Communiqué du MTLD paru dans Alger Républicain, 20 février 1954
On nous communique :
Le tribunal correctionnel de Tlemcen a condamné jeudi plusieurs dizaines d’Algériens à 84 années d’emprisonnement. Les faits qu’on leur reprochait remontent au mois d’octobre de l’an dernier.
On se souvient à cette époque que le C.S.V.R. ainsi que le M.T.L.D. avaient organisé une « Quinzaine de lutte contre la répression ». A Nedroma, au cours d’une distribution de tracts et au moment où une édition spéciale de « L’Algérie Libre » était vendue, la police intervint brutalement contre les diffuseurs. Une personne était tuée et plusieurs autres blessées. Ce fut le point de départ d’une vague d’arrestations. 52 Algériens ont été maintenus en prison. Ce sont eux qui ont été déférés devant le tribunal de Tlemcen et lourdement condamnés par lui.
Malgré une défense serrée, menée par des avocats de Paris, d’Oran et de Tlemcen, le tribunal n’hésita pas à prononcer un verdict plus que sévère.
Comme on le constate, les forces dites de « l’ordre » sont libres de provoquer des désordres, de tuer des gens ou de les emprisonner. Ce sont elles qu’on devrait normalement poursuivre, comme toujours, rien n’a été fait. Ceux que l’on poursuit, ce sont les victimes des provocations, ceux que l’on poursuit, ce sont les Algériens qui veulent justement bannir de leur pays l’oppression et l’injustice.
L’ère des complots n’est pas close. L’exemple de cette affaire le prouve amplement.
Le M.T.L.D. élève une solennelle protestation contre ces pratiques et estime que le seul verdict qui devait être prononcé était la relaxe pure et simple.
Le M.T.L.D. constate que les régions de Nedroma et de Nemours sont, depuis plusieurs mois, la cible d’une répression systématique. Après les condamnations de femmes, on frappe, aujourd’hui, les hommes des mêmes régions de peines encore plus lourdes.
Tout en continuant à lutter inlassablement pour la libération de ces Algériens emprisonnés, victimes de la répression coloniale, le M.T.L.D. affirme que ce n’est pas par des moyens de violence que le colonialisme se perpétuera, que ce n’est pas par la force qu’il empêchera les Algériens d’accentuer leur juste combat pour leur juste cause.
Il invite tous les Algériens et tous les démocrates conséquents à unir leurs protestations à la sienne.
La répression est fonction de la division du peuple algérien. Le meilleur moyen de la combattre est de s’unir. C’est là une raison supplémentaire qui doit amener tous les Algériens à agir pour la constitution du Congrès national algérien.
Le M.T.L.D.