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Bachir Hadj Ali : A propos de la scission du M.T.L.D.

Editorial de Bachir Hadj Ali paru dans Liberté, 12e année, n° 590, 7 octobre 1954, p. 1

Clarifier les problèmes, c’est faciliter le rapprochement entre patriotes

EN publiant la résolution du Bureau politique du P.C.A., « Liberté » a donné la semaine dernière l’opinion des communistes sur la scission au sein du M.T.L.D., et les raisons politiques qui sont, à notre sens, à l’origine de cet événement.

Notre parti se devait de donner son avis. Car s’il est vrai que la scission au sein du M.T.L.D. est l’affaire intérieure d’un parti, il n’en reste pas moins que ses répercussions dépassent le cadre de ce parti et que ses enseignements intéressent tout le mouvement national, tous les patriotes.

Par ailleurs, comme le souligne le document de notre Bureau politique :

« Le Parti communiste algérien apprécie les hommes et les groupements à partir de leur attitude vis-à-vis des problèmes qui se posent devant notre peuple et dans le monde.

Il n’a pas à prendre position pour une tendance du M.T.L.D. contre l’autre. Il ne peut non plus rester indifférent devant cet événement politique. Son attitude demeure conforme à ces deux considérations permanentes :

1) Il veut réaliser l’union avec tous les partis, organisations et personnalités qui luttent effectivement contre le colonialisme, car l’union sans exclusive est une condition décisive de la victoire de notre peuple.

2) Il conserve sa liberté de critiquer toutes les positions – quels qu’en soient les auteurs – qu’il juge non conformes aux intérêts du peuple algérien et de la lutte anti-impérialiste. Sans considération de personnes ni de parti il soutient toutes les positions progressistes qui servent le peuple. »

Nous avons toujours été fidèles à cette règle de conduite. Nous le resterons.

Ainsi, nous manquerions à notre devoir de patriotes si nous passions sous silence, sans les critiquer, les idées exprimées cette semaine encore dans « L’Algérie Libre » sur la réalité algérienne.

L’organe de la tendance groupée autour de Messali écrit en effet :

« Puisque, après plus de cent ans d’occupation, les intrus ne se sont pas fondus dans la masse algérienne et que visiblement ils n’en prennent pas le chemin, puisque ce sont souvent des fuyards de leur patrie d’origine et des contempteurs de leur patrie d’adoption – c’est-à-dire doublement apatrides – a-t-on le droit de leur concéder la qualité de minoritaires ? »

Comment ne pas voir que cette façon de poser le problème des Européens d’Algérie n’est pas juste ? Comment ne pas voir que, dans un langage pour le moins déplacé, cette façon d’opposer les Algériens sur le plan racial et non sur le plan des exploités de toutes origines contre les exploiteurs, aboutit qu’on le veuille ou non à encourager la division, voulue et entretenue par l’Administration colonialiste ? Comment ne pas voir, dans ces conditions, que cette position qui ne tient pas compte de la réalité ne peut qu’alimenter le chauvinisme de part et d’autre, et qu’elle ne va pas dans le sens des intérêts de l’Algérie ?

Pourtant, ces idées périmées, le IIme Congrès du M.T.L.D. d’avril 1953 (les deux tendances actuelles y étaient nécessairement représentées) les a implicitement condamnées. En effet, on lit dans la résolution générale adoptée à ce Congrès :

« En ce qui concerne la minorité française, il (le Congrès) :

– reconnaît à cette minorité le droit de cité en Algérie ;

– considère dans l’ « Etat algérien indépendant les Français d’Algérie comme Algériens ayant les mêmes droits et soumis aux mêmes devoirs que les Algériens d’origine. »

Soucieux de ne pas laisser le mouvement national algérien entravé dans son développement par certaines étroitesses, soucieux par conséquent, de l’aider à acquérir une véritable conscience révolutionnaire, nous ne pouvons pas ne pas relever et combattre politiquement cette position de « L’Algérie Libre », non par désir de polémique, mais pour clarifier les problèmes.

Précisément nous demandons à tous les patriotes, à tous les démocrates, de lire attentivement la résolution de notre Bureau politique, d’en discuter, de nous donner leur avis sur son contenu. C’est dans la mesure où les problèmes sont clairs que le rapprochement est facilité entre les patriotes, en vue d’aboutir dans l’action au désir populaire : l’union.

A ce sujet :

« Le Bureau politique du PCA estime que ce qui peut affecter tel parti ou telle organisation ne doit en aucun cas freiner la marche de l’ensemble du mouvement national. La lutte doit se poursuivre en se développant. L’union doit se forger dans l’action des masses populaires.

« Donc c’est l’action unie en vue de forger l’union nationale et satisfaire aux besoins et aspirations de notre peuple qui doit préoccuper chaque patriote ».

La résolution de notre Bureau politique formule des propositions et des moyens d’action susceptibles de constituer une base solide de discussion, à améliorer, à enrichir, à critiquer s’il y a lieu, pour faciliter la réalisation de cette union.

Dans la période présente, l’activité quotidienne des communistes dans tous les domaines tend à forger cette union dans l’action, autour des revendications immédiates et à venir des masses populaires.

Par Bachir HADJ ALI
secrétaire du P.C.A.

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