Article paru dans La Commune, organe central du Parti Communiste Internationaliste, n° 17, 27 mars 1936, p. 1
Cinquante années de mœurs parlementaires et de démocratie frelatée ont créé en France une situation de fait dont un parti révolutionnaire ne peut pas ne pas tenir compte.
La campagne électorale est désormais virtuellement ouverte, dans une confusion inextricable pleine de périls pour la classe ouvrière et paysanne, et sous le signe du Front Populaire va s’accomplir une escroquerie politique de large envergure qui ne déparera pas la lignée des précédentes campagnes, effectuées sous les signes successifs de l’Union Nationale, de Poincaré le Sauveur, du Bloc des Gauches ..
Nous ne verrions aucun inconvénient à ce que la prochaine promotion parlementaire fût baptisée : promotion du Front Populaire si la masse décisive des travailleurs de la ville et des champs, suffisamment instruite et aguerrie, avait eu la possibilité de se constituer en véritables comités de Front Populaire soucieux de contrôler ses élus, et capable de faire craquer la défroque parlementaire la démonstration étant faite que, quel que soit le signe sous lequel est élue une Chambre, c’est toujours la bourgeoisie qui exerce sa dictature.
Il n’en est rien. L’électeur, et aussi le non-électeur, vont assister au match Front National Populaire contre Front Populaire National, et applaudir l’équipe de leur choix qui aura mission d’appliquer à leurs dépens les lois répressives, les décrets-lois plus ou moins humanisés, les budgets de guerre et de famine … Et quelle que soit l’issue du match, c’est dans la classique confusion des Bleus et des Blancs, des Gauches et des Droites que chômage, misère, fascisme, guerre et piraterie coloniale continueront de sévir.
Les bureaucraties stalinienne et social-démocrate organisent donc la chasse à l’électeur dans les tirés du Front Populaire, et le puissant courant populaire servira à balayer les salles de vote et à charrier des programmes vaseux !
C’est pour hisser le drapeau de classe, le programme révolutionnaire qui guident vers les victoires décisives, c’est pour donner aux masses laborieuses le moyen de remonter le courant que nous abordons, nous aussi, la campagne électorale.
Nous sommes assez fiers de notre doctrine pour ce faire et pour dominer le marécage électoral sans craindre un enlisement. Nous irons aux élections partout où nos forces naissantes le permettront et sans nous préoccuper du résultat électoral immédiat.
Sur le mot d’ordre : Classe contre classe, avec tout ce qu’il contient d’organisation et de lutte, nous sonnerons le rassemblement des masses exploitées contre la bourgeoisie exploiteuse et contre ceux qui la servent.
Nous chercherons à gagner les suffrages ouvriers et paysans parce que chaque voix sur notre programme révolutionnaire, c’est l’embryon d’un îlot de résistance au courant chauvin et nationaliste
Nous nous désisterons au second tour devant le candidat prolétarien le plus favorisé, sans atténuer la violence de nos critiques, par unique souci de favoriser l’expérience des travailleurs qui auraient voté pour ce candidat.
ET SEULS DEVANT TOUS LES PARTIS POLITIQUES, NOUS N’OUBLIERONS PAS DANS LA CAMPAGNE ELECTORALE QUE L’ACTION CONTRE LA GUERRE, LA LUTTE CONTRE LES CANAILLES FASCISTES, L’ACTION DE CLASSE ET L’UNITE REVOLUTIONNAIRE SONT UNE NECESSITE QUOTIDIENNE.
Seuls aussi devant tous les partis politiques, nous n’irons pas seulement vers le travailleur qui vote, mais vers tous les travailleurs que le prétendu suffrage universel met hors la loi : La femme, le jeune, le soldat, l’immigré.
IL FAUT QUE LES PARIAS D’AUJOURD’HUI SOIENT, DEMAIN, LES MAITRES.
Il faut que, demain, la Chambre soit occupée par les délégués d’ouvriers, et les Conseils Paysans.
Notre mot d’ordre, répétons-le, sera : Classe contre classe, pour la marche au pouvoir !