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Malcolm « X » à Paris

Article paru dans Pouvoir ouvrier, n° 66, décembre 1964, p. 12

Malcolm « X », ex-leader des « musulmans noirs » américains (et actuellement leader d’un Mouvement pour l’Unité Afro-américaine) a tenu le 26 novembre à la Mutualité une réunion organisée par Présence Africaine.

Malcolm revenait d’un voyage dans les pays d’Afrique Noire. Dans un court exposé en anglais il a expliqué comment la lutte des africains pour l’indépendance a déclenché la lutte des noirs aux U.S.A. et leur a permis de retrouver la fierté « de leur négritude ». Son voyage avait pour but d’internationaliser la lutte des noirs dans le monde : « Le problème noir n’est pas seulement américain mais doit être ressenti comme un problème humain des droits de l’homme et la question sera portée devant l’O.N.U. « 

Le public, composé essentiellement de noirs africains et américains, répondit chaleureusement à ses paroles. Mais, nous les quelques blancs de la salle, nous nous sentions un peu de trop lorsqu’un auditeur démontra que le premier homme était un noir, et que Malcolm « X » prédit que la race noire allait devenir prédominante dans le monde, que la lutte des noirs enfin s’engageait contre les blancs.

De quel blanc et de quel noir s’agissait-t-il ? Nous attendions que Malcolm fasse le lien entre la lutte du noir et celle du travailleur opprimé, mis à part la violence avec laquelle il attaqua les colonialistes européens en Afrique et l’impérialiste américain, ses analyses politiques furent inexistantes sinon racistes. Lorsqu’une personne de l’assistance demanda quel était son programme politique, il répondit : « il n’y n pas de solution économique ou politique au problème noir.

Puisque le retour en Afrique des noirs américains n’est plus que symbolique et psychologique, que Malcolm « X » a choisi de se battre aux U.S.A. et que, d’autre part, il refuse l’intégration des noirs à la société américaine, où veut-il en venir ?

Il faudra bien qu’il se tourne vers ceux qui sont aussi, sous d’autres formes, opprimés et exploités par la même société qui opprime et exploite les noirs, c’est-à-dire vers les travailleurs américains.

Il est vrai qu’on peut être à la fois travailleur et avoir des préjugés antinoir et que c’est le cas de beaucoup de travailleurs américains, mais il ne sert à rien de répondre au racisme blanc par un racisme noir. C’est pourquoi Malclom « X », aussi révolté soit-il, semble engagé dans une impasse.

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