Catégories
presse

Jean-Pierre Vial : Métro Charonne

Article de Jean-Pierre Vial paru dans Lutte ouvrière, n° 526, 1er juillet 1978, p. 17

Le 8 février 1962, une manifestation contre les attentats de l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète, organisation d’extrême-droite militant pour l’Algérie Française) qui avait étendu son action terroriste de l’Algérie à la France et avait fait exploser le 7 février, la veille même, 17 bombes à Paris, est sauvagement chargée par la police. Au métro Charonne, il y a neuf morts et des blessés par centaines.

Dans le livre Métro Charonne, Isaure de Saint Pierre et Jean Max restituent ce qui s’est passé ces deux jours-là. Pas sous forme historique, mais sous forme romancée.

Quelques personnages, qui chacun de leur côté, se préparent à se rendre à la manifestation à la République ou à la Bastille, sont rapidement dessinés. Un couple de postiers. Des travailleurs au journal L’Humanité. Des gens qui habitent près du métro Charonne. Mais aussi les flics que ces hommes et ces femmes vont affronter, des flics racistes, sadiques, d’une compagnie spécialement recrutée pour les coups durs dans les manifestations, et qui, hystériques, allaient bientôt matraquer jusqu’à tuer.

Il ne faut pas chercher dans ce livre la restitution du contexte politique. Mais l’atmosphère qui règne à Paris ce jour-là, dans les quartiers de la Bastille et de la République, est recréée. Et même si les raisons qui guident les manifestants ne sont pas dites, même si l’on présente ceux qui sont tombés sous les coups des matraques policières au travers seulement de leurs petites préoccupations du moment, le roman fait revivre un fragment de la réalité de ce jour-là.

Et cette fiction — car les personnages du roman ne sont pas les personnages réels — vaut les meilleurs témoignages.

C’est un récit simple, direct, émouvant, d’une manifestation où l’on voit la police dans le plein exercice de ses basses œuvres.

J.P. VIAL


Métro Charonne de Isaure de Saint-Pierre et Jean Max – Editions Olivier Orban – 42 F.

Laisser un commentaire