Article paru dans Le Libertaire, n° 358, 30 avril 1953.
Venu dès sa jeunesse aux idées libertaires, Saïl Mohamed fut toujours un militant exemplaire. Agitateur, propagandiste, militant fraternel, il s’était fait une règle d’intransigeance, repoussant tout geste qui eût pu avoir un caractère mercantile, méprisant ses intérêts personnels.
Combattant de la Révolution espagnole dans la colonne Durruti, militant de chaque instant, il paya ses activités de 11 ans de prison et de camps.
A la Libération, il se retrouvait parmi les jeunes pour reconstituer le mouvement et le groupe, qu’il animait à Aulnay-sous-Bois, est un des plus actifs de la Région Parisienne. Saïl fut un infatigable propagandiste du LIBERTAIRE, l’homme de tous les dévouements et de tous les coups durs.
Saïl n’avait pas oublié ses frères de race et les luttes héroïques du peuple algérien. Grâce à lui, en grande partie, la Fédération Anarchiste avait pu trouver un large écho dans les milieux nord-africains.
Récemment, alors que des éléments douteux avaient tenté de détruire l’unité du mouvement, Saïl Mohamed prenait la tête de la saine réaction qui permet à la F.A. de continuer plus forte que jamais.
Quelques jours avant de disparaître, alors que d’atroces souffrances le clouaient sur son lit à l’hôpital franco-musulman, il déclarait aux camarades du Comité de la Région Parisienne : « Continuez, les jeunes, vous êtes sur le bon chemin, n’écoutez pas les critiques stériles de ceux qui n’ont jamais rien fait. Avec vous, je suis dans ma vraie famille ».
Que sa compagne et ses proches reçoivent ici le témoignage de notre sympathie.
Saïl restera toujours dans nos souvenirs comme le type même du militant, prêt à tous les sacrifices, jamais découragé.
LE COMITE NATIONAL
Inhumation jeudi 30 avril, à 16 heures. Rendez-vous Cimetière Musulman, à Bobigny. Autobus Porte de la Villette.
