Article paru dans Alger Républicain, 10 avril 1954
Toujours en vertu d’une même commission rogatoire et par conséquent de façon tout à fait illégale, de nouvelles perquisitions ont été opérées hier dans les locaux et chez de nombreux militants du MTLD, dans plusieurs localités d’Algérie. A Constantine, Oran, Bougie, Birkadem, Reibell, l’Arba, Aumale, l’Alma, Le Corso notamment, plusieurs arrestations ont été effectuées.
Que signifient de telles opérations ? A quoi veut aboutir l’administration ? Prépare-t-elle un nouveau complot contre les forces progressistes d’Algérie ?
Ce sont les questions que se posent avec anxiété tous les Algériens, indignés par de telles opérations et décidés unanimement à [y] faire échec.
Nous publions ci-dessous le texte du communiqué que nous a adressé le MTLD à ce sujet :
« Les 11 et 12 mars dernier de nombreuses perquisitions ont été effectuées en France et en Algérie par la police, DST et PRG, sur une mission rogatoire du juge d’instruction de Tizi-Ouzou.
» La presse bien pensante qui tire ses renseignements chez la police avait affirmé que ces perquisitions s’inscrivaient dans le cadre d’une enquête sur les milieux nationalistes algériens.
» L’affaire qui avait été l’occasion de ces commissions rogatoires illégales et dans laquelle se trouverait inculpé le frère Achachi Mohammed d’atteinte à la sûreté de l’Etat et actuellement écroué à la prison civile de Tizi-Ouzou, datait de plus d’un mois.
» Rien ne souligne mieux l’arbitraire qui a présidé à la délivrance de ces commissions rogatoires.
» Cette affaire semble décidément se placer entièrement sous le signe de l’illégalité. En effet, les commissions rogatoires générales vont à l’encontre d’un arrêté de la cour de cassation en date du 12 juin 1952 qui en interdit leur délivrance parce que donnant lieu à des abus. C’est ainsi que plusieurs Algériens ont été arrêtés en Kabylie par la PRG et maintenus arbitrairement pendant plusieurs jours dans les locaux de la police, où ils ont subi des sévices graves avant d’être présentés devant le juge d’instruction de Tizi-Ouzou.
» Mais la police ne s’arrêta pas là.
» Le 9 avril 1954, d’autres perquisitions ont été opérées à Constantine, au local du MTLD ; à Bougie, au domicile et au magasin du frère Allaoua ; à Oran, chez M. Souiyah Houari, ancien adjoint au maire, et chez divers militants qui ont été arrêtés.
» Le même jour, d’autres perquisitions ont également eu lieu dans le département d’Alger.
» A Birkadem, chez le frère Raffa Mohammed, la PRG fractura la porte de son domicile alors qu’il était absent, sa femme enceinte a été bousculée, on procéda à son arrestation quelques heures plus tard à son lieu de travail.
» A Reibell, trois agents de la PRG se sont rendus à 3 h. du matin au domicile de Zitouni Mohammed, commerçant, pour perquisitionner chez lui et dans son magasin.
» A l’Arba, chez Briedj Mohammed, conseiller municipal.
» A Aumale, chez Lakhal Djelloul, qui a été arrêté. Il en est de même à St-Pierre-St-Paul où la police a procédé à des arrestations.
» A l’Alma, des perquisitions ont été effectuées chez Guedouari Chérif et Guedouari Boualem ; au Corso, chez Meddad Ahmed et Amoura Mohammed.
» Ces 3 derniers ont été arrêtés et conduits à Alger.
» Que prépare l’administration contre le Mouvement national ?
» Ces perquisitions et ces arrestations arbitraires que nous dénonçons, une fois de plus, à l’opinion publique, dénotent que l’administration veut créer une atmosphère trouble afin de préparer un nouveau complot contre le MTLD.
» Mais le peuple algérien, solidaire de son mouvement national, fera échouer, comme par le passé, cette nouvelle tentative des colonialistes.
» Le MTLD qui défend les véritables aspirations du peuple algérien à la liberté, poursuivra sa marche en avant, malgré tous les complots colonialistes. »