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Michel Gérard : Du Front populaire… aux événements d’Afrique du Nord

Article de Michel Gérard paru dans Jeune Révolutionnaire, n° 3, août 1954, p. 8

L’Humanité du 6-7-54 et l’Observateur du 8 faisant état d’un éditorial de l’Algérie Libre (Organe du M.T.L.D.) intitulé : « La Crise Française », déplorent l’incompréhension des algériens, leur peu de logique et pour tout dire leur méfiance de cette gauche française qu’eux représentent.

Comme à l’assassinat de 40.000 algériens en 1945 dans le Constantinois n’avait pas été un sacrifice logique, alors que le bon peuple de France retroussait ses manches avec Maurice Thorez. Tous les bons français sont d’accord pour dire que vraiment ces algériens sont des ingrats.

Ecoutez l’éditorial de l’Algérie Libre :

« Si la gauche française nous a paru plus aimable et plus secourable, il
n’y a qu’à se souvenir des élans de 1936 et à ce qui en est advenu ».

Suit un jugement sur le gouvernement Mendès-France qui évidemment n’est pas fait pour plaire à nos hommes de gauche.

« D’aucuns se réjouiront de l’avènement d’un gouvernement de douceur à la Mendès-France ou Mitterrand… En ce qui nous concerne même ces « colonialistes éclairés » qui nous considèrent comme « l’âme et la substance » de la France ne pensent à mettre un terme à la guerre d’Indochine que pour rassembler leurs forces éparses contre nous et nos revendications les plus anodines ».

Décidément la révolte des peuples coloniaux ne s’accommode pas de la logique subtile du P.C.F. « qui est si souvent (et encore récemment) inquiété pour son action anti-colonialiste ». On fait sans peine le compte des magnifiques grèves qu’il déclenche pour soutenir la lutte des prolétaires indochinois, tunisiens, marocains et algériens.

Cette opinion d’Algérie Libre serait-elle le fait d’un éditorialiste mal renseigné ?

Oui, qu’en est-il advenu des élans de 36 et qu’en adviendra-t-il de ceux suscités par Mendès-France ? Mais notre gauche qui a si souvent les yeux doux pour l’Angleterre quand celle-ci fait une risette commerciale à Mao-Tse-Tung, notre gauche prête à la relève se contenterait sans doute d’une démocratie de type travailliste, même si cela devait se réaliser au dépens des algériens et autres Mau-Mau.

Et puis qui donc n’est pas gauche en France, depuis le grand bourgeois radical jusqu’à l’intellectuel confortablement installé dans le marxisme ?

Il faut bien tirer la conclusion. Depuis le Front Populaire, ce qui ressort des expériences de la gauche française depuis 36, c’est l’échec de la politique de collaboration de classe qui en France même conduit à la trahison des intérêts de la classe ouvrière et exige qu’aucun soutien ne soit apporté aux prolétariats coloniaux en lutte.

Dans un proche avenir, Travailleurs français et algériens jugeront comme il se doit cette politique qui trahit les objectifs révolutionnaires. Ils sauront reconnaître en masse la F.C.L, comme la seule organisation révolutionnaire.

Camarades jeunes, travaillons à faire reconnaître notre Fédération sur les chantiers, dans les usines, les bureaux, les champs.

Face à l’exploitation et à la répression policière et fasciste qui s’étend sur le monde lançons notre mot d’ordre : « LUTTE DE CLASSE SANS TREVE, 3ème FRONT PROLETARIEN INTERNATIONAL »

Michel GERARD.

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