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L’impérialisme russe se démasque !

Article paru dans Pouvoir ouvrier, organe central des communistes révolutionnaires en France, n° 12, juillet-août 1945, p. 2

Comme dit L’Humanité, des bruits courent sur l’armée « rouge ». Pillage des prisonniers français, rafles quelquefois sanglantes, vol de bijoux, viols collectifs des compagnes de travailleurs, convoyages brutaux, voire exécution sommaire, voilà ce que racontent d’innombrables rapatriés.

L’Humanité essaie d’étouffer le scandale par tous les moyens et surtout par les menaces policières aux « agents de la 5e colonne » et aussi par le contre-témoignage favorable. Mais on n’intimide pas des témoins quand ce sont des masses et on ne couvre pas leurs voix avec celle d’un parti nombreux.

Ce que l’Humanité oublie de dire, c’est que les prisonniers ne se plaignent pas seulement des mauvais traitements subis par eux-mêmes, mais surtout s’indignent du viol des lemmes allemandes de 14 à 70 ans, du massacre, des incendies d’agglomérations ayant vécu de façon le plus souvent fraternelle et amicale avec les travailleurs allemands, ouvriers, petits paysans, femmes, depuis des années, ils n’admettent pas les mœurs de sauvages.

La fameuse « 5e colonne » dont parle l’Humanité, c’est-à-dire l’agence de l’impérialisme allemand, n’est pas l’instigateur d’une rumeur qui est en fait essentiellement spontanée. L’écroulement de l’impérialisme allemand a porté un coup mortel à ses appendices dans les divers pays. En revanche, la rumeur anti-russe est plus ou moins discrètement utilisée par les impérialismes concurrents de la Russie (Angleterre et États-Unis) et par leurs alliés bourgeois ou leurs agents en France. Comme les staliniens ont créé un chauvinisme russe en France, leurs émules cherchent à développer un chauvinisme anti-russe y compris dans la classe ouvrière.

Les ouvriers ne doivent pas être dupes de ces manœuvres qui tendent à diviser le prolétariat entre le camp russe et le camp américain dans la guerre impérialiste que les bourgeois préparent, quoi qu’ils ne puissent pas la déclencher avant d’avoir réussi à abattre la révolution qui vient. Un des principaux résultats de cette guerre, c’est que le grand mensonge de la Russie « socialiste » est éventé. L’Armée « Rouge » n’est pas une armée au service du prolétariat mondial. C’est une armée de pillage, de viol et d’assassinat. Elle est l’armée d’un régime capitaliste, d’exploitation et d’oppression. Elle ressemble à l’armée d’Hitler avec ses SS, à l’armée française massacreuse des Syriens, des Libanais, des Algériens ; à l’armée Leclerc qui retourne contre les travailleurs allemands le poignard des SS.

Mais qui fait avec certains ouvriers et paysans une soldatesque saoule et féroce ? Qui fabrique les SS américains, anglais, allemands, russes, italiens, japonais ou français ? La bourgeoisie qui veut faire des travailleurs, exactement comme les exploiteurs de la Rome antique faisaient s’entrégorger les gladiateurs dans les cirques. Ceux des Russes qui se sont conduits en sauvages (et tous ne l’ont pas fait) ont obéi aux ordres de Staline qui leur a répété pendant des années : « Exterminer l’envahisseur allemand. » Ce sont des victimes et des dupes de l’école d’abrutissement qu’est l’impérialisme, comme tout impérialisme. Le prolétariat russe exploité, opprimé et massacré férocement par le capitalisme d’État russe, s’oriente lui aussi, inévitablement, vers le renversement de Staline et de l’État bourgeois en Russie.

Aux prolétaires en uniforme russe comme au prolétariat français, il faut rappeler et répéter :

Contre la guerre et la bourgeoisie impérialiste,

Prolétaires de tous les pays, unissez-vous.

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