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« Des extrémistes purs »

Article paru dans Pouvoir ouvrier, Organe Central des Communistes Révolutionnaires en France (Pour la Nouvelle Internationale Communiste), n° 13, septembre-octobre 1945, p. 2

C’est sous ce titre que le Front Ouvrier de Lyon entreprend une attaque contre les Communistes révolutionnaires et « Pouvoir ouvrier ». C’est que nos opinions représentent un danger pour les chefs réformistes. On ne peut plus passer sous silence les C.R. Mais le Front Ouvrier déforme nos idées pour mieux les discréditer auprès de ses lecteurs. En effet, « notre solution consiste à renverser la bourgeoisie, à détruire le capitalisme et la propriété privée, etc., par le pouvoir ouvrier ». Mais cela ne veut pas dire que nous croisons les bras jusqu’à la révolution, car chaque lutte ouvrière est un jalon, sur le chemin vers l’émancipation complète de la classe ouvrière.

Les Communistes révolutionnaires participent de toutes leurs forces aux luttes ouvrières, ils soutiennent toutes les revendications immédiates des ouvriers et de tous les exploités : pour nos salaires, pour notre ravitaillement, pour nos libertés. Mais ils ne présentent pas ces luttes partielles comme « la solution », ils combattent les illusions réformistes utilisées par la démagogie impérialiste. Le Front Ouvrier par contre s’arrête là, il préconise des réformes du capitalisme même.

Nous démontrons que les nationalisations au profit de l’Etat capitaliste, représentant de la partie dominante de la bourgeoisie, ne profitent nullement au prolétariat. Au contraire, l’exploitation est souvent accentuée et ceux qui osent faire la grève sont considérés comme des « insoumis ». Les nationalisations sont dans l’intérêt d’une partie importante du grand capital. Ceux qui prétendent le contraire, trompent la classe ouvrière. Les mineurs du Nord et les ouvriers de chez Berliet sont nos témoins. Le Front Ouvrier se tait sur ces faits, il se tait aussi quand un ouvrier lyonnais est poursuivi par la police « démocratique » parce qu’il a osé être contre l’escroquerie capitaliste des nationalisations actuelles.

Le Front Ouvrier pense que la Russie est socialiste ou ouvrière, puisqu’il se moque de notre opinion à ce sujet. Pour le Front Ouvrier, toute nationalisation est socialiste, même là où, comme en Russie, l’Etat-patron capitaliste réduit l’ensemble du prolétariat et de la paysannerie à l’esclavage. Pour le Front Ouvrier le prolétariat est-il toujours au pouvoir — en Russie — en octobre 1917.

Pour le Front Ouvrier les F.F.I. étaient une armée ouvrière révolutionnaire ou presque. Pour nous, les jeunes ouvriers égarés dans les F.F.I. n’étaient nullement des « zazous » mais des camarades illusionnés et nous leur avons déconseillé de se battre pour la bourgeoisie. Le Front Ouvrier par contre a renforcé leurs illusions. D’ailleurs, un bon nombre d’anciens F.F.I. a aujourd’hui compris qu’ils avaient été dupés. Le Front Ouvrier ne veut pas comprendre.

Résumons. Partout où les ouvriers ont quelque chose à gagner — dans leurs multiples luttes quotidiennes à l’usine, dans le syndicat, à la caserne, etc., — pour nos salaires, pour notre ravitaillement, pour des meilleures conditions de travail, etc., contre l’emprisonnement des militants ouvriers, syndicalistes, anarchistes, trotskystes, pour la liberté complète d’expression de toutes les tendances ouvrières au nom des intérêts de la classe ouvrière et non de ceux de la « Résistance » bourgeoise, pour toutes les libertés et tous les droits des ouvriers et de tous les exploités, les C.R. ne cessent pas de combattre, les C.R. sont aux côtés des ouvriers et luttent avec eux. Mais les C.R. ne s’arrêtent pas là. Ils essaient toujours, à chaque lutte revendicative, de lever à un niveau supérieur la conscience des ouvriers et ils démontrent toujours qu’à l’époque actuelle le Pouvoir Ouvrier est devenu la seule solution des contradictions capitalistes. Et là où les travailleurs n’ont rien à gagner — par exemple les deux projets bourgeois pour la « constituante » — les C.R. dénoncent l’escroquerie. Là où les ouvriers n’ont rien à attendre qu’une forme différente de l’exploitation — nationalisations au profit de l’Etat capitaliste — les C.R. mettent en garde les prolétaires contre la démagogie réformiste.

Et voilà pourquoi les réformistes honteux nous appellent des « extrémistes purs ».

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