Lettre parue dans Tout !, 29 juillet 1971, p. 2
Après lecture de la lettre de Mohamed (cf. « Tout » n° 14), nous tenons à faire les remarques suivantes ;
Notre camarade ne se base que sur des tentatives de rapports sexuels pour prouver le racisme des filles (françaises).
Nous répondons donc à ces (ses) quelques arguments par ce qui suit :
– De quel droit Mohamed prétend-il qu’une fille est raciste à partir du moment où elle refuse de « partager son lit » ? Ce qui voudrait dire que toute « Française » voulant prouver son antiracisme devrait accepter les « avances » de n’importe quel mâle de couleur…
– Dans le cas d’une réponse affirmative (! ! !) essayons de voir une autre face des choses.
Mohamed accepterait-il (lui) toutes les avances faites des filles (au gars) si le cas se présentait, sans demander à avoir un libre choix, pour prouver son absence d’ « idées racistes ».
Dans le cas présent nous n’en doutons pas, ab – ? – ? – ? qu’il est, la taille de sa lettre le prouve, par tout ce qui se rapporte au problème du baisage.
Nous essayons de comprendre son problème, savons qu’il est important ; mais ne permettons pas une généralisation aussi aberrante.
En prenant le cas d’une camarade qui a envie de discuter avec Mohamed et donne ses idées de gauche et antiracistes (exemple qu’il nous a cité à plusieurs reprises), si au bout de deux heures de conversation, celle-ci n’accepte pas de coucher avec lui, son refus sera taxé de comportement raciste.
Mais cette logique enfantine, réfutée avant que d’être posée, amène à une réflexion plus profonde : c’est du respect de la femme en tant qu’être humain c’est-à-dire de son intelligence et de sa capacité d’action, qu’il s’agit. A nous donc de donner un exemple : Certaines camarades faisant de l’alphabétisation nous ont dit n’être vues que sous l’aspect d’une « fille » et non d’une camarade qui agit.
Mohamed pense-t-il différemment ?
Il ne remarque et ne tient compte des luttes et actions menées par les femmes ; ceci est secondaire et d’après sa lettre ne l’effleure même pas.
Il n’y a que deux alternatives dans l’esprit de notre camarade.
– Tu acceptes de baiser avec un homme de couleur et dans ce cas tu es révolutionnaire ; ou tu refuses, et là tu n’a même pas le droit de te prétendre de gauche ; ce qui sous-entend une discrimination sexuelle à notre égard.
La lutte contre le racisme ne peut se faire, ni réussir dans l’esprit étriqué de Mohamed dont les idées doivent être partagées par d’autres camarades.
On n’aborde ni le problème politique, donc économique ni celui du
logement ni celui de l’emploi !
C’est une remise en question totale que nous devons faire, un élément étant indissolublement lié à un ensemble de question aussi importantes.
Quand les opprimés se jettent des accusations réciproques à la figure et s’entre-déchirent, notre victoire ne sera pas pour un avenir proche
Mais si, au contraire, nous essayons de luttes dans un contexte plus large le cadre de nos problèmes spécifiques étant lié aux problèmes des autres camarades, nous pourrons dégager un élan révolutionnaire harmonieux et non contradictoire.
Un groupe de filles.