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Les amis de l’intifada algérienne : Alger brûle, Paris dort

Tract des Amis de l’intifada algérienne, octobre 1988

10/10/1988. EMEUTES A ALGER. (Photo by Nacerdine ZEBAR/Gamma-Rapho via Getty Images)

Alors qu’après les massacres de cette semaine les arrestations massives (4000), les tortures et les lourdes condamnations (4, 6 et 8 ans pour les émeutiers d’Annaba) se succèdent, politiciens et pleureuses médiatiques, par leurs déclarations mensongères, brouillent le sens évident des « évènements » d’Algérie : c’est une véritable révolution sociale qui a commencé là-bas !

En réduisant en cendres, en pillant tous les symb6les honnis du pouvoir (magasins d’Etat, mairies, commissariats, palais de justice) et les repaires de la bourgeoisie, les jeunes prolétaires algériens ont, sans intermédiaires et sans « direction politique », attaqué de plein fouet la dictature bureaucratique et la misère qu’elle organise. Pour les émeutiers, il ne s’agit bien évidemment pas d’aménager cette misère qui les écrase, mais de la détruire !

C’est parce que la jeunesse sauvage a frappé au cœur des villes, n’épargnant rien sur son passage et surtout pas les symboles de cette richesse dont elle est exclue, que les charognes au pouvoir ont entrepris de noyer dans le sang la belle violence des insurgés.

La conjuration du silence et la complicité active de tous les pouvoirs avec les bouchers qui font tirer à la mitrailleuse sur la foule, au-delà de simples considérations diplomatiques, se comprennent aisément à la lumière des propos de cet émeutier d’Oran lors d’un pillage : « On rentre on se sert, on partage ! » : quel homme d’Etat, quel politicien peut se sentir solidaire d’un tel programme ?… C’est bien la question sociale réapparaissant de façon si inquiétante qui fait trembler les propriétaires de ce monde. Les professionnels de la falsification, en avançant des raisons purement alimentaires à la colère des émeutiers, isolent un aspect de leur misère pour mieux cacher ce qu’elle a de commun avec celle qui nous écrase ici, sur cette autre terre de malheur qu’est la France. Comme nous les comprenons ces jeunes détruisant le décor sinistre du monde de la survie : là-bas la pénurie, ici son abondance !

Si le soulèvement semble apparemment avoir aujourd’hui baissé d’intensité, du fait de l’ampleur de la répression, il est clair que rien n’est fini pour autant : déjà éclatent des grèves qui pourraient relancer le feu de la colère. Les seules chances de victoire tiennent désormais dans les capacités d’auto-organisation des prolétaires, dans la maîtrise absolue de tous les moments de leur combat ; en retrouvant le meilleur de ce qui fit déjà la force du « printemps berbère » de 1980 : un mouvement sans chefs ni partis.

LES AMIS DE L’INTIFADA ALGERIENNE

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