Article de Kostas Axelos suivi de « Fragments » parus dans Arguments, n° 14, 2e trimestre 1959, p. 20-25
En ces temps où « la » pensée se fait rare, ses sous-produits inondant le marché mondial de la production et de la consommation des biens culturels, il faut savoir reconnaître et saluer un penseur lorsqu’on le rencontre. Theodor Wiesengrund Adorno n’est pas un grand penseur, un fondateur ; il a néanmoins le mérite d’essayer de penser, aujourd’hui même, où l’effort de penser se trouve écrasé par l’anodine, accablante et multicolore érudition académique et par les segmentations technicistes, quand il n’est pas pris, ailleurs, dans l’engrenage des rotatives du journalisme énervé et superficiel ou quand il ne succombe pas sous la vague de platitude et de vulgarisation qui déferle de tous côtés.