Tract du Mouvement libertaire nord-africain reproduit dans Le Libertaire, n° 409, 16 décembre 1954
LE Mouvement Libertaire Nord-Africain estime que le véritable responsable des événements actuels, en liaison avec ceux du Maroc et de Tunisie est le régime colonialiste, basé sur l’expropriation des terres, la surexploitation, le chômage, la répression et l’opposition au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, ainsi qu’aux aspirations révolutionnaires des travailleurs.
Le M.L.N.A. signale que l’accusation contre la propagande étrangère
n’est qu’une diversion afin de détourner l’attention internationale des véritables responsabilités du régime colonialiste.
Il proteste violemment contre la dissolution arbitraire du M.T.L.D., la
détention non moins arbitraire de ses militants et responsables envers qui il exprime sa solidarité, les procédés employés pour les faire « avouer » et réclame leur libération immédiate et le rapport du décret de dissolution, les atteintes à la liberté de la presse, en Algérie et en France, par la saisie illégale des journaux, y compris celle du Libertaire, organe de la Fédération Communiste Libertaire, 145, quai de Valmy, Paris (10e).
Et, à cette occasion, il manifeste sa solidarité envers cette dernière organisation, membre comme lui de l’Internationale Communiste Libertaire, qui, en liaison avec les peuples et les travailleurs coloniaux, mène la lutte anticolonialiste, et a lancé, en France, un appel solennel pour la constitution d’un « Comité de lutte contre la répression colonialiste ».
Le M.L.N.A. dénonce le caractère provocateur des mesures militaires et
policières, et, en particulier, de celles qui risquent de s’abattre sur la malheureuse population de l’Aurès, et grâce auxquelles les éléments colonialistes les plus réactionnaires espèrent renouveler les massacres du Constantinois et raffermir leur surexploitation.
Il dénonce le caractère haineux, mensonger de la presse colonialiste aux ordres de la grosse colonisation et de la sauvegarde de ses privilèges.
La solution n’est pas dans le néo-colonialisme économique et social du
gouvernement Mendès-France, au service de l’impérialisme français et de sa bourgeoisie.
Elle n’est pas dans le renforcement de « l’Ordre », préconisé et obtenu par la Fédération des maires, agents de la grosse colonisation, grâce à une campagne de panique savamment orchestrée parmi l’opinion publique et à des menaces à l’égard des « responsables » qui ne sauraient pas faire respecter « l’Ordre ».
Elle n’est pas, non plus, dans celle du parti prétendu communiste aux
ordres de l’impérialisme soviétique, avec sa trahison, comme à Genève de la libération révolutionnaire des peuples et des travailleurs, par les marchandages entre gouvernements impérialistes.
Elle n’est pas, non plus, dans la collaboration, comme en Tunisie, entre
une bourgeoisie autochtone, trahissant l’émancipation révolutionnaire des travailleurs et la bourgeoisie française.
La solution est, au-delà de la simple libération politique nationale dans
la lutte de tous les exploités, en union étroite avec les travailleurs révolutionnaires de France, l’ennemi étant le même, contre tous les exploiteurs, à quelque race qu’ils appartiennent, vers la société sans classe et sans Etat, la société Communiste Libertaire.
Et, dans l’ordre d’urgence, elle est dans les « Comités de lutte contre la répression », que le M.L.N.A. appelle solennellement tous les anticolonialistes, révolutionnaires, syndicalistes, hommes de conscience libre à constituer d’urgence, s’ils ne veulent pas que la répression s’abatte sur eux également, et sur l’idéal révolutionnaire qu’ils représentent.
LE MOUVEMENT LIBERTAIRE NORD-AFRICAIN.
(Tract distribué en Algérie par nos camarades du M.L.N.A.).