Article paru dans La Dépêche quotidienne d’Algérie, 3 mai 1958
Devant le Tribunal permanent des forces armées d’Alger s’est ouvert hier un important procès groupant seize individus accusés de faire partie de cellules terroristes d’obédience MNA, l’une localisée dans la région de Baraki, l’autre au Gué-de-Constantine.
Les inculpés sont les nommés Hamra Akkacha, 34 ans, épicier à Maison-Carrée : Hamza Abdelkader, 32 ans, journalier à Maison-Carrée; Rahmiuni Larbii, 35 ans ; Sadoun Ali, 25 ans, chauffeurs à Sidi-Moussa ; Djaffar Ali, dit « Aliouette », 24 ans, journalier à Fort-de-l’eau ; Tetfirt Kaddour, 39 ans, commerçant à Baraki, Ladjali Ramdane, 36 ans, garde champêtre à Baraki ; Berahma Ahmed dit « Adda », journalier ; Mabrouk Youssef, 22 ans, électricien ; Touati Salah, 29 ans, manoeuvre à Sidi-Moussa ; Touati Messaoud dit Hocine, 27 ans de Sidi-Moussa ; Seghier Mohamed, dit « Boumoza », 23 ans, serrurier à Kouba ; Tihar Boualem, 22 ans, d’Alger ; Khelifi Omar, 24 ans, ouvrier agricole à l’Arba ; Zemour Amar, 22 ans, ouvrier à Saint-Eugène ; Raab Ahmed, 29 ans, jardinier à Azarga.
Cinq autre individus, en fuite, sont jugés par contumace : Boukheddouni Mohamed, Hamza Mohamed, Saâdallah Hamed, touati Yahia et Aggou Mohamed dit « Moh Chitane ».
Tous sont inculpés d’association de malfaiteurs, certains, en outre d’assassinats, tentatives d’assassinat ou complicité, détention illégale d’armes et munitions et d’explosifs.
Hamza Akkacha avait été arrêté le 25 janvier 1957 à la suite d’une enquête menée par la quatrième brigade de la P.J. d’Alger.
Interrogé, Hamza avait reconnu appartenir à un groupe armé M.N.A. de Baraki ; il indiquait les noms des membres de ce groupe ainsi que ceux d’un groupe voisin, du Gué-de-Constantine. L’ensemble était placé sous les ordres de son propre frère, Hamza Mohamed, actuellement en fuite.
Plusieurs arrestations étaient alors opérées.
Actes criminels à l’actif du groupe
Avant son démantèlement, la kasma de Kouba avait accompli plusieurs actions criminelles :
Le 24 avril 1956, vers 18h30, à Sidi-Moussa, sur la route départementale n°14, assassinat de l’inspecteur Paul Debono.
Le 2 juin 1956, vers 21h30, incendie des bâtiments de la briqueterie Ariach, au Gué-de-Constantine.
Le 24 octobre 1956, vers 19h30, incendie de la briqueterie Borilhe, au Gué-de-Constantine, rapidement circonscrit par le personnel de l’entreprise.
Le 27 octobre 1956, à 19h30, attentat contre M. François Tourre, chef de gare au Gué-de-Constantine, blessé à coups de revolver, alors qu’il se trouvait devant la porte de son habitation, son petit-fils de 18 mois dans les bras.
Le 6 décembre 1956, à 6h, autre attentat contre M. Mathieu Rigo qui se rendait à Maison-Carrée en voiture ; les balles ne l’atteignirent heureusement pas.
Le 25 décembre 1956, à 14h, devant le stade de Baraki, assassinat de M. Aït el Hocine, tué par plusieurs coups de pistolet, tandis que son compagnon, M. Krizoun Ali, était grièvement blessé.
En s’enfuyant, ayant accompli leur acte, les tueurs, s’engouffrèrent dans la voiture du garde champêtre Ladjali, en stationnement sur la route de Kouba ; sous la menace de leurs armes, ils obligèrent le garde à les conduire jusqu’à un lieu sûr.
Les deux audiences de la journée d’hier, ont été consacrées aux interrogatoires des accusés et à l’audition des témoins. Les débats se poursuivront aujourd’hui.