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Incidents entre militants des deux tendances du MTLD

Article paru dans Alger Républicain, 4 septembre 1954 ; « Règlements de comptes dans les rues d’Alger », La Dépêche quotidienne, 4 septembre 1954 ; « Menteurs et provocateurs » et « Incidents à Philippeville entre militants des deux tendances du M.T.L.D. », Alger Républicain, 5-6 septembre 1954

Des incidents ont éclaté hier, avenue Malakoff, entre militants des deux tendances du M.T.L.D. Les heurts se sont produits à l’occasion de la sortie d’un nouveau journal, « La Nation Algérienne », dont le directeur est M. Lahouel Hocine.

Quelques incidents ont également eu lieu près de la cathédrale et dans le quartier de la rue de la Lyre.

Les progressistes de toutes tendances déploreront vivement ces incidents qui ne peuvent servir la cause commune de tous les Algériens épris de liberté et de progrès.


Règlements de comptes dans les rues d’Alger

A 13 h. 30, avenue Malakoff
Deux bandes rivales se « fusillent » et se volatilisent avant l’arrivée de la police

A 19 h. 30, devant la Cathédrale
Violente bagarre entre « messalistes » et vendeurs du journal du parti M.T.L.D.

Officiellement, aucun blessé n’a été relevé

Au début de l’après-midi d’hier, vers 13 h. 30, une bagarre aurait éclaté avenue Malakoff, opposant deux bandes rivales. D’après plusieurs témoins qui assistèrent à l’échauffourée, les antagonistes qui avaient commencé à s’expliquer aux poings auraient ensuite sorti leurs couteaux pour finalement se « canarder » à coups de revolver.

La police du 5e arrondissement aussitôt alertée se rendait sur les lieux où s’était déroulée la bagarre, mais les combattants n’y étaient plus. Ils s’étaient volatilisés sans demander leur reste.

Il paraîtrait, toujours d’après des personnes qui se seraient trouvées là, qu’il y aurait un blessé.

Coïncidence (?) : une demi-heure après vers 14 heures, un homme atteint de plusieurs coups de couteau et amené en voiture par des amis, était hospitalisé à Mustapha. Alors, que faut-il penser de cette mystérieuse fusillade et des hommes qu’elle opposait ? Les enquêteurs vont s’efforcer de le déterminer.

Il est d’ailleurs fort possible que cette bagarre ait été le prologue des incidents qui se sont produits dans la soirée devant la Cathédrale.

J.- R. B

La bagarre de la Place Lavigerie

Après les incidents mystérieux de l’avenue Malakoff, la place Lavigerie, a été vers 19 h. 30, le théâtre de nouvelles bagarres provoquées par les partisans des deux tendances qui ont vu le jour récemment au sein du parti M.T.LD.

En effet, bien que le comité directeur de ce parti ait envoyé une mise au point parue dans notre quotidien le 2 septembre, il faut croire que la scission existe bien car « Alger Républicain », hier matin expliquait à ses lecteurs la crise qui sévissait actuellement au sein de ce parti, crise provoquée par Messali, d’après les dires du comité directeur du M.T.L.D.

Ce dernier parti, donc, sortait hier un nouveau journal « La Nation algérienne » qui fut vendu par les dirigeants eux-mêmes. Les « Messalistes » intervinrent et les événements de la semaine dernière se reproduisirent. Les incidents commencèrent tout d’abord à hauteur du 25 de la rue de la Lyre puis reprirent quelques instants plus tard sur la place Lavigerie, où les vendeurs de « La Nation Algérienne » furent molestés. Parmi les vendeurs Se trouvait Me Kiouane, adjoint au maire membre du comité directeur du M.T.L.D. et M. Hocine Lahouel, secrétaire général de ce même mouvement. Il n’y a aucun blessé du moins officiellement, car personne ne s’est présenté pour être soigné. Il est probable que les vendeurs qui furent aux prises avec les « Messalistes » descendus de la Casbah ont préféré garder l’anonymat. L’arrivée des motocyclistes de la police suffit, d’ailleurs, à rétablir le calme, les manifestants disparaissant comme par enchantement.

Il est assez curieux de noter, d’ailleurs, que notre confrère « Alger Républicain » a été victime, lui aussi, des partisans de Messali puisque, hier matin, à la sortie de ce quotidien, les messalistes ont essayé de le boycotter en empêchant les vendeurs de faire leur travail. Il a fallu l’intervention de la police, à la demande d’ « Alger Républicain », lui-même, pour que la vente puisse se continuer librement.

P. B.


Menteurs et provocateurs

Les incidents regrettables qui se sont produits à Alger ces jours derniers, et plus particulièrement vendredi, entre les partisans des deux tendances du M.T.L.D. sont exploités, il va sans dire, par les colonialistes à tous crins et en premier lieu par la « Dépêche Quotidienne ».

Dans son numéro de samedi, le journal de M. Borgeaud publie en effet sur trois colonnes un article qui amplifie à dessein les incidents de vendredi et qui tente, comme à l’accoutumée, de diviser et de salir les militants progressistes algériens.

Par la même occasion, la « Dépêche Quotidienne » déverse ses calomnies sur notre journal, montrant par là qu’elle sait bien le rôle essentiel joué par « Alger républicain » pour l’union de tous les Algériens. C’est ainsi qu’on y fait état d’un prétendu appel d’ « Alger républicain » à la police pour « protéger sa diffusion ». Ces grossiers mensonges ne tromperont personne.

Tous les Algériens épris de progrès et de liberté et qui savent reconnaître leurs ennemis, regretteront de tels incidents, soucieux qu’ils sont de poursuivre la réalisation de leurs aspirations les plus chères.


Incidents à Philippeville entre militants des deux tendances du M.T.L.D.

PHILIPPEVILLE (d.n.c.p.) –

Des incidents ont éclaté hier matin à Philippeville entre des diffuseurs du nouvel organe hebdomadaire « La Nation Algérienne » et de « L’Algérie Libre » dans les rues de France et de St-Augustin.

Plusieurs militants auraient été blessés, dont 3 seraient en traitement à l’hôpital.

Il est à noter la promptitude avec laquelle les CRS en armes sont arrivés sur les lieux et ont aussitôt formé un barrage en pleine rue Clémenceau.

Cela indique clairement que l’administration entend exploiter au maximum de telles choses pour faire une démonstration de force avec les CRS stationnés à Philippeville en permanence. Aussi, les passants qui s’étaient rassemblés en nombre ont-ils commenté ces incidents avec amertume.

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