Déclaration du 19 juin 1962 diffusée sous forme de tract et reproduite dans Réalités Algériennes, n° 23, juin 1962, p. 2-3
Le BUREAU POLITIQUE DU P.P.A. s’est réuni pour examiner la situation en Algérie et définir sa position sur le scrutin d’autodétermination.
Le BUREAU POLITIQUE DU P.P.A. constate que le peuple algérien n’aura à se prononcer que sur une seule option, à savoir : « Voulez-vous que l’Algérie devienne un État indépendant coopérant avec la France dans les conditions définies par les déclarations du 19 mars 1962 ? ».
Que signifie cette formule ? Celle-ci montre clairement que l’indépendance de l’Algérie est conditionnée par la coopération. En d’autres termes, cela veut dire que l’électeur qui votera pour cette formulation aura voté en même temps pour les accords d’Évian du 19 mars 1962. Cette manière de procéder est contraire aux principes de l’autodétermination, car le peuple algérien aura ainsi à se prononcer non pas sur l’autodétermination, mais sur une prédétermination.
C’est pour toutes ces considérations que le P.P.A. a d’ailleurs fait d’expresses réserves sur les accords d’Évian. Cependant, il a décidé de participer, d’une manière active, à l’édification de l’État algérien conformément aux principes de l’autodétermination.
En ce qui concerne la coopération, le P.P.A. a été le premier à la préconiser. Mais il entend que cette coopération soit négociée après l’indépendance et non imposée dans une formulation politique. Autrement dit, cette coopération fera l’objet d’une négociation entre le gouvernement français et le gouvernement algérien issu de la CONSTITUANTE ALGÉRIENNE SOUVERAINE.
Mais il n’en demeure pas moins que la formulation, telle qu’elle est présentée, place l’électeur algérien devant un dilemme. Comment alors s’en sortir ? Car aucun Algérien ne peut dire non à l’indépendance, même si celle-ci est subordonnée à une condition.
C’est pourquoi le BUREAU POLITIQUE DU P.P.A. décide, à son corps défendant. d’appeler les Algériens à voter OUI. En l’occurrence, ce OUI signifie L’INDÉPENDANCE DE L’ALGÉRIE.
Tel est le sens que nous entendons donner à notre participation au scrutin d’autodétermination du 1er juillet 1962.
Les accords d’Évian ne répondant pas entièrement aux objectifs de la Révolution Algérienne, il appartient donc au peuple algérien de la parfaire par ses efforts, son union et sa réconciliation.
Paris, le 19 juin 1962.