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Défendons les ouvriers étrangers…

Article signé L.G. paru dans La Vérité, n° 229, 5 janvier 1935

ARGUMENTS FASCISTES

Du Travail au Français ! ! ! Du travail aux français : phrase qui sonne et qui malheureusement porte sur l’esprit des masses non éclairées.

Restons sur le terrain de nos arrondissements ouvriers : XIe, XIXe et XXe, puisque c’est sur ce terrain que s’essayent nos « phraseurs nationaux ».

Du travail aux français ! Comme cela paraît facile à régler.

Raisonnons un peu. Voyons de quelles catégories de travailleurs sont formées les industries qui emploient des « émigrés ». Nous y voyons principalement des cordonniers, des maroquiniers, des tricoteurs, des tailleurs, des confectionneurs.

Il faut reconnaître que dans ces professions ce sont des ouvriers qualifiés.

Et alors ? Peut-on les remplacer par des ouvriers français en chômage et spécialisés dans d’autres métiers tels que : mécaniciens, chauffeurs, chaudronniers, plombiers, peintres ou même garçons de café ? La question ne peut donc être résolue dans ce sens. Il y a encore l’absurdité du décret voté sous l’influence du grand démocrate qui ne voit guère plus loin que sa mère malade et qui règle l’emploi de la main-d’œuvre étrangère dans la proportion de 10 % même dans des catégories de métiers où cela est impossible à appliquer.

Résultats : Dans nos arrondissements, des multitudes d’ateliers sont fermés, d’autres vont fermer ; d’honnêtes ouvriers sont jetés à la rue sans aucun secours en perspective.

Pourtant ces gens-là n’ont pas demandé à venir, on les y a engagés en leur promettant droit de cité, travail et bons salaires.

On leur avait laissé entrevoir la possibilité de se créer des foyers, enfin de vivre ici normalement.

Pour la majorité, ils sont ici avec leurs familles, certains sont chefs de famille, d’autres sont mariés à des françaises. Et maintenant on voudrait les chasser sous prétexte d’atténuer la crise.

Opium avec lequel on espère endormir le peuple qui souffre et détourner sa juste colère envers les responsables de ses misères qui ne sont sûrement pas les ouvriers émigrés.

Ce ne sont pas les mesures prises par notre gouvernement qui diminueront le chômage, au contraire et « Le Temps » avoue lui-même que dans la période du 16 novembre au 1er décembre, il est entré en France 36 travailleurs étrangers et il en est sorti 1.109. Le chômage a-t-il diminué, même proportionnellement ? Pas du tout, la misère s’est encore accrue, même la ruine s’est installée chez beaucoup de petits patrons qui se trouvent dans l’impossibilité de continuer à faire fonctionner leurs machines.

Si c’est cela qu’a voulu notre gouvernement, c’est parfaitement réussi ! Mais pour les travailleurs français aucun avantage ; si nous voulons vraiment montrer notre solidarité ouvrière, c’est à nous, socialistes, de montrer la voie et de lutter pour l’aboutissement de nos justes revendications : Gouvernement Ouvrier et Paysan, application pour tous du Plan de la C.G.T. sans distinction de Nationalité.

L. G.