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Les Antilles décolonisées, de Daniel Guérin

Recension parue dans Quatrième Internationale, 15e année, Vol. 15, n° 1-3, mars 1957, p. 72

Voici la première publication donnant une vue d’ensemble sur les Antilles, leur structure sociale et leurs problèmes économiques, sociaux, politiques.

Le résultat de l’entreprise de Daniel Guérin est en effet « remarquable », comme le souligne Aimé Césaire dans sa préface :

« Voici que de cette poussière d’îles, de ces appartenances hétéroclites, de ce bric-à-brac de terres, surgit un fait auquel on ne pense pas assez et qui désormais s’incruste dans l’esprit : l’unité antillaise ».

L’unité structurée des Antilles dont Daniel Guérin analyse tous les aspects : « la poussée démographique » d’une population parmi les plus déshéritées de la terre ; les formes de l’exploitation impérialiste ; les vices de l’administration colonialiste ; la géographie des différentes couches sociales de la population et leur mentalité. Dans une deuxième partie, Daniel Guérin décrit le processus de la prise de conscience raciale, sociale et politique par les masses de la région Caraïbe, et discute largement la question de leur avenir social et politique : autonomie ou assimilation ? vers une confédération antillaise ?

On ne saurait sous-estimer les obstacles de toutes sortes qui se dressent devant ce que Aimé Césaire appelle les différentes « nations antillaises » en train de se former pour les acheminer vers une confédération antillaise, cadre ethnique, économique et civilisateur incontestablement le plus approprié pour leur « décolonisation véritable » et leur épanouissement.

Mais cette perspective semble de toute façon nécessaire, avant tout aux représentants du mouvement ouvrier marxiste naissant dans cette région afin d’œuvrer au rapprochement, à l’unité d’action et même à son unification future, dans une association de tous les partis ouvriers marxistes antillais. La « décolonisation » des Antilles est impensable sans qu’elles ne réalisent d’une manière ou d’une autre leur unité en tant que complexe ethnique, économique et administratif propre.

Toute autre solution ne serait que demi-mesure.

Ce sera au mouvement ouvrier marxiste des Antilles de réaliser, dans le cadre du développement de la révolution socialiste mondiale, la prophétie, maintenant beaucoup plus rapprochée, de Victor Schœlcher, l’émancipateur des esclaves que cite Daniel Guérin :

« En examinant la position des Antilles au milieu de l’Océan, en regardant sur la carte où on les voit presque se toucher, on est pris de la pensée qu’elles pourraient bien un jour constituer ensemble un corps social dans le monde moderne ».

« … Elles seraient unies confédérativement par un intérêt commun et auraient une marine, une industrie, des arts, une littérature qui leur seraient propre. Cela se fera peut-être dans un, dans deux, dans trois siècles mais cela se fera parce que naturel ».


(1) Editions Présence Africaine, Paris.

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