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A propos d’une actualité relative à la violence

Texte paru dans I.R.L., journal d’expressions libertaires, n° 30, novembre 1979, p. 8


PRISE DE POSITION DES ÉQUIPES DE PRÉVENTION DE LA SLEA (Société Lyonnaise pour l’Enfance et l’Adolescence).


PRÉALABLE

Face à une sollicitation réitérée des organismes de presse, des corps constitués, comme des personnes ordinaires, nous, équipes de prévention de la S.L.E.A, présentes sur les quartiers de la Grappinière, Vaulx-en-Velin, Saint-Jean Villeurbanne, les Buers, Part-Dieu-Guillottière, acceptons d’évoquer collectivement notre position par rapport à la violence.

Néanmoins, nous soulignons combien ce discours n’est, dans notre pratique, qu’une interrogation constante sur des problèmes plus vitaux que les prises de position officielles, de quelque bord qu’elles viennent, y compris la nôtre.

Si nous parlons à haute voix, c’est dans l’unique mesure où nos questions auraient quelque chance d’aboutir à une prise en considération des populations concernées par notre action.

Tout fait divers monté en épingle, dans un contexte de violence, sur un quelconque quartier, n’est que le révélateur d’une insécurité qui existe sur le plan régional et national.

La toile de fond de ces évènements est, sans conteste, la profonde détérioration des rapports économiques et sociaux (chômage, système scolaire inadapté, politique d’immigration, absence de reconnaissance sociale et de maîtrise sur leur environnement par les intéressés ; et ce, pour une majorité de la population).

Face à ce drame, ce sont les jeunes, et à plus forte raison les jeunes immigrés qui sont dénoncés en première ligne, comme responsables de la violence.

N’y a-t-il pas là un détournement des responsabilités ? La concentration de certaines populations (parfois désignée comme « ghetto ») est-elle autre chose que la manifestation concrète d’une politique d’exclusion sociale ?

N’est-ce pas la violence dans laquelle baigne la vie quotidienne (de la crise économique aux moyens d’information) qui fait « le délinquant » qui, pris de cette manière en « otage » justifie une intervention légalisée ?

Ceci posé comme solution immédiate ne semble en fait qu’une réaction qui engendre l’escalade de la violence.

Au point de notre réflexion, il nous paraît que toutes solutions actuelles (répression, expulsion, exclusion ou renforcement du contrôle social) sont illusoires et contraires à la recherche de la sécurité et du « mieux vivre ».

En conséquence, il est nécessaire que la population se mobilise dans un sens constructif et revendicatif pour reconstruire, avec force, une solidarité active, dans laquelle les exclus d’aujourd’hui seront participants.

Dans l’exercice de nos fonctions, nous serons attentifs à collaborer avec toute personne, association, institution qui aura fait ce choix courageux et à contre-courant.

Septembre 1979

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