSER !

Des militants ouvriers et syndicaux, des personnalités françaises ont pensé que cette question ne pouvait être seulement l’apanage des Nord-Africains et en particulier des Algériens, tant il est vrai « QU’UN PEUPLE QUI EN OPPRIME UN AUTRE NE PEUT PAS ETRE UN PEUPLE LIBRE ».

Un COMITE NATIONAL POUR LA LIBERATION DE MESSALI HADJ s’est formé.

Son but : LIBERER MESSALI HADJ.
Ses moyens : AGIR PAR LA PAROLE ET PAR L’EXEMPLE.
Son soutien : LES MILLIONS DE TRAVAILLEURS DE FRANCE, ENNEMIS DE L’INJUSTICE ET DEFENSEURS DE LA LIBERTE.

Partout, le Comité National pour la Libération de Messali Hadj entend alerter l’opinion publique.

C’est pourquoi VENDREDI 15 OCTOBRE, à 12 H 30, SUR LA PLACE NATIONALE, sous la présidence de Daniel RENARD,

YVES DECHEZELLES, avocat à la Cour,

prendra la parole et dira, au nom du Comité, la nécessité d’ARRACHER MESSALI HADJ DES GRIFFES DE L’IMPERIALISME

LE COMITE NATIONAL POUR LA LIBERATION de MESSALI HADJ.

LES ORGANISATIONS SYNDICALES DE L’ENTREPRISE ONT ETE INVITEES A APPORTER LEUR SOUTIEN A CETTE INITIATIVE.

Adresser toute correspondance à : Annie CARDINAL, 43 rue Liancourt, Paris XIVe


Pour la libération immédiate de Messali Hadj

Le cas est typique : en mai 1952, un homme est arrêté, déporté en avion à Niort, placé en résidence surveillée, sans l’ombre d’une justification légale.

Pourquoi ?

Parce qu’il est le dirigeant du mouvement national algérien, le président du MOUVEMENT POUR LE TRIOMPHE DES LIBERTES DEMOCRATIQUES (M.T.L.D.).

De toutes parts, des protestations s’élèvent : militants ouvriers de toutes tendances, démocrates, libéraux, le Comité pour l’Amnistie, que préside M. Louis MASSIGNON, professeur au Collège de France, se saisit du cas. Le Président de la République, le Gouvernement sont alertés.

Le 26 septembre 1954, le Ministre de l’Intérieur se penche sur le cas :
on attend qu’il rende justice, qu’il casse un arrêté illégal.

LES CONDITIONS DE DÉPORTATION DE MESSALI HADJ
SONT ENCORE AGGRAVÉES !

C’en est assez !

Les militants ouvriers de toutes tendances, les personnalités dont les noms suivent, s’adressent aux travailleurs manuels et intellectuels.

IL FAUT AGIR ET VITE !

Dans les syndicats, dans les entreprises, élevez votre protestation, faites adopter par vos camarades de travail l’exigence de la LIBERATION
INCONDITIONNELLE ET IMMÉDIATE DE MESSALI HADJ !
Organisez meetings sur meetings !

IL FAUT AGIR : il y va de l’honneur du peuple français.

ADHÉREZ AU COMITÉ POUR LA LIBÉRATION
INCONDITIONELLE DE MESSALI HADJ !

POUR SON PREMIER MEETING

Vendredi 15 octobre 1954

le Comité s’adressera aux travailleurs des Usines Renault

PREMIERS SIGNATAIRES

Yves DECHEZELLES, Avocat à la Cour.
Pierre MATHIEU, employé syndiqué F. O.
Pierre DERCOURT, employé.
Ida BOIREAU, employée.
Laurent SCHWARTZ, professeur à la Sorbonne, syndiqué à la Fédération de l’Education Nationale autonome.
Daniel RENARD, métallurgiste.
Pierre BOSSUT, instituteur, syndiqué au Syndicat National des Instituteurs.
Roland FILIATRE, ouvrier du Service des Eaux, syndique C. G. T.
Pierre LAMBERT, employé, syndiqué C. G. T.
Jean CASSOU, écrivain.
Jean THOMAS, administrateur civil au Ministère du Travail, syndiqué C. G. T.
Yvan CRAIPEAU, professeur, Fédération de l’Education Nationale Autonome.
Paul RUFF, professeur agrégé, Syndicat de l’Enseignement de la Région Parisienne.

Les premiers signataires s’excusent auprès des nombreux militants ouvriers et personnalités qui, sans nul doute, auraient signé ce premier appel.

Mais nous avons voulu faire vite et alerter rapidement l’opinion publique ouvrière de ce pays. Nous leur demandons d’envoyer leur adhésion en écrivant à : Annie CARDINAL, 43, rue Liancourt, PARIS (1er)


C.G.T. SYNDICAT DES TRAVAILLEURS DE LA REGIE RENAULT F.S.M.

POUR LA LIBERATION DE MESSALI HADJ, CONTRE LA REPRESSION COLONIALISTE

En Algérie, tout un peuple lutte pour la conquête de son indépendance et pour la liberté de gérer lui-même ses propres affaires. Les travailleurs Français sont solidaires de la lutte courageuse menée par les populations Algériennes des villes et des campagnes contre l’oppression colonialiste.

Le gouvernement, pour maintenir les profits scandaleux réalisés par les colonialistes sur la sueur et le sang de la population Algérienne, accentue la répression. Il maintient en déportation l’un des dirigeants d’une organisation nationaliste : Messali HADJ. Il fait régner en Algérie un régime de terreur, qui, au nom de la « civilisation » fait chaque jour de nouvelles victimes parmi la population Algérienne.

L’oppression colonialiste contraint également des centaines de milliers de travailleurs Algériens à s’expatrier et a vivre loin de leurs familles.

Chez Renault, plus de 4.000 Algériens travaillent dans des conditions pénibles, la plupart étant employés chaque jour aux travaux les plus d’uns : aux forges, aux fonderies, au caoutchouc.

Le gouvernement leur refuse la parité pour le paiement des allocations familiales et la sécurité sociale à colle des travailleurs Français.

En tête de ses revendications , sur les problèmes Nord-Africains, la C.G.T. appelle les travailleurs Français au soutien effectif de la lutte du peuple Algérien pour son indépendance. La C.G.T. défend également les revendications particulières des travailleurs Algériens.


Une invitation à participer à un meeting, nous a été adressée par un Comité dont la composition n’était pas précisée, Comité se déclarant l’organisateur d’un meeting semblable à la Mutualité le 3 Octobre, auquel participa un représentant de la C.G.T.

Le Syndicat C.G.T. s’était déclaré d’accord pour sa participation à ce meeting, dans les conditions semblables à celui de la Mutualité.

Mais ensuite, un tract de ce soi-disant Comité révéla qu’il était composé en grande partie d’éléments trotskystes, dont RENARD Daniel, bien connu des travailleurs de chez Renault pour avoir été exclu de la C.G.T. sur proposition des syndiqués de son Département en raison de son activité provocatrice.

En même temps, nous avons appris que ce « Comité » n’a nullement été l’organisateur du meeting de la Mutualité.

Enfin, ce « Comité » avait caché dans la lettre adressée au Syndicat C.G.T., le fait que RENARD présiderait le meeting de la Place Nationale.

Dans ces conditions, le Syndicat C.G.T. refuse sa participation à ce meeting.

Le Syndicat C.G.T. Renault, met plus particulièrement en garde les travailleurs Algériens sur l’activité politico-policière et provocatrice que ne cessent de déployer les trotskystes dans les luttes menées par les travailleurs. Leur activité consiste avant tout à semer la confusion et la démoralisation dans les rangs de la classe ouvrière, à la désorienter par des mots d’ordre de provocation, tout en cherchant à tromper la vigilance des travailleurs en reprenant quelques uns de leurs justes mots d’ordre.

Cette attitude des RENARD et Cie ne nous surprend nullement. Ce n’est pas le moyen d’obtenir la libération de Messali HADJ. C’est pourquoi, sans s’immiscer dans les affaires intérieures qui divisent actuellement en deux tendances le M.T.L.D., qui toutes deux se réclament publiquement du M.T.L.D. et en ne faisant rien qui puisse faire apparaître notre Syndicat C.G.T. Renault comme prenant position pour l’une ou l’autre de ses tendances, notre Syndicat appelle les travailleurs à lutter pour que cessent les mesures arbitraires prises à l’encontre de Messali HADJ par des gouvernements colonialistes, en signant des listes de pétition et en envoyant des délégations au Ministère de l’Intérieur.

Notre Syndicat propose également à l’ensemble des organisations syndicales de faire une démarche commune auprès du gouvernement pour exiger la libération de Messali HADJ et celle de tous les patriotes Algériens emprisonnés.

Ainsi, nous affirmerons, comme notre Syndicat n’a cessé de l’exprimer en maintes circonstances, la volonté des travailleurs de chez Renault de faire libérer Messali HADJ pour qu’il puisse vivre libre dans son pays.


le 14 octobre 1954

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